Deuxième séance.

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Teint blafard; j'ai l'cafard.

Les tapisseries qui se décollent des murs, le vieux fauteuil en cuir froid déchiré et les coups dans le parquet me donnent envie de m'enfuir.

J'ai la gorge sèche; le dernier shot de vodka l'a asséchée plus que prévu et j'aurais pu le prédire.

Moral à vide; nerfs à vif; regard vide; humeur agressive; j'ai du mal à comprendre pourquoi les gens sont avides de vie.

-Vous allez garder le silence une fois de plus, Deen ?

Mutisme.

Ce silence bien trop long, si je n'en avais pas eu rien à foutre, aurait eu le don de me sortir de mes gonds.

Ses iris rencontrent les miennes, elle cherche probablement une once de lumière dans le noir complet de mes yeux éteints.

Plus que dix minutes à tenter de vagabonder dans mon esprit et elle me fichera la paix.

Je regarde la fenêtre, les toits couverts du ciel grisonnant parisien, les feuilles qui s'abattent sur le sol, les arbres qui perdent de leur pudeur en se dévoilant nus au grand jour, même Paris n'arrive pas à éprouver de la joie. J'aime penser qu'on partage un atome crochu capital; ni elle ni moi ne sommes heureux.

Seize heures cinquante cinq, plus que cinq minutes et je pourrai quitter ce bureau bien trop étouffant.

Elle titille son crayon, le tape spontanément contre son bloc notes qui doit être encore vierge au nombre de paroles que je lui ai adressées.

Dix sept heures, je dépose un billet de cinquante sur son bureau et quitte la pièce sans un mot en récupérant mes déboires au détour du couloir.

Les gens n'ont plus d'âme. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant