Feu

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Irea rentra le regard vide. Elle avait abandonné son frère. Il était mort sans elle. Elle ne lui avait même pas dit au revoir.

    Elle avait quitté la maison de Pierrot en s'excusant malgré qu'il lui demandait de rester. Elle était à nouveau dans sa "grotte". Elle se demanda encore une fois comment mourir. Elle sentit une immense nostalgie s'incruster en elle. Et, pour la première fois depuis bien longtemps, elle s'endormit.

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Le jeune rouquin continuait son ascension, malgré les températures insoutenables. Il évita quelques braises ardentes, et les jets de feu qui sortait régulièrement du sol rocheux. Il aperçut une grotte, semblable à celle qu'habitait Irea, et y pénétra. Malgré la peur, il continua d'avancer dans la sombre salle. Il aperçut une lueur orangée au fond et rassembla son courage pour continuer. Malgré ses précautions, ses pas était bien audibles lorsqu'ils touchaient le sol noir. Il finit par entendre un bruit de respiration amplifié par l'écho. Il songea qu'il était possible que quelqu'un ai déjà touché la pierre de feu. Et donc que s'il le faisait cette personne mourrait. Il inspira un grand coup. Tant pis. Il rendrait le plaisir de vivre à Irea. Et puis elle avait dit qu'après être devenu immortel on ne souhaitait plus que mourrir, se dit il, peu convaincu.  Soudain, il se figea, ayant aperçut l'habitant de cette grotte. Il devait avoir 17 ans, ses cheveux avait la couleur puissante des flammes. Il regardait une pierre qui émettait une couleur orangée, la seule source de lumière. Le grand garçon se retourna. Frappé par une avalanche de souvenirs, complètement paralysé, Pierrot parvint à prononcer :

- A...Arthur ?

Le grand ne comprit pas, puis soudain réalisa.

- Pierrot ??!

Ils restèrent là, à se dévisager, puis Pierrot pris la parole.

- Je te croyais mort...! dit un sanglot retenu dans la voix.

Il inspira un grand coup avant se répondre.

- Je l'étais. Psychologiquement.

- Et moi ?? Arthur ! Tu étais mort, pour moi ! Puis maman est morte ! Et maintenant je dois supporter notre salaud de beau père !

- Maman est morte ? s'étonna t il tristement.

- Oui ! Ils étaient ensemble en voiture, il conduisait, et PAF ! Accident ! dit il en mettant un accent rageux sur le "paf".

-Viens, lui intima t il.

Il hésita d'abord et se réfugia dans les bras de son frère. Une chaleur agréable l'envahit. Puis la chaleur augmenta, augmenta, jusque devienir insupportable.  Pierrot se retira à contre coeur.

-Tu as touché la pierre élémentaire de feu, constata t il amèrement.

- Tu connais l'histoire...? remarqua t il.

Il hocha la tête.

- Qu'est tu venu faire ici ? demanda son frère pour changer de sujet.

Il baissa la tête.

- Toucher la pierre...

Il marqua un temps.

-Pourquoi ?

- Pour sauver Irea.

- Irea ?

- Elle a touché la pierre de glace, dit il sans plus d'explications.

- Sais tu ce qui arrive à celui qui a précédemment touché la pierre lorsqu'un autre la touche ?

Il baissa encore la tête et essuya une larme.

- Oui.

Arthur réfléchit, puis dit :

- Fais le.

Pierrot redressa a la tête, choqué.

- Quoi ?? Non !!

-Ça m'est égal de mourrir. Si ça peut te rendre heureux.

-Je ne serais pas heureux d'être responsable de ta mort.

-Je suis déjà mort. Il y a deux ans. En touchant cette pierre.

- Maudite, compléta t il tristement.

Les deux frères se regardèrent.

- Ça m'est égal de mourrir, répéta Arthur, mais toi, sachant les souffrances qui accompagent le contact de cette pierre, le veux tu ?

- Pour Irea, oui.

-Celle de glace ? Je suis déjà allé voir les autres éléments, elle était trop jeune pour moi. Mais peut être toi tu seras heureux.

- Et les autres éléments, il n'y avait pas de jolie filles ?

- Si. Celle de la foudre. Mais elle est morte lorsque quelqu'un à touché sa pierre. Et celui de la terre est un garçon.

- Pourquoi veux tu mourrir ? demanda tristement Pierrot.

- Maman est morte. Astrid est morte, c'était la fille qui a touché la pierre de foudre. Quant à ce qui nous sert de beau père... N'en parlons pas. Il n'y a plus que toi. Et je veux ton bonheur.

- Construisons le ensemble ! Je serais plus heureux avec toi...!

- Ton bonheur de suffira pas à me redonner le mien... Je...

- Je te redonnerais le goût à la vie ! le coupa t il.

- Mon palais ne capte plus que quelques saveurs puissantes, la vie m'est complètement fade.

- Arthur...

- Touche cette pierre, Pierrot.

Pierrot s'avança malheureux vers la pierre. Il jeta un dernier regard à son frère.

- Je t'aime, Pierrot.

-Moi aussi...! dit il d'une voix étranglée.

Arthur passa sa main dans les cheveux roux du jeune garçon. Pierrot laissa ses larmes couler sous le regard serein d'Arthur. Il avança sa main vers la pierre et la toucha.

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Il sentit une puissante chaleur s'emparer de lui, très agréable au début. Le temps de s'habituer à l'étrange sensation, il regarda le corps de son frère. Il était allongé sur le ventre, et on ne distinguait que ses cheveux roux. Il s'approcha doucement d'Arthur, très triste. À son tour, il caressa les cheveux mal coiffes de son frère, et constata qu'il était encore chaud.

- Moi aussi, je t'aime, lui murmura t il.

Il constata, d'abord avec effroi, que le toucher était de moins en moins évident, et qu'Arthur se dissolvait purement et simplement. Puis il se résigna, et regarda le corps de son frère disparaître peu à peu, jusque ne plus être là.

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Coucou ! Oui, c'est une histoire très triste et nostalgique. Mais très belle aussi, j'espère...! Merci de lire Irea ! :)

IreaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant