Vénus à nu

|Freyja|

Installe-toi. Ferme les yeux, quelques instants, simplement le temps d'une respiration ou deux et imagine une femme. Elle n'est pas vieille - elle a simplement une vingtaine d'années, un air encore presque juvénile sur le visage blanc.

Elle s'appelle Freyja.

Freyja, comme la déesse de la beauté, de l'amour et de la fertilité dans la mythologie Nordique: Freyja, l'équivalent de Vénus|Aphrodite dans le nord d'une Europe pas encore chrétienne, considérée comme sauvage par beaucoup.

Elle n'est pas très grande, ni petite: elle n'a pas un corps des plus féminins - elle a un corps juste assez féminin. Freyja a de longues boucles brunes désordonnées qui lui retombent le long du dos et qu'elle attachent souvent en une natte. Elle a des grands yeux bruns avec de longs cils, un brun auquel se mêle des tâches un peu jaunes. Sa bouche n'est ni grande, ni extrêmement mince: sur la peau pâle de son visage se baladent une multitude de grains de beauté et quelques tâches de rousseur. Ses joues rougissent à la moindre occasion.

Maintenant, ouvre tes yeux et écoute: la voix de la jeune femme. Est-elle grave, aiguë? Suave ou rauque, claire? Freyja a une voix forte, plus grave qu'aiguë, plutôt douce quand elle est calme, se brisant un peu en accents rauques lorsqu'elle crie.

Sa voix est comme son caractère.

Freyja est forte.

Son visage juvénile, tout son être, se durcit à chaque évènement qu'elle vit et longtemps, elle tient bon. Elle n'est pourtant pas habituée à la douleur et à la souffrance - seulement à la solitude. Freyja est longtemps restée solitaire, malgré les gens l'entourant, Humia, les autres villageoises.

Imagine que tu sois dans sa tête. Sa voix douce résonne dans ses pensées, inlassablement. Elle tente de comprendre les situations de sa vie: elle tente de s'accrocher au meilleur, elle n'y arrive pas toujours.

Imagine être Freyja et imagine maintenant avoir peur. Imagine, comme dans tes pensées paniquées résonne le battement rapide de ton cœur, tes cris silencieux et anxieux, ta respiration erratique: imagine tes mains moites, tes yeux qui scrutent un paysage dénudé d'immeubles ou de routes, un paysage fantomatique, longtemps enneigé, où la nuit, la lune est le seul lampadaire et le seul éclairage. Imagine croire en des dieux anciens et des histoires surnaturelles, d'après lesquelles, le danger est partout, derrière chaque arbre sombre, derrière chaque maison. Imagine te raccrocher à tes souvenirs, à des chansons anciennes, des mots oubliés, des mémoires enfouies.

Imagine...

Imagine qu'en une seule nuit, toute ta vie soit dévastée de la plus brutale des façons.

Freyja est humaine.

Elle aime, elle déteste, elle pleure, elle rit, elle souffre. Il lui arrive d'être heureuse, de temps en temps: ses réactions sont imprévisibles, ses humeurs aussi. Elle a peur de mourir, elle a peur de souffrir, elle a peur du futur: elle a peur de ce qu'elle ne comprend pas.

C'est elle, Freyja.

Au fond, elle est un peu comme toi et moi dans un autre monde.

Les petites informations

• Freyja était censée avoir une sœur jumelle qui aurait été amoureuse de Faolàn - toutes les deux auraient été emmenées au camp - et elle aurait empoisonnée Freyja avant de tenter de prendre sa place auprès du jeune homme qui aurait découvert la vérité dans une scène finale où la sœur devait se suicider. 

•J'ai passé une demi-éternité à trouver son prénom et j'ai traversé un demi-milliard d'orthographes: de Freia à Freya en passant par Freiya - bref.

• J'ai fait énormément de recherches sur les peuples nordiques avant de créer son personnage- les habits, tout ça. Même si en fin de compte, l'histoire est devenu largement plus fictive qu'historique.

•Les "thèmes" de Freyja sont La Moldau de Smetana et La chanson de Solveig de Grieg - je suis désolée pour tout ceux qui n'apprécient pas la musique classique mais c'est le style de musique qui m'inspire et m'aide le plus pour écrire. Les chansons à parole me perturbent et je finis la plupart du temps par me mettre à chanter avec (bravo l'artiste).