- Leyna, je dois m'en aller pour finaliser le tout, chuchote une voix plus que familière à mon oreille.
Axel passe son index sur ma joue puis y dépose un baiser, avant de se diriger vers la porte.
- Attends! criai-je d'une voix rauque en manque de sommeil.
Je me lève en jetant brutalement la couette à l'autre bout du matelas et fonce en direction de mon futur mari, ou plutôt, futur veuf. Mes neurones n'ont pas eu le temps de suivre chacun de mes mouvements, ma tête tourne légèrement et des étoiles brouillent ma vue mais je parviens à m'affaler dans les bras d'Axel. Je l'embrasse à pleine bouche, remarquant mon déséquilibre il m'entoure de ses bras et met rapidement un terme au baiser.
- Je dois y aller, je suis en retard, murmure-t-il presque aussi déçu que moi.
- Je t'aime, dis-je en retenant la tristesse qui naît dans mon coeur, emprisonne mes poumons et compresse ma gorge petit à petit.
- Et moi donc, souffle-t-il en m'accolant brièvement les lèvres avant de quitter la pièce.
Un dernier salut résonne dans le hall d'entrée et à nouveau, une larme coule, suivie des autres pour transformer mon visage en un torrent pathétique. Je fixe l'horloge de mes yeux embués, il est très tôt mais je ne sais pas ce que je dois faire ni à quelle heure. Je vais prendre une dernière douche.
Axel m'a préparé un plateau de petit-déjeuner, je fonds intérieurement en repensant à chacune de ses petites attentions comme celle-ci. "À ma magnifique future femme" a-t-il écrit, je garde le papier en main et le froisse pour le mettre dans ma poche.
Tout en mangeant ma tartine de confiture, je remarque que quelqu'un a laissé un message vocal sur le téléphone fixe. Je le prends en main et écoute. C'est sans doute des félicitations pour le mariage.
- Bonjour, je suis Mr. Peelek votre psychiatre, j'ai tenté de vous appeler plusieurs fois mais vous n'avez pas répondu. Nous avions rendez-vous pour le contrôle bihebdomadaire hier, rappelez moi pour fixer une heure au plus vite, c'est très important. Merci d'avance.
La main tremblante, j'hésite longuement avant de récrire son numéro. Plusieurs sonneries se font entendre et je tombe finalement sur sa messagerie, je soupire de soulagement. Je n'aurai pas su trouver d'excuse à mon projet si je l'avais eu en contact direct.
- Navrée, j'ai été prise par le temps. Je compte utiliser mon quota d'heures à faire des activités utiles et non me rappeler à quel point les aiguilles de l'horloge ne cessent de vibrer jusqu'à l'arrêt total. Je prends vos habitudes de lâcher des mauvaises nouvelles d'un coup, pourtant, moi, ce n'est pas mon métier. Bien à vous, Peelek.
Je raccroche vivement et débarrasse la table, mon appétit s'est évanoui.
Le téléphone sonne. Je prie pour que ce ne soit pas ce satané Peleek. Je descends les escaliers quatre à quatre et voit le nom de Tiny s'afficher, décrochage immédiat.
- Leyna, que fais-tu? Les préparatifs de ton apparence t'attendent! hurle-t-elle. J'ai fait venir un taxi.
- J'arrive de suite, répondis-je sur le même ton.
Elle raccroche de manière aussi directe que moi plus tôt et je fonce me préparer. Je prends ma veste et enfoui ma main dans ma poche, les papiers y sont toujours. Je prends uniquement la lettre car je risque de laisser ma veste là-bas, les adieux j'ai déjà une idée de par qui je vais les faire lire. La feuille de consignes est posée sur la table, Axel ne rentrera pas d'ici là donc elle y restera jusqu'à ce que je revienne.

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Indéniable
Short StoryMa montagne d'assiettes était faite sur mesure pour les intempéries. Était... Moi qui croyait tout gérer! Ma conscience était désormais remplie, mais d'un vide qui me consumait. Le mariage, l'amour. C'était si douloureux, je ne pouvais plus. C'étai...