F: L'élue

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Ce matin Agathe profita d'un réveil en douceur. Les samedis étaient parfaits. Encore plus depuis qu'elle était chez Ophélie. La sœur de sa grand-mère maternelle l'accueillait pour les vacances. Et ici Agathe n'avait pas à s'endormir et à se réveiller avec ses parents se criant dessus.

Elle s'étira, soupira lourdement puis se leva. Agathe descendit en s'attachant les cheveux en un chignon. Elle bailla et alla à la machine à café, se demandant où était Ophélie. Peut-être était-elle dehors cherchant des plantes pour sa sorcellerie.

Agathe était l'une des rare dans la famille à savoir que la 'bizarre de la famille' leur cachait ce secret. Ophélie savait bien qu'on se serait moqué d'elle et l'aurait fait psychanalyser pour ses croyances. Sauf Agathe qui y avait vu une religion personnelle du haut de ses six ans.

Une note sur le comptoir expliquait qu'Ophélie était partie faire des courses. Une autre note avec la liste d'ingrédients manquant fit rouler des yeux à Agathe. Ophélie était une petite femme étourdie.

L'adolescente grogna quand elle remarqua que tous les aliments pour le petit déjeuner étaient sur la liste. Elle vérifia les placards sans rien trouver à grignoter. Finalement elle s'assit à la table du salon,le regard vide alors qu'elle buvait son café. Ses yeux tombèrent sur une vieille photo qu'Ophélie avait pris la peine d'encadrer.

Elle et Agathe étaient remplit de boue, présentant la petite mare construite durant la journée. Le jour suivant Ophélie l'avait passé à prendre soin de ses coups de soleil et à donner des conseils à Agathe pour les éviter. Même quand Agathe lui avait fait remarquer que sa couleur de peau n'était pas aussi sensible.

"Salut paresseux," Agathe souffla au chat gris venant se frotter à ses pieds.

Un bruit sourd la fit sursauter. Elle se tourna vers la fenêtre, ignorant sa main trempée de café. Un corbeau dodelinait sur le châssis, ses ailes ébouriffées et s'agitant spasmodiquement.

Surprise Agathe resta immobile, fixant l'animal. Qui la fixa en retour.

Agathe avala sa salive, avant de se tenir devant la fenêtre. Elle hésita un moment, la main tendue vers la poignée. L'animal croassa comme s'il la sermonnait pour mettre autant de temps. Le corbeau tapota la fenêtre trois fois avec son bec comme un humain toquerait à une porte.

Un rire nerveux échappa à Agathe.

"Allez, tu as vu des choses plus étranges ici," Agathe s'encouragea. Il est vrai qu'elle avait vu Oph' chasser des esprits maléfiques, construire des autels pour ses dieux et parler à des animaux. Insistants qu'ils étaient des messagers.

Elle soupira et ouvrit la fenêtre.

Le corbeau lui croassa dessus d'une manière irritée alors qu'il sautait à l'intérieur. Il ne resta pas près d'elle et plana vers la table. Là il tapota la table près de sa patte gauche où Agathe remarqua un papier jauni.

Agathe s'approcha, inconfortable. Quand la bête tourna à nouveau ses yeux vers elle, elle sursauta. Riant nerveusement elle dit, "Gentil gars, tu bouges pas, okay ?"

Délicatement elle prit le papier de l'animal. Il sauta immédiatement sur le comptoir de la cuisine, il marcha vers le robinet et dans un autre acte d'intelligence, utilisa son bec pour ouvrir l'eau. Pendant qu'il buvait Agathe déplia le papier.

Une écriture nette disait : 'Élue, le temps est venu'.

"Sérieux!" dit-elle. Prise de court elle s'affala sur sa chaise, papier toujours en main. "C'est quoi ce bordel ?"

Ce devait être une blague.

La fille entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elle courut vers Ophélie,l'excitement la gagnant.

"Oph' ! Regardes ! J'ai un message qui me désigne comme l'Élue !"

"Oh?" Ophélie émit, surprise claire dans ses yeux. Elle ne s'arrêta pourtant pas pour regarder le message. La femme alla à la cuisine, une Agathe toujours excitée derrière elle. Le corbeau n'était nul part en vue.

"Est-ce un corbeau un peu impatient qui te l'as remis ?"

L'excitement d'Agathe se changea en confusion, "Oui, comment tu-"

Elle fut coupée par Ophélie, rangeant ses courses, "Tu t'es trompée ma chérie. Ce message est pour moi."

"Mais-"

"Viens avec moi que je te montre," Ophélie demanda avec un sourire patient.

Elles allèrent dans la chambre de la vieille femme. Ophélie ouvrit un tiroir remplit de papier jaunit. Elle en prit un et le tendit à Agathe.

"Morgane m'envoya son corbeau de temps en temps après ce premier message."

Celui-ci disait : 'Ophélie Ronsard, tu as été choisi pour nous sauver'. Agathe n'en revenait pas. Surtout que ce n'était pas l'écriture d'Ophélie. Ce n'était pas une blague.

"J'ai renvoyé un message pour me plaindre. Je voulais plus d'informations mais Morgane refusa. Donc j'ai demandé un entraînement. Que j'ai reçu. Morgane me renvoyait des messages hebdomadaires à propos de sorts et malédictions pour ma pratique."

"Je-je," Agathe émit, choquée. "Wow."

Elle se laissa tomber sur le lit d'Ophélie. Quelle histoire.
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Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant