|Faolàn|

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Il aspirait à être aimé tel qu'il était, bon ou méchant, beau ou laid, intelligent ou bête, avec tous ses défauts - et peut-être même à cause d'eux. Michael Ende | L'histoire sans fin

Maintenant, imagine-toi un homme. Plutôt jeune, lui aussi – un peu plus âgé que Freyja mais pas beaucoup plus. Son visage est plus dur. Marqué par la vie, marqué par des souvenirs qu'il a essayé d'oublier.

Il s'appelle Faolàn.

Faolàn, ce qui signifie littéralement jeune loup.

Son nom lui a été donné par le tortionnaire de son enfance – un homme dont il ne connaît pas le nom mais le corps, un homme qui lui a blessé le corps et l'âme. Cet homme, il l'appellera le maître. Il a grandi dans un monde bercé de violence et de terreur : sa naissance elle-même n'était pas voulue. Sa mère était une prostituée ou une servante qui offrait ses services – il n'en connaît pas les détails. Il ne connaît pas son père ; il sait seulement qu'après qu'il soit né, sa mère s'est réfugiée chez le maître avec lequel elle entretenait une relation jusqu'à ce qu'elle meurt lorsqu'il avait aux alentours de huit ans, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins.

Elle n'avait même pas voulu lui donner un prénom.

Faolàn est grand, beaucoup plus grand que Freyja – plus large aussi, plus masculin. Musclé. Imagine maintenant derrière tes yeux fermés, son visage. Imagine des traits un peu carrés, définis. Quelques cicatrices sur les joues et au front. Une bouche presque féminine mais souvent tournée vers le bas. Un nez un peu de travers, une peau doucement marquée par le soleil, des yeux bleus clairs. Comme l'eau d'un lac en été, presque transparente et délicatement bleutée. Ses cheveux sont blonds, clairs, presque blanc. Il a un grain de beauté sous l'œil droit et des fossettes presque invisible.

Faolàn ne sourit pas souvent et lorsqu'il le fait, son sourire est souvent ironique.

Il a par la suite perdu une jambe.

Son corps est marqué de tatouages bleus foncés qui forment des motifs intrigants sur ses membres. Il les a eus une fois adulte chez les Winterschlächter. Ceux-là, il les a rejoints aux alentours de onze ans.

Maintenant, ouvre tes oreilles. Imagine sa voix. Il ne parle pas très fort, la plupart du temps – sa voix est grave, profonde et rauque résonnant presque comme un ronronnement lorsqu'il est heureux. Tu peux aussi imaginer sa voix étant enfant : plus aiguë mais déjà délicatement rauque sur les bords.

Faolàn est fort lui aussi – du moins son corps l'est. Sa forces intérieure se construit au fur et à mesure qu'il arrive à accepter son passé et à faire abstraction de la violence qui hante ses faits et gestes. Il est solitaire mais n'a pas le besoin d'être en compagnie de qui que ce soit – malgré tout, il reste attaché à Pranan parce que ce dernier l'a quelque part sauvé en s'occupant de lui à son arrivé au camp dans un état lamentable.

Il aime Freyja.

Faolàn n'a pas beaucoup aimé dans sa vie.

Imagine... Imagine qu'après un passé hanté de maltraitance, tu te retrouves entouré d'homme qui te force à commettre d'autres atrocités à des inconnus innocents. Imagine que tu vives dans une tente et que le soir, autour d'un large feu, on te fasse boire de l'alcool. Beaucoup d'alcool. Jusqu'à ce que tu ne ressentes plus rien, que ton cœur et ton corps soient endoloris. Imagine qu'il y ait des femmes – des prostitués – qui te tournent autour et t'intrigues, parce que tu es encore un peu trop jeune pour comprendre. Imagine lorsque tu sembles ne plus contrôler ton corps, tous les hommes se lèvent et crient : imagine qu'ils se mettent en route et que tu les suives, que tu es à moitié dénudé, qu'on t'a mis une arme en main que tu tiens maladroitement d'une main tremblante. Imagine que tu as peur. La sueur te coule le long des tempes.

Vénus à nuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant