II

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Depuis notre enfance, on nous bassine de beaux princes charmants plein de tune et franchement stylés.

Mais plus on grandit, moins on en veut de ce prince charmant si parfait. Ce que l'on veut, par dessus tout, c'est un amour qui nous transcende, qui remue nos entrailles, qui nous fait souffrir tellement on en a besoin.

J'aimerai pouvoir dire que j'échappais à la règle mais pas du tout, je voulais désespérement ça tout en faisant la désabusée, celle qui est lassée par le monde qui l'entoure, celle qui pense avoir vu tout ce que la planète Terre avait à lui offrir.

J'étais naïve, peut-être même un peu stupide. Je n'avais pas vu un centième de ce que ce monde pouvait m'offrir. Il me l'a appris, avec le temps.

Le monde dans lequel je vivais était la facette la plus mauvaise de ce qu'était l'univers. Ma vie avec lui était la facette la plus magique de ce qu'est l'univers.

Aujourd'hui, je regrette tellement tout ce temps que j'ai perdu à croire que j'étais au dessus de tout, à croire que je savais tout, que j'avais tout vu. J'étais une petite prétentieuse incapable de voir au delà de son petit monde de paillette.

Il n'était pas comme moi, et je crois que c'est pour ça qu'il me déplaisait autant au départ.

Il était .. insupportable. J'aimerai pouvoir dire qu'il était charmant, drôle et très avenant mais il était quasiment l'opposé de cette vision.

Il était indécent et indécis, il ne voulait jamais la même chose, il avait un humour plus ou moins douteux et il se foutait royalement de qui j'étais.

Ce jour-là, dans ce foutu parc que j'ai fini par haïr au fil des années, il ne m'avait même pas adressé un regard, il était resté derrière ses lunettes de soleil qui me faisait me sentir totalement transparente.

Pour les filles comme moi, les petites prétentieuses insupportables j'entends par là, c'était la pire sensation au monde, se sentir transparente.

J'avais pris l'habitude d'être le centre de l'attention et dans mon délire narcissique et égocentrique, j'en avais oublié que le monde ne tournait pas autour de ma petite personne.

Le moindre de mes petits soucis devenait pour moi une affaire d'état et le monde devait s'arrêter de tourner tant que ça n'allait pas mieux. Et mes " amis " jouaient le jeu. Quelle bande d'hypocrites.

Mais lui il n'était pas comme ça et il m'a fait me rappeler que le monde continuait de tourner lorsque je perdais mes boucles d'oreilles préférées, que des gens dans le monde souffraient, que mes petits malheurs n'intéressaient en réalité personne.

J'étais tellement nombriliste que j'avais fini par oublier l'existence des autres, je les considérais comme des meubles dans ma vie. Quand j'y pense, je me déteste et je comprends pourquoi il m'a détestée la première fois qu'il m'a vue.

Il n'était clairement pas mieux ceci étant dit. Il n'en avait rien à faire du petit public, je n'étais qu'un petit caillou sur sa route. C'est la pire sensation au monde et aujourd'hui je tiens à m'excuser si par ma faute des personnes que j'ai connu ont ressenti ça. Pardon.

Je crois que lorsqu'il m'a ignorée dans ce parc, quand je me suis sentie tellement frustrée par cet inconnu malpoli, il avait déjà commencé à changer ma vie, à mon insu.

Aujourd'hui, je donnerai tout pour qu'il pose encore une fois ses jolis yeux bleu-vert sur moi, encore une fois, juste une seule.

Mais la réalité est tout autre. Il ne m'a jamais regardée, pas comme j'aurai pu l'espérer la première fois que je l'ai vu en tout cas.

Le regard a beaucoup trop de pouvoir et j'en étais l'esclave.

She was smilingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant