ONE SHOT - HARRY POTTER

OS n°4 - Harry Potter & Erin Mathewsen

*

Tout le monde connaît Harry Potter. Tout le monde a déjà entendu parler de lui.
Harry et son courage. Harry et sa bravoure. Harry et toutes les épreuves auxquelles il a déjà dû faire face.
Harry n'est pas un cas à part, bien sûr, d'autres noms sont souvent cités.

Hermione Granger, pour son intelligence.
Ron Weasley, le meilleur ami de l'élu.
Drago Malefoy, pour sa famille sombrement connue.
Neville Londubat, pour sa maladresse.
Les jumeaux Weasley, pour leur magasin de farces et attrapes.
Cédric Diggory, pour son âme.

Ce sont, inlassablement, les mêmes noms qui reviennent. Les mêmes noms que l'on murmure, que l'on prononce à voix basse. Les mêmes noms, qui peuplent les couloirs de l'école. Les mêmes noms, qui sont omniprésents.

Mais qu'en est-il des autres ?
Poudlard n'est pas composé seulement d'une poignée d'élèves triés sur le volet.
Poudlard n'est pas que Harry Potter, Hermione Granger, Ron Weasley, Drago Malefoy, Neville Londubat...
Mais Poudlard restera inlassablement Cédric Diggory.
Et personne n'a le droit d'enlever Cédric Diggory à Poudlard.

Tous ces autres, dont les vies sont mises sous silence, qu'en advient-il ?
Que font-ils, où vont-ils, qui aiment-ils ?
Qu'en est-il des autres ?
Qu'en est-il de moi ?

Je m'appelle Erin Mathewsen, et mon nom ne résonnera jamais dans les murs du château avec autant d'éclat que résonne celui d'Harry Potter.
Pire encore, Harry Potter ne saura jamais à quel point je suis tombée amoureuse de lui.

***

Ma première année à Poudlard a été semblable à celle de beaucoup d'autres. Venant d'une famille de moldue, la lettre apportée par un hibou avait  été synonyme d'effroi. En me rendant compte de ce qu'il m'attendait, j'étais terrifiée. Partir si loin de mes parents pour apprendre la magie me semblait impensable. Totalement stupide. Effroyablement angoissant.

Sur le quai de la gare, un homme portant un chapeau melon nous avait indiqué qu'il fallait passer à travers le mur pour rejoindre la voie  indiquée sur mon ticket de train. Incroyablement stupide. Et horriblement vrai. La séparation avec mes parents fut un déchirement, moi qui ne les avais jamais quittés plus de quelques jours. Dans le train, je paniquais intérieurement, et j'ai partagé mon wagon avec un autre élève de première année. C'est à peine si nous avons échangé trois  mots.

J'ai vécu mon arrivée à Poudlard comme le vivrait n'importe quel enfant de onze ans. Je suis passée de la stupeur à l'effroi, de l'excitation à la panique, de la joie à la peine, de l'appréhension au soulagement. Le passage du choixpeau magique fut une véritable épreuve à mes yeux. Un peu plus tôt, un élève roux avait murmuré à un petit brun à lunettes que nous allions peut-être devoir affronter un dragon.

Le Choixpeau n'était pas un dragon, mais il me terrifiait. Quand mon tour est venu, j'ai essayé de ne pas penser aux regards posés sur moi tout en  me concentrant pour ne pas tomber. Quand le choixpeau s'est posé sur ma tête, je l'ai entendu me parler. Finalement, il a annoncé à toute  l'assemblée que ma place se trouvait chez les Poufsouffle et j'ai été accueillie avec des applaudissements, les jambes en coton.

Peu de temps après, le petit garçon aux lunettes était passé. Quand le professeur à l'allure sévère avait prononcé distinctement son nom, un nuage de murmure s'était élevé dans la salle et je n'avais pas compris pourquoi il suscitait autant d'engouement et de messes basses. Je me suis penchée vers le jeune garçon à côté de moi qui regardait l'élève à lunettes d'un air admiratif, et je lui ai demandé s'il le connaissait. Tout le monde le connaît, c'est Harry Potter, m'avait-il répondu. Je  savais qu'il était Harry Potter, puisque le professeur l'avait appelé par son nom, mais je ne savais pas ce qu'il avait fait pour être connu de tout le monde.