King Angelo

Chapitre 10

Heureusement que j'étais cachée. Il aurait vu mes joues rosies. Pourtant, cela était juste dû à la chaleur qu'émanait la pièce. Rien d'autre.

Quelques minutes plus tard, nous revenions dans la chambre royale. Il me déposa très délicatement, comme s'il avait peur de me briser. Il se releva ensuite, me surplombant comme toujours.

— Il va se passer quoi, maintenant ? me risquai-je de demander, en le fixant toujours.

— Pour l'instant vous allez vous reposer, répondit-il, en s'abaissant d'un mouvement.

Il était désormais à ma hauteur et doucement, il osa prendre ma cheville entre ses doigts. Il la caressa, me faisant ressentir une drôle de sensation. Ses longs doigts glissaient contre ma peau, comme s'il n'avait jamais avant, caressé la peau d'une femme. J'aurais dû le repousser. J'aurais dû. Mais le fait était bien là ; je n'y arrivais pas. Cette sensation était tellement agréable, que je n'osais pas le contraindre à arrêter ses douces caresses.

— Quand tu seras sur pied, je te ferais visiter le domaine. Mais je veux que tu te reposes avant, dit-il en se redressant, afin de croiser mon regard.

Attendez.
Le roi venait de me tutoyer ?

Il se releva ensuite, une main glissant contre ma joue.

— Appelle moi Angelo et tutoie moi. S'il te plait, reprit-t-il en se penchant de nouveau vers moi, afin que ses lèvres rencontrent mon front dans un doux et délicat baiser.

Mon corps tout entier se raidit, n'osant plus bouger un seul muscle. Il venait de poser ses lèvres sur mon front... Et en se reculant, il venait de me laisser toute pantelante, comme la dernière fois.

— Je dois régler quelques affaires pour ce matin. Je demanderai à Genà de venir s'occuper de toi. Essaye de ne pas jouer au aventurière, cela pourrait très mal se finir, crois-moi, dit-il, en aggravant sa voix sur les dernières lignes.

— Je pourrais sortir ?

— Même avec ce jolie visage, non. Je veux que tu restes ici, bien sagement. Quand je reviendrais, oui, nous sortirons.

Je soufflais, agacée d'entendre cela. Le roi me fit un léger sourire, avant de se retourner et de partir pour de bon de la chambre. Me voilà désormais seule, enfermée dans la chambre royale. Je m'allongeais sur l'immense lit, en posant mes mains sur mon visage. Je me demande ce que font mon oncle et la vieille sorcière. Ont-ils remarqué ma disparition ? Peut-être pas totalement mon oncle, mais la duchesse oui. Elle doit sûrement être très en colère, mais je ne pense pas qu'elle osera venir me chercher ici. Après tout, je n'étais qu'une issue de secours pour elle...

Pourtant, je me suis retrouvée ici. Enfermée dans ce somptueux château. Et le pire est que je ne sais même pas pourquoi je me retrouve là. Le roi, enfin, Angelo, a décidé de me garder auprès de lui, sans que je ne sache les réelles raisons. Il faudra que j'approfondisse la chose. Je devrais avoir les réponses suffisantes et ensuite, revenir dans mon village. Même si je n'aime pas mon oncle et la duchesse, j'ai besoin de retourner là-bas. J'ai ma maison et aussi mon travail.

Peut-être que si je reviens le plus vite possible, la sentence n'en saura que moins pire...

**

PDV Angelo

— Est-ce tout pour ce matin ? demandai-je à mon conseiller, exaspéré d'avoir mis autant de temps.

— Oui monsieur. Vous avez une réunion à dix-huit heures. Sinon vous êtes libre à partir de maintenant, répondit-il, en ramassant les quelques feuilles qui se trouvaient sur mon bureau.

Je le remerciais d'un mouvement de tête, avant de me lever. Arrêté devant la porte, j'osais lui poser une dernière question :

— À votre avis, si je l'emmène sur la plage, ça lui fera plaisir ?

Un sourire étira ses lèvres, pendant qu'il acquiesçait de la tête.

— Oui, je pense.

Je le remerciais donc, sachant ce qu'il me restait à faire maintenant. J'espère qu'elle ne s'est pas trop ennuyée pendant ce temps. Je n'ai pas cessé de penser à elle et à cause de ceci, mon travail m'a pris plus de temps que ce qu'il n'aurait dû J'aurais voulu déjeuner avec elle ce midi, mais hélas je n'ai pu.

J'espérais donc me rattraper.

Après avoir gravi les centaines de marches d'escalier qui me séparaient de Flora, j'arrivais enfin dans ma chambre. Étrangement je pris une profonde inspiration, avant de m'emparer de la poignée dorée. Et une fois à l'intérieur de la pièce, la vision qui m'était donnée était la plus belle que jamais je n'avais vue. Flora était allongée dans le lit, habillée d'une légère robe blanche qui ne ressemblait pas à celle d'hier. Plus je m'avançais vers cette déesse, plus mon cœur commençait à battre de façon irrégulière.

Elle dormait profondément ; son visage était serein et sa petite bouche s'étirait en un mince sourire. Ses cheveux longs et dorés étaient dispersés sur le matelas, me laissant voir à quel point ils étaient beaux. Ses joues légèrement roses me donnaient envie d'y déposer un doux baiser sur chacune d'entre elles.

J'avais pu voir et admirer ce matin, la douceur de sa peau. Je voulais recommencer. Plus sa peau était exhibée devant moi, plus la tentation était rude. Flora était la seule femme jusqu'à présent, qui faisait battre mon cœur ainsi. C'est arrivé en un seul regard. Un seul regard qui a tout bouleversé. Outre sa délicieuse beauté, j'aimais énormément son caractère. Je n'aime pas, dans mes habitudes, quand une femme ose me faire affront. Mais cette petite fleur sauvage venait de tout remettre en question.

Je la voulais absolument.