Adolphe Fuchs: (assis avec un vieux cahier d'école dans ses mains) Ceci n'est peut-être qu'un petit carnet pour vous, mais à mes yeux il représente la seule chose qui raconte mon passé. Je m'appelle Adolphe, Adolphe Fuchs. Je suis né à Paris le 26 février 1926. Mes parents, peu avant ma naissance, avaient quitté la Pologne, où, étant juifs,ils subissaient de nombreuses insultes antisémites. Jamais dans leur vie ils n'auraient pensé retourner dans ce pays. Le pays de leur naissance, leur pays de sang mais aussi le pays de leur mort. On m'a souvent demandé comment était mon enfance. Il est vrai que j'étais très heureux. Mais il y a eu ce jour, ce jour qui a marqué ma vie, ce jour qui a fait qui je suis devenu un homme. C'était le 16 juillet 1942, mes parents étaient partis depuis environ trois semaines en France libre. La vie à Paris, pour les juifs, était devenue terrible, mais avec la compagnie de Patrycja, les journées s'étaient adoucies pour moi. Elle était polonaise, juive. Ce soir-là, des policiers sont venus chez moo, ils ont envahi ma maison et ont emmené Patrycja avec eux. Je ne le savais pas encore mais c'était la dernière fois que je la voyais. Trois jours plus tard, ils sont revenus et m'ont emmené à mon tour. J'ai été enfermé, avec d'autres juifs, dans des wagons à vaches, debout, pendant des jours, sans pratiquement rien à manger, ni à boire, avec une odeur de mort, celle des cadavres des autres déportés. Le 23 septembre 1942, nous sommes arrivés à la gare de Kosel, près d'Auschwitz. Un SS est venu vers nous et nous a dit dans un français très approximatif :"Ici on n'est pas au Boulevard des Capucines à Paris, vous êtes dans un camp de concentration. Ici quand on rentre par la porte, on sort par la cheminée". Les années les plus tristes de ma vie se sont passées en ce lieu. Jusqu'en octobre 1945 où les soldats américains sont entrés dans le camp et nous ont libérés. Je me suis alors aperçu que malgré mes 19 ans, je ne pesais que 33 kilos. Alors, lorsque j'ai pu rentrer en France, j'ai recherché mes parents. Ils étaient en vie. Ils n'avaient pas quitté leur maquis cévenol. J'ai décidé d'écrire dans ce petit carnet, qui fut mon carnet d'école pour ne pas oublier ces événements et pour que mon témoignage subsiste.
Pour beaucoup mon histoire s'arrête là, beaucoup ne veulent savoir que comment s'est passée la vie dans le camp. Mais il y a la vie après, aussi, cette vie où l'on voit des familles brisées, des amis que vous ne reverrez plus jamais, ces moments de doute où l'on se dit que tout va recommencer, que l'enfer n'est pas fini. Pendant plus de quarante ans, je le suis tu. Mais aujourd'hui, je souhaite raconter enfin toutes ces journées passées enfermé chez moi, dans le noir, seul. Je souhaite parler au nom de tous les deported, ceux qui sont revenus comme ceux que l'on ne reverra jamais et que beaucoup essayent d'oublier. Je veux parler au nom de Patrycja, au nom de mes amis. Mais aussi, je veux parler pour moi.
Peu après mon retour, mes parents ont décidé de repartir vivre en Pologne pour être près de leurs confrères. Je me suis retrouvé seul, sans plus personne à qui parler. Il a fallu que je réapprenne à vivre en communauté, à ne plus avoir peur de l'homme, de l'inconnu. Pendant plusieurs années, je ne pouvais rencontrer de nouvelles personnes, j'avais peur de rencontrer dans la rue d'ancien SS, des traites, il y en avait de partout. Je le savais, ils me regardaient, me dévisageaient.(un silence) Je ne veux pas oublier, ça non, je ne pourrais pas. Je veux juste faire mon deuil. Je sais que jamais mes cauchemars ne cesseront, que jamais je ne regarderai des enfants sans penser à tous ceux que j'ai vu rentrer dans les chambres à gaz, à tous ceux qui sont morts, si jeunes, si innocents. Parfois il m'est arrivé de rester plus d'une semaine chez moi, les volets fermés, tout seul par peur, peur qu'on me retrouve, peur qu'on veuille de venger, peur qu'on veuille me faire payer la chance que j'ai eu de vivre
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Je voulais juste vous remercier d'avoir lu j'espère que vous avez apprécié n'hésitez pas à laisser un commentaire pour que je puisse savoir ce qui vous a plu et inversement. C'était un travail pour l'école que j'ai apprécié écrire mais qui peut toujours être améliorer c'est pour ça que je l'ai posté sur Wattpad. Merci.
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Témoignage
ActionJ'ai écrit un monologue de théâtre qui parle d'un déporté. L'homme existe vraiment et après avoir écouté son témoignage j'ai décidé d'écrire ce texte qui a une grande partie inventée j'espère que cela texte vous plaira.