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"Il pleut. Encore. Une pluie fine et glaciale qui colle les cheveux au visage. Je la vois à peine. Je sens sur ma langue le goût de l'amertume et de la lassitude. Je sens mes doigts qui s'agrippent au canon de mon fusil comme à l'unique fil qui me maintient encore en vie. Je sens les relents de poudre et de cigarette qui s'échappent des trous qui nous servent de dortoirs. J'entends le bruit régulier de nos pas dans la boue.

J'ose à peine lever la tête. Ils sont tous là, ils regardent, mais on ne sait pas quoi. Nous ou eux? Ils ne sont pas capable de dire quoi que ce soit sur nous, ils le savent. Après tout, nous ne sommes que le reflet de ce qu'ils sont eux-mêmes. Alors, nous ou eux? C'est la même chose.

Ils nous regardent toujours. Aucun ne rit, aucun ne pleure, aucun ne parle. Ils sont juste là, à attendre. A attendre le moment ou les "grands" leur donneront l'ordre d'aller se faire tuer. Oui. Parce que les "grands", ils ne savent pas ce qu'il se passe ici. Ou alors ils s'en fichent. Ici, il suffit d'une boule de fer pour qu'aient lieu des feux d'artifices de chair humaine, pour que des fleurs jaillissent en grandes flammes rouges, pour qu'un déluge de métal vous transperce la peau de toutes parts. La folie et la sauvagerie sont les maîtres mots ici. Trop. Trop de morts, trop de bras, de jambes, de bouts de cervelles et autres parties de l'anatomie humaine tellement abîmées que l'on ne sait même plus ce qu'elles sont.

Pourquoi moi? Pourquoi eux? Pourquoi nous? Parce que les actes irréfléchis des "grands" font des "petits" les esclaves de la guerre. La douce guerre qui, tel un fleuve, coule vers un océan qui semble s'éloigner de plus en plus.

Tiens? J'entends quelque chose... On dirait un rire... Le même rire cristallin qu'ont les enfants. Serais-je devenu fou? Je ne sais pas. Je ne sais pas mais je la vois. Une jeune fille. Blonde. Elle porte une robe bleue bon marché. Elle rit toujours et m'appelle.

"Papa!"

Alors, je baisse la tête et laisse les larmes couler, se mêlant à la pluie qui ruisselle le long de mes joues."

Je lève la tête. Elle est toujours là. Elle me regarde. Elle ne dit rien, mais je sais qu'elle comprend. Ses yeux brillent. Ses longs cheveux blonds sont éclairés par le feu de la cheminée.

Puis, elle se lève et s'approche. Elle se penche et me serre contre elle.

"Merci" et "C'est fini".

C'est plus fort que moi. Je me remets à pleurer et l'enlace à mon tour. C'est fini.

Alors, elle se dégage doucement et sourit.

"Bienvenue à la maison, Papa!"

***

Voilà!

J'ai eu plus de mal à écrire cette histoire que les autres parce qu'il y avait des moments où les idées ne me venaient pas... Mais je suis plutôt satisfaite du résultat!

J'espère que ce texte vous aura plus!


Recueil de TextesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant