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Un jour, la prof d'éthique de Eden l'avait interrogée, lui demandant d'exprimer ses pensées sur la vie. Eden qui était, à cette époque, très solitaire et froide – ce qui ne changeait pas vraiment d'aujourd'hui, voir pas du tout – n'avait pas envie de répondre. Mais devant ces paires d'yeux qui la scrutaient en attendant une réponse, elle devait bien se résoudre à le faire. Alors par une voix plate et sans conviction elle parla ; « Des pensées ne sont-elles pas censées rester des pensées ? Des choses que nous ne disons pas à haute voix, des avis personnels ? Mais puisque vous voulez tant une réponse, je vais vous la donner. Pour moi, la vie est comme un spectacle de marionnettes dont le destin, si je puis dire, tire les ficelles. Ce matin, je me suis réveillée en retard d'exactement trois minutes et cinq secondes, et par la suite, je ne trouvai pas mon téléphone. J'ai perdu dix minutes pour le chercher. En descendant les escaliers, j'ai bousculé une dame, cela m'a prit trente secondes pour ramasser son sac et m'excuser. J'ai du courir dans la rue, mais cela ne me faisait guère gagner de temps. Un petit garçon avait décidé d'aller acheter des bonbons à la boulangerie, mais la boulangère n'avait pas rempli le stock de bonbon, et a du prendre cinq minutes pour le faire, et le petit a choisis ses bonbons en deux minutes. En sortant, il m'a foncé dedans, me faisant perdre un autre minute car il pleurait. A cause de ces trente-et-une minutes et trente-cinq secondes insignifiantes mais pourtant précieuses, j'aurai pu ne pas rater mon métro et ne pas arriver en retard au premier cours de la journée. En résumé, si je m'étais réveillée à l'heure, que j'avais mis mon portable là où il était habituellement, je n'aurai pas croiser cette dame. Si la boulangère n'avait pas oublié de refaire le stock de bonbons à cause de ce qu'elle venait d'apprendre, car oui, elle était enceinte, le gamin ne serait pas sortit en même temps que moi, et ainsi, j'aurai pu prendre le premier métro et éviter les corvées que j'ai à faire. Sauf que tout cela s'est passé, car c'était écrit. Et on ne peut pas changer ce qui est déjà écrit. C'est impressionnant comme la vie peut changer à cause d'une parole, d'un objet, d'une personne, en même pas une seconde, mais en aucun cas une chose écrite ne peut s'effacer. Je n'aurai pas rencontrer cette dame, je l'aurai rencontrer en rentrant des cours. Je n'aurai pas percuter ce gamin, je l'aurai percuté au parc. C'est un enchaînement d'actions inévitables, un scénario de fil dont nous sommes le personnage principal. La vie est comme un château de carte qui s'effondre au moindre souffle, au moindre coup de vent. ( tmtc HugForVMinYoon ) L'humain est si nuisible qu'il en est devenu faible. Une goutte de poison, une détente, un gaz, une dague. C'est marrant comme la vie est difficilement donnée mais facilement reprise. Mais ceci est une autre histoire. Nous ne parlons pas de la mort, mais de la vie, alors à moins que vous n'ayez une question à me poser sur ce sujet, j'ai terminé. »

Eden était l'une de ces personnes qui pensait et réfléchissait énormément. Contrairement aux autres qui penseraient au programme du lendemain, ou au film qu'ils allaient regarder le soir-même, Eden, elle, se demandait comme la vie pouvait être ainsi. Comment une si petite chose pouvait changer tout ce livre écrit.

- A quoi tu penses ?

Cela faisait une vingtaine de minutes que les deux hackers étaient dans la salle de contrôle dans le but d'affiner le système de sécurité. La salle était blanche, et sur le mûr central trônait des écrans, montrant les pièces principales de l'appartement, la porte de devant et celle de derrière. Eden était au côté gauche, Jimin au côté droit. Mais il y avait tout de même une règle à respecter : Aucun ne devait toucher au matériel de l'autre.
Eden allait répondre, mais soudainement, les faisant sursauter, une lumière rouge s'alluma, enveloppant la pièce, et une alarme se déclencha. Ils se tournèrent vers l'écran du milieu, celui de la porte d'entrée. Jimin fit rouler sa chaise jusqu'à lui et observa la scène attentivement. Eden fronça les sourcils, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur portable. Namjoon déboula dans la pièce dans un grand fracas et accourut derrière Jimin. Sur l'écran, un homme aux cheveux noirs se tenait devant la porte, regardant autour de lui, se penchant sur la pointe des pieds de temps à autre. Il portait une combinaison bleue marine et des sortes de bottes noires.

𝑫𝑨𝑵𝑮𝑬𝑹𝑶𝑼𝑺 𝑳𝑶𝑽𝑬. (KIM NAMJOON) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant