OS n°3 - Drago Malefoy & Luna Lovegood

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La neige. Je n'ai jamais aimé la neige. Je n'ai jamais apprécié le froid. Je n'ai jamais toléré l'hiver. Pas plus que je n'aime l'été. Le soleil d'été est à mes yeux aussi tranchant que le froid de l'hiver. Tout autour de moi est recouvert de blanc, et d'autres particules de neige, plus petites, volent dans les airs avant de toucher le sol et de recouvrir celle déjà présente.

Je n'ai pas froid. Je n'ai pas chaud. Tout est inversé. Le temps est hors contrôle, l'univers tout entier perd pied. Nous n'avons plus rien pour nous accrocher. Plus d'espoir, d'attente. Seulement des doutes, des craintes. Tout fout le camp. Et la neige, elle, continue de tomber. Dehors, tout n'est que blanc. À l'intérieur, tout est plus sombre. Où est passé ce que nous avons toujours connu ? Ce que j'ai tant renié, évité ?

Les horloges ne sonnent plus comme avant. Les sourires, les rires disparaissent. Et j'en viens presque à les regretter. Un putain de bordel, voilà dans quoi nous sommes. La loi du plus fort prend le contrôle. Ne l'ai-je pas tant espéré ? Les plus petits pleurent, les plus âgés s'accrochent. Les autres s'obstinent. Je m'obstine. Elle s'obstine. Tout le monde finira par y passer.

Je n'ai pas peur. Non. Je ne crains pas la suite. Je ne crains pas leurs baguettes. Je sais qu'elles ne seront pas pointées sur moi. Je brille par ma lâcheté, par mon manque de courage. Je ferme les yeux pour ne pas voir le monde dans lequel nous sommes maintenant. Je laisse faire. Je déambule sans lever un sourcil. Qu'y a-t-il à faire, de toute manière, maintenant que l'inévitable est arrivé ?

La peur. Le froid. La violence. La lâcheté. Le pouvoir. La puissance. La crainte. Le désespoir. Le chaos. L'horreur. Tel est le monde dans lequel nous sommes désormais en train d'évoluer. Ce monde auquel il m'est arrivé de croire. Mais maintenant, je ne crois plus en rien. Ni en la vie ni en la mort. Pas même à l'espoir. Je ne crois plus en elle, parce qu'il n'y a plus rien à croire. Nous sommes arrivés à un point de non-retour.

Du jaune. Je ne demande que du jaune. Pas l'un de ces jaunes éclatants qui me donnent la nausée. Non. Un jaune pâle. Mais lumineux comme les blés. Je n'exige que ça. Je n'exige qu'elle. Je ne demande même pas la paix ni le retour à la vie que nous avions avant. Non. Je veux cette satanée touche de couleur au milieu de tout ce blanc qui m'entoure. Au milieu de tout ce noir qui m'ensevelit.

Dumbledore est tombé. Voldemort monte en puissance. Poudlard n'est plus tout à fait Poudlard. Rogue pense avoir le contrôle, mais ce sont les Carrow qui mènent la danse. Des première année sont dans les cachots, ne pouvant même pas voir que la neige a commencé à tomber et qu'elle a tout enseveli sur son passage. Non, ils ne savent pas. Ils attendent. N'importe quoi. Le retour miraculeux de Dumbledore. Le sauvetage mené par Potter. N'importe quelle main secourable.

Dumbledore n'est plus, et je suis en partie responsable de ce chaos. J'ai causé la perte de cette école que je détestais tant en me chargeant de cette armoire à disparaître. En ouvrant les portes aux personnes du clan auquel je fais parti. J'excelle dans l'art de faire semblant. Faire semblant de ne pas entendre les cris. De ne pas voir les visages crispés. De ne pas sentir leurs regards haineux posés sur moi.

Je n'ai pas toujours fait semblant. Non. J'ai longtemps cru en cette idéologie, en cette loi du plus fort que j'essayais d'appliquer durant mes précédentes années au château. Puis, quelque chose a changé. Je me suis mis à voir d'autres couleurs que le noir. J'ai exploré de nouveaux horizons. J'ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas. Une brève lueur d'espoir.

Il n'a pas suffi de grand-chose. Ça s'est passé en sixième année. Avant que tout n'explose. La mission reposant sur mes épaules était trop lourde. Comment un type comme moi, pas même foutu de mettre une raclée à Potter, pouvait-il tuer Dumbledore ? Assailli par les doutes et peut-être même un début de remords, j'allais un peu trop souvent au sommet de la tour d'astronomie, pour fuir mes responsabilités. Fuir, comme je l'ai toujours fait.

ONE SHOT - HARRY POTTEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant