Chapitre 4 : Les nuits blanches...

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« Allez, debout là-dedans ! » clame Erza de bon matin.
Je me réveille, les côtes broyées par le coude de Grey, ma main aplatissant son joli minois, les yeux gonflés par la fatigue.
Cette première nuit à dormir côte à côte n'était pas vraiment une réussite. C'était même un échec total. Mais nous n'avions fait que dormir, ce n'était donc pas un problème. De plus, les autres n'étant pas au courant - à part peut-être Jellal - il valait mieux rester discret.

Il sort le premier, pendant que je me repasse les images de la veille dans la tête. Il faudra qu'on reparle un peu plus tard de tout ça.
Je m'habille, sors de la tente et rejoins tout le monde afin de petit-déjeuner. Erza est allée cueillir quelques fruits à l'aube mais je n'ai pas vraiment faim.

« Bah alors, Kannapêche ? Tu ne manges pas ? se moque Natsu.
- J'avais envie mais te voir dès le réveil m'a coupé l'appétit, aboyé-je.
- Tu devrais prendre des forces, me conseille-t-il. Ce n'est pas avec ton frêle corps que tu vas nous être utile...
- Si tu veux rester en vie, je te recommande fortement de te taire, s'implique Grey.
- Depuis quand le sort de Kanna t'intéresse autant ? demande Lucy, qui jusque là restait silencieuse.
- Euh... D-Depuis toujours. C'est normal, nous sommes amis, se justifie le glaçon, non sans peine, ce qui fait ricaner Jellal.
- Dans tous les cas, mon alimentation ne regarde que moi, clôturé-je la discussion. Vous inquiéter est inutile, étant donné que je suis en - très - bonne santé. Ce qui me préoccupe, personnellement, c'est le motif de notre venue ici ».

Natsu et Lucy sont tout à coup embarrassés. Erza détourne le regard, Happy se met à rogner les arêtes du poisson qu'il vient d'engloutir et Jellal triture le haut de sa cape.
« Vous êtes sûrs de vouloir le savoir ? reprend Natsu.
- Il faudrait quand même qu'on aie connaissance de ce dans quoi nous nous sommes engagés, souligne Grey.
- D'accord, capitule la Salamandre. On vous a amenés ici dans le but de découvrir l'identité du mystérieux mage de glace ayant tué Juvia ».
Je prévois la suite des événements en plaçant l'une de mes mains derrière la nuque et l'autre derrière le dos de Grey. Étant donné que nous faisons la même taille, il est plus facile pour moi de le contrôler. J'ordonne aux autres de partir et prends Natsu à part.
« T'es malade ou quoi ? Ses plaies cicatrisent tout doucement et tout ce que tu fais, c'est les ouvrir à nouveau ! m'affolé-je.
- Écoute Kanna, se rembrunit Natsu. J'essaye de lui faire trouver la paix intérieure, la connerie avec laquelle tu me rebattais sans cesse les oreilles. Donc ne t'interpose pas en travers de son chemin ».

Mon énervement contre Natsu prend le dessus sur notre amitié et je le blesse avec Fairy Glitter, le rayon lumineux que j'avais obtenu lors de l'examen pour devenir mage de rang S à Tenrô, sur la tombe du premier maître, Mavis, et qui m'a permis d'exploser le compteur de points aux Grands Jeux Intermagiques. La plaie de son bras droit saigne abondamment, mais plutôt que de m'excuser platement et de le soigner, je lui assène un violent coup de pied dans les côtes avant de lui dire d'un air menaçant :
« La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois plutôt qu'une, Natsoupe ».

Ceci étant fait, je m'enfonce dans la forêt afin de me calmer. Je me sens tellement mal pour Grey...
Mais une partie de moi - plus égoïste - aimerait que Juvia reste un lointain souvenir. C'était tellement dur de l'entendre dire pendant des années que malgré son indifférence, il n'avait d'yeux que pour elle et envisageait son avenir avec elle.
Maintenant que j'ai réussi à le prendre dans mes filets, j'aimerais être celle dont il a toujours voulu et rêvé.
Ma balade forestière n'ayant eu que pour effet de m'attrister, je me déshabille et me baigne dans le ruisseau. Le froid pénétrant ma peau a pour propriété de m'apaiser. J'ai à peine le temps de me retourner que je me retrouve nez à nez avec Erza.
« Décidément, on se croise toujours au mauvais moment, dit-elle.
- Tu es toujours là au mauvais moment, corrigé-je. Où est Jellal ?
- Il est parti pour une mission de quelques jours. Un truc à régler avec son organisation clandestine, La Sorcière Criminelle, ça ne devrait pas durer longtemps.
- Puisqu'il est parti, ça ne te dérangerait pas de dormir dans la tente individuelle ? quémandé-je.
- C'est-à-dire que je tiens à mon petit confort, réfléchit-elle tout haut.
- Mais Grey et moi s... ».

Elle rit d'un ton léger. Le genre de rire aussi mélodieux qu'une composition classique.
« Jellal te l'a dit ? supposé-je.
- Il n'a pas eu besoin de gaspiller sa salive pour ceci, les regards que tu lui lances l'ont fait pour moi ».

Et moi qui pensais avoir l'air insensible. « Le cœur de pierre », qu'ils m'appelaient. On dirait bien que Grey a réussi à le réchauffer, malgré son titre de mage de glace.
Erza sort donc du ruisseau puis se revêtit avant d'aller chercher de quoi manger avec Lucy. Je reste encore quelques heures avant de sortir et de m'envelopper dans une serviette. Je me sèche près du feu et prends de la nourriture pour Grey.
Il est allongé sur l'herbe depuis de longues heures, les joues mouillées de larmes - comme la dernière fois à la guilde - et les bras couverts de plaies.
« Grey ! m'écrié-je. T'es-tu infligé ça tout seul ? ».
Il reste silencieux pendant quelques minutes mais je peux lire de la honte et du dégoût dans ses pâles yeux bleus, qui d'habitude semblent si sombres.
Je l'aide à se relever doucement avant de le conduire au campement. Dans les affaires, je cherche de quoi désinfecter ses plaies. Grâce à ma surconsommation d'alcool, je trouve rapidement. La plupart ne sont pas particulièrement profondes, des pansements suffiront. En revanche, une se situant sur son poignet droit attiré mon attention plus que les autres. Elle est petit mais assez profonde. J'attrape la trousse de premiers secours et prends une aiguille, du fil, des agrafes et de la colle.
« Tu vas devoir serrer les dents, Graychou ».

J'arrive à lui redessiner un léger sourire grâce au surnom ridicule que je viens d'employer.
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Une fois la couture finie, je lui sers un verre de whisky et décide d'avoir une discussion sérieuse.
« Pourquoi te torturer alors que tu n'y es pour rien ?
- Ça m'aide à penser à autre chose, confesse-t-il. La douleur me permet d'oublier.
- Ce n'est en aucun cas une solution. On est là pour toi, tu le sais ? » (moi, plus que les autres).

À vrai dire, je n'attends pas réellement de réponse, il le sait au fond de lui.
La partie la moins agréable arrive après. Il refuse de s'alimenter correctement ou de boire quoi que ce soit en hormis l'alcool.
« Ne te laisse pas mourir, il te reste encore plein de belles choses à vivre », martelé-je afin qu'il change d'avis.
Et c'est lorsque qu'il ouvre enfin la bouche pour répondre que je lui enfourne de la salade de fruits dans la bouche.
Ce genre de choses me renvoie à lorsque nous étions encore des enfants insouciants.
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Quelques verres de whisky plus tard et les autres membres couchés, nous décidons de nous rendre dans la tente. Comme l'autre soir, le feu est allumé.
Sous l'oreiller de Grey, j'aperçois un petit mot de Jellal :
« Je vous laisse ma tente pour quelques jours, faites-en bon usage les tourtereaux :)) ».

Je caresse lentement le tatouage de la guilde qui se trouve sur son pectoral gauche avant de lui murmurer à l'oreille :
« Tu as bien lu ce que Jellal a écrit ? ».
Il me regarde dans les yeux et j'en profite pour lui adresser un sourire plein de sous-entendus.
« Tu ne crois pas qu'il est un peu tôt pour se lancer dans ce genre de rapports ? ».
Son sourire prude me donne envie de partir dans un fou rire.
Ce qu'il ne sait pas, c'est le nombre de secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois que j'ai passé à imaginer nos deux corps en collision.
« Tu as sûrement raison, mens-je, gênée. Bonne nuit ».
Je lui dépose un baiser sur le haut du nez et me retourne dans le sens opposé à lui.

« Ça devrait être interdit de porter des vêtements aussi indécents et sexy que les tiens ».

Il ne s'écoule même pas deux secondes avant que ses bras musclés ne me retournent et que nos lèvres se rencontrent. De manière douce en premier lieu, plus sauvagement ensuite. C'est qu'il est indécis, le petit...
Il introduit doucement sa langue dans ma bouche. Cela me surprend de sa part mais n'en est pas moins agréable.
Entre deux baisers torrides, je me mordille la lèvre et il me sonde du regard comme pour me demander la permission de me déshabiller.
Et c'est ainsi que je (re)découvre le corps qui m'a tant fait fantasmer.

Quête de vengeance et éruptions de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant