Deux éléments...

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Elle le vit arriver, dégageant une chaleur agréable. Il avait un sourire triste sur les lèvres.

- Pierrot ? demanda t elle.

Il ne répondit pas. Il se contenta de lui prendre les mains. Et là Irea sentit une chaleur la traverser. Elle poussa un cri. Ses mains glacées se réchaufèrent. Elle leva son regard de glace sur le visage de son ami. Une lumière qu'elle pensait éteinte s'alluma dans ses yeux.

- Qu'as tu fais ? dit elle, sachant la réponse, étant triste pour lui tout en étant intérieurement heureuse.

- J'ai touché la pierre.

Sur ce, il approcha ses lèvres des siennes et l'embrassa. Irea se laissa faire, ferma les yeux et laissa la sensation de chaleur délicieusement l'imprégner. Elle l'embrassa doucement, mais avec passion. Il mit ses mains autour de sa taille et elle passa les siennes autour du cou de son amour en collant son corps contre le torse chaud de Pierrot. Cette chaleur lui procura une sensation de délivrance, et la rendit infiniment heureuse et reconnaissante, prise d'une infinie gratitude pour le Ciel, pour Pierrot, pour le feu, pour l'amour, pour tout. Elle se sentait apaisée. Délivrée. Ils échangèrent un long baiser énivrant qui les remplit d'une joie immense. Puis ils se séparèret doucement. Irea garda ses mains collées au torse chaud de Pierrot. Elle planta ses yeux cristal dans le regard de flamme du beau roux. Ils lui sembla qu'il avait gagné en maturité, comme si quelque chose lui était arrivé. Elle tenta de déchiffrer son regard. Puis elle repensa à ce qui arrivait lorsqu'on touchait une pierre. Le précédent mourrait. Oui, elle se souvenait, c'était à ce moment là qu'elle avait perdu son innocence. Elle colla sa tête sur le torse chaud de Pierrot. Elle ne voulait pas y penser. Pas encore. Pas maintenant. Juste profiter de l'instant présent.

- Je t'aime.

~~~~~~

Ils se tenaient la main. Irea était apaisée et pour la première fois depuis des années en paix intérieure avec elle même. Mais Pierrot lui avait perdu son innocence. Son frère était mort devant ses yeux. Il l'avait revu et l'avait tué. Il avait tué quelqu'un, passablement son frère; pour son bonheur personnel et l'amour d'Irea. Si Irea retrouvait son bonheur, lui le perdait. Il était secoué par la perte de son frère. Une deuxième fois. Par sa faute. Il l'avait gros sur le coeur. Il avait voulu en parler à Irea, mais la voir heureuse après si longtemps l'en avait dissuadé. Alors il s'était tût. Et il avait profité tant qu'il le pouvait du moment de complicité. Il avait fait de ce moment de torture intérieure un moment de bonheur et d'amour. Mais il se sentait infiniment triste et n'avait profité qu'à moitié de l'instant de pur bonheur, son esprit allant sans cesse vers son frère. Il se sentait grandi, mais il ressentait l'émotion de nostalgie et d'évaporement des goûts que lui avait décrite Irea. Les rôles s'étaient inversé. Irea était heureuse et lui se sentait très, très vide. Il l'embrassa pour chasser ces sentiments. Il concentra toute son attention sur l'amour qu'il éprouvait pour Irea mais ses idées dérivaient toujours là où il ne fallait pas. Le soir tombant, ils décidèrent d'aller se coucher, et si Irea avait remarqué quelque chose des sentiments de Pierrot, elle n'avait rien dit. Donc il s'allongea, et s'endormir avec Irea contre lui et sur son bras. Il joua un peu avec ses longs cheveux blancs puis s'endormit enfin très tard, épuisé après une demi nuit blanche.

~~~~~~

Irea ouvrit les yeux. La chaleur nouvelle de Pierrot avait disparu. Elle tourna la tête. Ah. Normal, il était parti. Elle se leva, s'habilla et le trouva sur le rocher face à la longue étendue de neige. Il était en position foetale, come si il avait froid et fixait l'horizon d'un regard lointain.

- Pierrot ...?

Il revint à lui, cligna des yeux et tourna sa tête vers Irea.

- Oui ma douce ?

Quelque chose avait changé en lui. L'enfant fougueux et insouciant qu'elle avait rencontré avait laisse place à un jeune homme perdu, blessé, étrangement calme et terriblement sérieux. Elle soupira silencieusement et vint s'asseoir à côté de lui.

- C'est à cause de la pierre, n'est ce pas ?

Il ne répondit pas.

- Je sais ce que ça fait. De voir mourrir quelqu'un.

Il inspira.

- C'était mon frère.

Il ferma les yeux un moment puis les réouvra en regardant l'étendue neigeuse d'un regard vide. Irea fut étonnée par la réponse mais elle comprit. Elle repensa à son frère. Puis chassa ce souvenir amer de son esprit. Elle passa son bras autour de l'épaule du jeune roux.

- Je sais que c'est dur. Mais tu lui as rendu service.

Il ne répondit pas, continuant de fixer l'horizon tristement. Elle souffla doucement, et laissa un temps.

- Crois moi, il est plus heureux là ou il est là que lorsqu'il était encore ici.

Il ne dit rien. Mais fut un peu apaisé. Elle avait raison. Il inspira et embrassa Irea. Puis il regarda ses yeux. Il avaient retrouvé de la lumière. Un rayon de soleil éclairait ses yeux brillants comme des diamants. L'ombre d'un sourire passa sur les lèvres du jeune homme. Puis un léger frisson lui parvint. Irea l'avait remarqué et s'inquiéta.

- Qu'y a t il ?

Il inspira.

- Je ne suis pas dans mon élément. J'ai froid.

Elle ne répondit pas. La petite lumière s'éteignit. Il s'humecta les babines, se préparant à lui parler de son idée mûrement réfléchie.

- Je...

Il inspira.

- Est ce que... Serais tu d'accord de... Que tu aille voir.... euh... la pierre de feu, pendant que je serais hum, ... devant celle de glace...? Et ensemble, en même temps, on toucherait chacun la pierre, et... peut être que... Que tout redeviendrait comme avant. Que nous redeviendront "normaux". Tu... Est ce que tu veux bien...?

Il bloqua sa respiration. Irea inspira la bouche ouverte, comme pour dire quelque chose, puis finalement dit :

- Je veux bien. Comme tu veux.

Il respira de nouveau.

- Peut être que ça nous tueras tout les deux, voulu t il la prévenir quand même. Ou juste l'un d'entre nous.

Irea inspira.

- C'est un risque que je veux prendre.

- Comme tu veux.

Il l'embrassa. Puis il retroussa sa manche et lui tendis sa montre.

- À 16 heures précises, nous toucherons la pierre. Ensemble. En même temps.

- Comment sauras tu l'heure ? s'enquit t elle.

Il sortit son portable de la poche et le lui montra. Elle aquiesça. Il l'embrassa une dernière fois et ils partirent chacun dans leur direction.

~~~~~~

Il faisait chaud. Très chaud. Rien à voir avec la chaleur agréable de Pierrot.  Elle se sentait prise de vertiges face à la chaleur insoutenable. Elle évitait les jets brûlants et les lieux plus chauds que les autres. Finalement elle aperçut la grotte, très similaire à la sienne. Elle inspira et rentra dedans. Elle repéra assez vite l'éclat orangé de la pierre. Elle regarda la montre de Pierrot. 15h55.

~~~~~~

La pierre de glace était très proche de l'habitat d'Irea. Pierrot y était depuis longtemps. Il regarda l'heure sur son portable. 15h59.

16:00.

Il toucha la pierre.

Elle toucha la pierre.

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:3

Et oui, j'arrête ce chapitre ici ! X)

J'ai beaucoup aimé ce chapitre, j'espère que ça a été réciproque... -_- Bon, vous me direz. C'était bien ? En tout cas, merci de lire mon livre ! ^^

IreaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant