[4] février - roman d'amour

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Si quelqu'un t'a offensé,
ne cherche pas à te venger.
Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.

Lao-Tseu

Si on appelle généralement un groupe de « VOYOUS » (ou « THUGS » appelez-les comme bon vous semble), un groupe composé des pires idiots sélectionnés soigneusement dans la cité avoisinante, et qui n'ont pas encore intégré que le crachat n'est pas une discipline olympique, et que de ce fait il est inutile de passer ses journées à s'y entraîner, il me semble important de vous préciser que ces énergumènes ne sont pas les « BAD BOYS » de cette histoire.

Et si The Crayon, à la tête ce cher parti qu'est le Rassemblement National se ferait un plaisir de vous soutenir que « LES ARABES » sont les responsables de tous vos maux,
(mettant évidemment dans le même paquet tous ceux originaires de l'autre côté de la Méditerranée)
(et proposant de ce fait une pâle imitation de ce cher Tronald Dump),
ceci n'est pas vrai, surtout à Ordnungsheim.

À Ordnungsheim en effet, ces observations à propos des « THUGS » qui peuplent nos lycées français, réalisées sur la terrasse du Starre Beukse de Mulhouse (la plus grande ville aux alentours) un après-midi ensoleillé, ne fonctionnaient pas, pour deux simples raisons :
les quelques immigrés de l'école étaient tous sages et loin d'être des « VOYOUS »
et nos « BAD BOYS » n'étaient pas de ce genre-là.

À Ordnungsheim, au prix que coûte l'année, vous ne croiserez sûrement pas « KEVIN LE KING DE LA STREET », casquette à l'envers et son survêtement Ah Dit Dasse trop petit dans les couloirs.

Alors si cela peut vous rassurer, non, Natacha ne se fit pas kidnapper et séquestrer dans un hangar plein de rats au fin fond d'une cité alsacienne, et elle ne fut pas non plus mariée de force à « KEVIN LE KING DE LA STREET ».

Le « BAD BOY » d'Ordnungsheim ressemblait plutôt au cliché du « BAD BOY » Américain, mais dans sa version française.
Il ne faisait pas partie de l'équipe de football américain de l'école mais de celle rugby,
il n'avait pas encore son permis mais préparait soigneusement son code, espérant l'avoir à la prochaine session,
et il ne s'appelait ni Brad ni Cameron mais Bernard.

Revenons-en donc à notre histoire...

Eustache piqua sur sa fourchette un morceau d'endive qu'il fourra dans sa bouche et se mit à mastiquer tout en réfléchissant et en fixant Bernard.

La peau basanée, les muscles développés, une petite barbe virile et des cheveux bruns soyeux, le « BAD BOY » d'Ordnungsheim rendait
une fille sur deux complètement folle chez les Secondes,
et une sur trois dès la Première (parce qu'en grandissant, la plupart des filles comprenaient que c'était juste un demeuré de premier choix, sans aucun avenir dans la vie et beaucoup trop gâté par ses parents).

Après avoir avalé sa bouchée, Eustache déclara à Natacha, sans arrêter de fixer Bernard :

« Je vais t'arranger le coup, parole de roux. »

La « TIMIDE », qui était en train de boire, recracha toute sa gorgée sur sa « MEILLEURE AMIE ». Le visage de cette dernière se décomposa, et Natacha se perdit en excuses :

« Je suis vraiment désolée Elsa, je ne voulais pas...

— T'inquiète, c'est juste de l'eau. Heureusement que tu ne bois pas de café...

— Je sais mais tout de même... Je suis vraiment désolée, c'est qu'il m'a tellement surprise avec sa remarque...

— On parie que grâce à moi, intervint Eustache, le beau gosse là-bas et toi vous serez en couple dans un mois grand maximum ? »

Chroniques du ChinoirouxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant