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Chapitre 6

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Quelques heures plus tôt.

PDV Angelo

— Tout est prêt sire. Les invités vous attendent en bas. Vos frères arriveront bientôt, intervint Pedro, me coupant de ma lecture.

— Merci Pedro. Je préfère les attendre pour ensuite rejoindre les invités. Je vais aller faire un tour en attendant.

    Il acquiesça de la tête, puis repartit exécuter ses fonctions. Cette petite soirée me mettait déjà dans une humeur exécrable. Obliger d'organiser ce bal afin que le peuple en connaisse un peu plus sur moi, balivernes ! Hélas mes frères m'avaient contraint de faire ça, au moins une fois. Je sais que j'ai des devoirs, mais voir tous ces gens avec leurs sourires faux, n'est pas de mon goût. J'aurais préféré rester dans ma demeure, lire un de mes meilleurs romans en face de la cheminée.

    Je soufflais d'exaspération et déposais mon livre sur la table basse. Je tapais sur mon costume et passais une main dans mes cheveux noirs, avant de me diriger vers la sortie. Je savais où aller. De là-haut, je pourrais repérer les invités à éviter tout au long de cette soirée...

    Quelques gardes s'inclinèrent devant moi en me laissant passer. Je pris appui sur la balustrade, mon regard balayant l'immense pièce où se trouvait le peuple. Les femmes riaient de bon cœur et prodiguaient leurs plus beaux sourires à la gente masculine. Soudain, mon regard s'attarda sur une personne. Une longue robe blanche, parsemée de quelques détails en dentelles ; une peau en accord avec sa robe et qui donnait immédiatement l'envie de poser ses doigts dessus. Des cheveux blonds ramenés en un chignon, accompagné de quelques fleurs.

    Je n'arrivais pas tout à fait à voir son visage, mais déjà, je remarquais que cette jeune femme était à mon goût. Elle avait une assiette sur ses genoux et n'hésitait pas à manger avec les mains. Cela aurait dû me répugner mais le contraire était là : cela me faisait sourire. Mais le plus drôle dans tout cette comédie, été quand la jeune femme tira la langue à certains individus.

    Il n'en fallait pas plus, avec les visages des femmes totalement outrées pour me faire laisser échapper un rire. Et cela n'arrive que rarement, croyez moi. Je me retournais et appelais un garde du regard qui accourut directement.

— Faites immédiatement des recherches sur cette jeune fille. Je veux le rapport dans cinq minutes, annonçai-je d'une voix autoritaire, pour bien avoir l'information dans les délais.

— Bien sire. Je reviendrai avec ce que vous demandez.

    Pendant ce temps, je continuais d'observer la jeune femme, qui avait étrangement attiré mon intention. La voir engloutir ses cuisses de poulets sans gêne, me faisait sourire. Les femmes d'ici ne voulaient même pas goûter au buffet, ayant trop peur de prendre un peu de poids.

    Je restais encore dans ma contemplation, quand le garde que j'avais appelé tantôt venait m'annoncer les nouvelles.

— Elle s'est présentée comme étant la duchesse de Fay. Pourtant nous avons une photo de la duchesse. Regardez sire, ce n'est pas du tout la même personne.

    Tiens tiens. Âgée d'environ quarante ans, la peau déjà ridée, les cheveux bruns et les yeux de la même couleurs, nul doute que la jeune fille que j'observais depuis un moment n'était pas cette fameuse duchesse.

— Qui est cette jeune femme, alors ? demandai-je, en fronçant les sourcils.

— Nous ne le savons pas encore, votre altesse. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est d'autre qu'un imposteur. Nous devons l'arrêter.

— Personne n'arrêtera cette fille. Je m'en occupe personnellement, est-ce clair ?

— Bien votre altesse.

    Je me retournais une nouvelle fois, mon regard se posant immédiatement sur la jeune femme. Mais qui est-elle vraiment ?

**

    La jeune femme venait de gâcher notre entrée en scène, d'un rot gracieusement sorti de sa bouche. Les joues rouges, elle s'était aussitôt précipitée à l'extérieur, sa silhouette disparaissant au loin, ainsi que sa magnifique chevelure blonde.

— Je reviens mes frères. Commencez à vous amuser sans moi, dis-je à leur attention, avant de suivre la trace de la demoiselle.

    Adossée contre le balcon, je ne pouvais détacher mes yeux de son corps parfaitement conçue pour cette robe. Je m'avançais, avant de prendre la parole :

— Les demoiselles ont normalement plus de convenance. Auraient-elles changé ?

    Elle sursauta violemment, puis se retourna enfin. Mon souffle se coupa brusquement. Des yeux clairs, à en rendre jaloux le ciel. Un visage conçu en finesse et en élégance. Sa petite bouche, qui venait déjà de trouver son parfait synonyme : la tentation. La jeune femme me dévisageait, elle aussi, ne se gênant pas pour me détailler très attentivement. J'essayais de ne pas laisser paraître un sourire et reprenais donc mon discours :

— Mademoiselle aurait-elle perdu sa langue ? N'étant pas sourd, il me semble bien vous avoir entendu lâcher une éructation provenant de votre estomac. Je me trompe ?

    Chaque pas que je faisais, elle reculait telle une brebis apeurée par le grand méchant loup.

— Non... souffla-t-elle, avant de se heurter au mur de pierre.

    Je fronçais les sourcils, mais décidais encore de continuer ma marche. Arrivé à sa hauteur, je plaquais mes deux main de chaque côtés de sa tête.

— Intéressante. Je ne m'étais pas trompé. Venez avec moi danser, duchesse de Fay.

— Pourquoi ?

— Ne jamais rien refuser au roi. Allons, venez, répliquai-je, avant d'attraper sa main.

    Celle-ci était d'une grande douceur et rien qu'avec ce geste, je pouvais sentir mon cœur se remuer dans une agréable sensation. C'était la première femme à me faire ressentir cela... Mais à peine avais-je fait quelques pas, qu'elle s'arrêta brusquement et lâcha un petit gémissement.

— Roi... oh mon Dieu, dit-t-elle, le visage venant littéralement de se décomposer.

    Voilà pourquoi être roi est aussi une contrainte. Je n'aimais pas ce genre de réaction. Pourtant, je ne voulais pas hausser le ton avec elle ; je ne voulais pas l'effrayer davantage.

— Les danses vont commencer, il faut y aller.

**

    Le corps crispée contre le mien, j'étais obligé de lui chuchoter ses paroles afin qu'elle se détende légèrement :

— Détendez-vous duchesse.

    Mes mains posées sur chacune de ses côtes, la demoiselle venait timidement de poser les siennes sur ma taille, me faisant ressentir une drôle de sensation. La voyant encore tendue, je décidais de la titiller un peu.

— Ne soyez pas crispée, duchesse. Ce n'est qu'une simple danse, repris-je, en l'entraînant au grès des notes de musiques.

    Son visage se décomposa encore une fois, même si elle tentait contre elle-même de ne pas laisser passer d'émotion qui pourrait risquer de la trahir. Toujours subjugué par elle, ma contemplation s'arrêta lorsque son pied s'écrasa sur le mien.

    Étonnamment, je laissais échapper un sourire en coin, amusé par son comportement. Oui. Elle me plait. Cette jeune femme a réussi à m'attirer.

King AngeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant