VIE DE BANLIEUSARD

#5

-11h00, à la maison-

Je me lève en balle, je mets un pantalon, je prends ma veste et vais chez Fayçal, faut que je le chope avant qu'il sorte et fasse une connerie.

Sur le chemin, j'ai croisé Amine. Ça m'a fait sourire qu'on ait eu la même idée.

-11heures16, chez Fayçal-

On a sonné à la porte. C'est sa mère qui a ouvert mais contrairement à d'habitude au lieu de nous forcer à rentrer, elle est sortie et a fermé la porte derrière elle.

Mama Fayçal: Je suis désolée les garçons mais vaut mieux pas que vous rentriez.. Il va pas bien du tout.. Hier il a pleuré toute la nuit.. Faut le laisser se reposer.

Amine: Et Sana ?

Mama Fayçal: Elle a décidé de partir chez Mélissa, le temps que tout se calme.

Moi: Et vous ?

Elle nous a regardé et a souri ce qui a effacé ses cernes pendant quelques secondes.

Mama Fayçal: Vous inquiétez pas.

D'un coup de main elle fait tombé nos casquettes, et nous ébouriffe les cheveux. C'était un drôle de sentiment, ça m'pinçait le cœur et à ce moment là, je voulais juste voir ma maman.

Elle est rentrée puis a refermé la porte. Une fois en bas du bâtiment, Amine me demande :

Amine: Comment elle va ta daronne ?

Il me regardait pas, il regardait en face de lui, une clope pas encore allumée à la bouche, il serrait tellement fort le briquet qu'on voyait ses veines ressortir. J'ai réfléchi pendant quelques minutes puis j'ai dit :

Moi: Je sais pas et toi ?

Amine: Moi non plus kho' (*frère).

Pendant quelques minutes on a rien dit puis :

Amine: On a déconné Djibril, faut qu'on s'reprenne sah (*sérieux).

Il m'a souri, puis m'a tcheké et on s'est séparés.

-11h49, à la maison-

Je suis rentré chez moi, ma mère buvait son café en regardant la télé.

Moi: Maman, j'ai une surprise pour toi !

Mama: C'est quoi ?

Elle m'a regardé avec curiosité, je l'ai prise dans mes bras, elle est tellement petite que sa tête m'arrivait au torse. Au début elle essayait de se débattre, puis elle a vite abandonné. À son tour elle m'a serré dans ses bras.
Je crois qu'elle m'a entendu quand j'ai chuchoté que je l'aimais.

Cette journée, je l'ai passé qu'avec ma mère, cette journée était sûrement la meilleure de ma vie, si il avait fallu que je meurs, je serais mort avec le sourire. Ma mère était plus belle que d'habitude, non, elle avait pas changé de coiffure, ni acheté une belle robe, mais elle avait porté son plus beau sourire.

-14h09, au parc-

J'étais avec ma mère, on était assis sur un banc quand elle se met à parler de Fayçal..

Mama: Comment il va Fayçal ?

Moi: Normal..

Mama: Je suis au courant pour Sana tu sais.. Sa mère me l'a dit..

Moi: Ah je vois..

Mama: Prends soin de lui, c'est maintenant qu'il a besoin de vous ! C'est bien beau de s'amuser ensemble mais quand on est amis, oui, certes on s'amuse ensemble mais on galère aussi ensemble.

Moi: Oui, t'inquiètes il le sait qu'il peut compter sur moi et Amine.

Mama: C'est pas parce qu'il le savait hier qu'il le sait aujourd'hui hein !

C'est vrai, elle a pas tort. C'est mon poto et c'est maintenant que je dois lui prouver.

Mama: Prends soin de Sana aussi.

Moi: Hein ? Quoi ? Mais pourquoi ?

J'ai senti mes joues chauffer, je sais pas pourquoi mais j'étais gêné zehma.

Mama: Pourquoi tu rougis ?!

J'ai baissé ma casquette jusqu'au menton et rabattu ma capuche.

Mama: Toujours ce camouflage hein..

Elle avait levé les yeux au ciel d'un air pensif puis reprend :

Mama: Quand j'étais petite ton père faisait pareil, encore aujourd'hui je me rappelle de la première fois qu'il m'a regardé dans les yeux.. Plus je te vois Djibril, plus je me dis que tu lui ressembles.

Moi: Évite de dire que je ressemble à ce connard.

Je me suis levé et je suis parti. Moi ? Ressembler à l'homme qui nous a abandonné alors qu'on était à sec ? Moi ? Ressembler à un lâche ? Jamais. La prochaine personne qui osera dire ça insha'Allah qu'elle en souffre.

-16h18, à la maison-

J'ai appelé Fayçal mais il répondait pas alors j'ai envoyé un message.

«Si t'as besoin de nous on est là kho.»

-18h05, au quartier-

J'allais me chercher à manger au carrefour quand j'ai croisé Sana, elle était en jogging, avait troqué sa tresse pour un chignon, son sac à main pour un sac à dos. Quand elle m'a vu, elle a rabattu sa capuche sur sa tête et a changé de trottoir. J'ai pas compris, elle m'en veut d'un truc ?

Les jours qui suivent.. Fayçal n'était toujours pas sorti de chez lui, moi et Amine on prenait de temps en temps de ses nouvelles.. mais toujours rien de nouveau. Sana elle nous évitait salement, au début je pensais qu'elle avait un truc contre moi mais elle évitait aussi Amine, je ne sais pas pourquoi. Quant à moi ? J'attendais le moment où Fayçal allait passer à l'action, parce que c'est sûr et certain qu'il prépare un truc.

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