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"D'habitude c'est Jin qui fait la liste, mais comme il est parti dans la jungle pour une semaine, je ne sais pas vraiment quoi prendre. Désolé de t'avoir appelé à la rescousse" me dit Namjoon.

"Ça ne me dérange pas" lui répondis-je avec un sourire.

Je trottine à ses côtés, mes converses hautes couinant contre le carrelage du magasin. Même une liste de course à la main et un caddie délavé dans l'autre, il donne l'impression de sortir tout droit d'une couverture de magazine. En voulant lever les yeux au ciel, je m'aperçois que ces pots de confitures ont une impression de déjà vu.

"Hé... On est déjà passés par là au moins deux fois".

Une voix féminine s'élève des haut parleurs.

"Nous informons notre aimable clientèle que votre magasin fermera ses portes dans 5 minutes".

Namjoon me regarde, légèrement paniqué, "Il reste quoi à prendre?".

Je fronce les sourcils en déchiffrant son écriture

"... Fait, fait, euh ok, ... Des céréales".

"Haa on a complètement zappé le plus important!".

J'aime qu'il dise "on". Tout romantisme mis à part, je regarde ma montre. 22 heures et 26 minutes. Je monte dans le caddie tandis que Namjoon me regarde, interloqué.

"Mina -Mina, que fais-tu?".

"Go go go! Cap sur les céréales!".

Il hésite et finalement en riant, me dit "Tu délires complètement... Let's go princesse!", et se met à courir.

"A gauche! Gauche gauche!!!!"

Je m'accroche de toute mes forces aux barreaux du caddie. Trop tard. Nous percutons un étal de boites de cookiecrisp en promotion, qui s'écroule à nos pieds.

"... Tu voulais des cookiecrisp Namjoon?".

Il semble statufié, le temps de quelques secondes, avant de se ressaisir et de me tirer par la main.

"Partons!": Un vigile arrivait au pas de course.

Dans notre fuite, nous passons plusieurs ruelles avant de rejoindre l'ancien quartier, parsemé de boutiques fermées, et de quelques restaurants. Il s'arrête soudainement en face de la vitrine d'un magasin de télévisions. La même chaîne est diffusée sur une quinzaine de modèles de postes différents. On y voit une quinzaine de répliques d'un feu d'artifice.

"C'est beau", dis-je d'un murmure, incapable de retrouver mon souffle après notre course effrénée.

Il sors son téléphone et se place devant moi. Le flash me surprend.

"Je te préfère toi" dit-il, faisant ressortir ses fossettes.

Il s'approche et pose sa tête contre le haut de mon crâne. Lorsqu'il parle, les vibrations de sa voix traversent mon corps.

"J'ai toujours trouvé ça triste, les feux d'artifices. Tu sais, le fait qu'ils n'aient droit qu'à un seul coup d'éclat. Ils s'envolent, puis explosent et puis pshioou, même leur fumée disparaît. En seulement 10 secondes".

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