4-Late night drive

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3h45

Perdue dans l'alcool, je me démène à travers la foule de gens, eux perdus dans l'appartement. J'ai du prendre seulement quatre verres, et une bouteille de bière, et pourtant un tournis féroce ne cesse de s'emparer de moi. J'ai dépassé la coincée que j'étais il y a quelque heures, et je crois que je l'ai laissée aux toilettes, où j'ai vomi mes tripes.
Lorsque j'entendais mon père s'écrier "l'alcool me perdra !" , je pensais qu'il n'en serait pas question pour moi. Ma première ivresse. Il est clair que pour une première fois, j'aurais aimé être dans un endroit que je connais, avec des gens que je connais. Pourtant ce n'est pas le cas.

La pièce dans laquelle j'étais me semblait trop petite, alors, à présent, je me suis installée sur une petite terrasse vide, où l'air frais règne en maître.

—Tu aimes la solitude à ce que je vois, j'entends derrière moi.

Décidément, ce rappeur me suivra partout. Nekfeu se tient derrière moi, sa tenue intacte, à un détail près. Il porte maintenant une veste en jean, où je vois une écriture stylisée "Levis", cousue sur une des poches de devant.

—T'en veux ? il me demande en désignant une bière qu'il tient dans sa main.

Je sais que si cela continue je deviendrai alcoolique, mais la vie est trop courte, je viens de le réaliser à l'instant. Je lui fais un signe de tête et il me la tend.

Je n'irai pas jusqu'à dire que ce fut la meilleure bière que je n'ai jamais vue, mais elle s'en rapprochait vivement. Son goût était différent, peut-être un mélange des alcools que le jeune homme avait ingurgites avant de boire cette bière.

Je lui retends sa boisson en le gratifiant d'un signe de tête. Il est clair que la discussion n'a aucunement l'intention de pointer le bout de son nez. J'essaye tout de même de l'engager.

—Depuis quand tu rappes ? je m'intéresse.

Il vient s'accouder à la barrière en métal, et affiche un sourire radieux.

—Bien avant que tout le monde me connaisse, il répond.

—Je te trouve légèrement arrogant, et ton affirmation est fausse, étant donné que je ne te connaissais pas avant jeudi soir, je réplique.

—Et moi j'te trouve légèrement coincée, mais j'imagine que, étant donné qu't'es une parisienne ça m'étonne pas, il dit.

Je le jauge de haut en bas. Il ne manque pas de culot, et moi, je manque de répondant. Cependant mon esprit reste centré sur la conversation.

—Je ne te permets pas, je dis. Tu n'es personne pour me juger. Ce n'est pas parce que tu es le grand "Nekfeu" que je devrais m'incliner et faire une révérence ! Sérieux, tu te prends pour qui ?!

Légèrement emportée, je me précipite vers l'intérieur, où une odeur repoussante de tabac et d'alcool règne.
Plus tôt dans la soirée, j'avais déjà anticipé de prendre mes jambes à mon cou et de me diriger vers la sortie. Mais je ne peux pas laisser Kylie seule, même si je sais qu'elle est très bien là où elle est. Ou, peut-être pas.

Déhanchée contre un corps masculin dénué de muscles, ma meilleure amie s'amuse comme une petite folle. Il est clair qu'elle a bien plus bu que moi. Le garçon a porte des traces de rouge à lèvres autour de sa bouche. Je souffle péniblement.

—Kylie la fête est finie, on rentre, je déclare.

Elle baisse d'abord les bras qu'elle avait levés lors de sa danse endiablée et sensuelle, puis me toise de haut en bas.

Programmé /X Nekfeu\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant