Cole.
La porte claque violemment contre le chambranle, je dévale les marches du perron dans une colère noire, mon petit paquet bien serré contre moi.
Brutal changement d'ambiance. Dehors, la nuit est calme. L'air tiède ne vibre que du chant des insectes. À l'intérieur, d'où me parviennent encore cris et vociférations, la tempête gronde toujours. En rejoignant la voiture, le bruit s'estompe à chacun de mes pas. Je vais déjà mieux.
J'ouvre la portière et me rends compte que je ne possède aucun équipement adapté. Je soupire. Je n'ai rien anticipé. Pourtant, il me faut partir coûte que coûte. Il est hors de question que je remette les pieds dans cette maison maudite, alors, avec le plaid recouvrant la banquette, je forme rapidement un couffin et dépose mon paquet délicatement au milieu. Ensuite, je le coince entre les sièges, vérifie qu'il est bien calé, et prends quelques secondes pour m'assurer qu'il va bien.
Emmitouflé, le ventre plein, il dort en toute insouciance. Cette vision m'apaise, je souris en caressant sa joue du bout des doigts.
— Ça va aller mon pote. Je vais m'occuper de toi, je te le promets.
Après avoir fermé la porte avec douceur pour ne pas le réveiller, je m'installe derrière le volant. L'espace de quelques secondes, un grand vide se fait dans ma tête. Derrière, tout est cassé, détruit, anéanti. Vertige. Je démarre et enclenche la marche avant sans plus réfléchir à mes actes.
J'avance lentement sur la route qui m'emmène loin d'ici. Je viens de couper tous les ponts avec ma famille, sans éprouver le moindre regret, si ce n'est d'avoir eu ce courage plus tôt. Ils pourraient tous disparaître sans que cela me touche.
Le seul que je voulais sauver, c'était Elliot. Je l'ai obtenu. Maintenant, au diable tous les autres.
Je ne sais pas encore comment m'organiser ni ce que je vais devenir. Mon unique certitude est de ne jamais finir comme eux, un concentré de morgue et de suffisance. Je m'y refuse. De leur côté, ils m'ont bien fait comprendre que je ne pourrai plus jamais être associé à cette famille, que je n'ai plus ma place dans leur cercle. Surtout, que ma nouvelle apparence met fin à toutes possibilités de m'élever dans leur monde, ou même de m'y montrer.
Je suis laid. Défiguré. Je suis leur honte, la chose à dissimuler. Tout comme Elliot. Lui a été rejeté avant même d'être né. Moi, je suis devenu un paria il y a trois mois, depuis qu'une lame de couteau a entaillé mon visage du front jusqu'à la mâchoire. Trois fois. Depuis ce jour, ma si parfaite famille n'est plus capable de me regarder en face.
Me voici enfin libre. Nous sommes tous les deux délivrésde leurs manigances et leur fiel. Nous nous en sortirons, nous mènerons une vieheureuse. Voilà mon unique but.
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Sublimes cicatrices (Disponible en édition)
RomanceCole n'attend plus de la vie qu'elle lui offre le bonheur. La vision qu'il en a est à l'image de son visage balafré, laide et douloureuse. Il est sans scrupule et rumine son amertume, son seul but étant d'assurer sa promesse en prenant soin de s...