Because I'm a Boy [BxB]

V.

Rentrer trop tard. Ne pas avoir prévenu son père. Ne pas s'être tu. Voilà ce qui justifiait les coups que son père lui avait porté ce soir... Connor avait du passer par la porte principale pour rentrer, sa fenêtre était trop haute pour qu'il s'y glisse à nouveau.

Sa pommette avait doublé de volume. Elle était devenue bleue. La douleur lançait péniblement l'adolescent. Il pensait qu'en grandissant il s'habituerait à la violence paternelle... Mais non. On ne s'habitue jamais à la destruction que nous imposent nos proches et à la destruction qu'ils s'imposent à eux-mêmes. Elle est inévitable, sévère et dangereusement mortelle...

Connor mourrait à petit feu. Émotionnellement, il était déjà parti. Enterré. Profondément au chaud sous terre, à manger les pissenlits par la racine.

Tremblotant, l'adolescent sécha maladroitement ses larmes et se jeta sur sa trousse.

Il la fouilla, la retourna dans tout les sens, en fit un joyeux bordel et mit enfin la main sur l'objet qu'il cherchait.

Un compas.

Une simple pointe métallique qu'on enfonce dans sa peau.

Ça fait terriblement mal. Mais ça fait du bien de souffrir. Sentir ses veines qui s'ouvrent et laisser son sang se répandre le long de son poignet... S'immaculer de rouge...

Connor grimaçait. Il retenait des râles de douleur... Mais qu'est-ce que c'était agréable... De s'infliger des blessures à soi-même... De voir sa peau se déchirer...

De temps en temps, une larme glisser le long de sa joue et venait se mélanger à la substance rougeâtre.

Puis l'adolescent passa une main dans ses cheveux blonds, essuya les conséquences de son automutilation et pencha sa tête en arrière. Il ferma les yeux. Il attendit que le sang sèche avant de s'avancer en direction de la fenêtre.

Il faisait nuit. Profondément nuit. Les étoiles semblaient plus scintillantes que d'habitude. Alors il eut envie de parler à sa mère, qui logeait parmi ces paillettes.

Parler de sa solitude, de son mal être et de la douleur que personne ne peut combler...

Sa douleur que personne n'a jamais perçue...