Murmures

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Il y a des phrases, des mots qui blessent. Ils vous prennent à la gorge et vous lacèrent le ventre.

Au début, ce n'est qu'une bonne intention. Une demande d'aide, un service rendu.

Au début, on ne se rend compte de rien.

Puis, petit à petit, on doute. Et c'est lorsque l'on comprend qu'il est trop tard.

Alors, on fait bonne figure. On garde son masque, on reste calme, poli, souriant. On fait mine que rien ne nous atteint. Les pensées restent claires, mais le corps, lui, ne suit pas.

On essaye de détourner la conversation, d'éluder les questions. Les mains se crispent, la peau transpire. On veut rester soi-même, maintenir notre existence telle qu'elle l'était auparavant.

Le regard fuit, les traits sont figés. Le paysage défile, mais on ne le remarque même pas. L'esquisse d'un geste, et un profond rejet.

On est seul. Les autres autour ne veulent rien voir, ne veulent rien comprendre.

On est obligé de se dévoiler. On tente de gagner du temps, de brouiller les pistes.

Les sourires sont faux, les postures s'affrontent. Une main qui effleure l'autre.

L'air de rien, on se lève, on dit au revoir, et on sort.

Il fait beau, le souffle d'une légère brise caresse le visage.

On rentre chez soi et on tourne la clé.

Et alors, le masque se brise.

Tout revient, plus clair, plus violemment, on revit la scène encore et encore, comme piégé dans un cauchemar. A chaque fois, les détails sont plus nets, les contours mieux dessinés.

La respiration est saccadée, la vue se brouille. Les mains tremblent, et on s'effondre.

Secoué de pleurs, on essaie d'évacuer. On essaie d'oublier.

Et pourtant, on ne peut s'empêcher d'y repenser. De s'imaginer comment ça se serait passé, dans un autre endroit, à un autre moment.

Cette fois, on a réussi à s'en sortir.

Cette fois, il n'y a eu que des mots. Des allusions.

Alors pourquoi a-t-on l'impression d'être brisé au plus profond de soi, là où personne ne devrait pouvoir nous atteindre ?

Pourquoi a-t-on si mal ? Pourquoi a-t-on si peur ?

Cette fois-là, ce n'étaient que des mots. Mais les mots sont bien assez suffisants pour détruire une vie. Ils peuvent blesser au moins autant qu'une caresse trop forte.


Et des mots comme ceux-là, personne ne devrait avoir à les entendre.



A tous ceux qui ont dû écouter ces mots. Confiez-vous à quelqu'un qui vous est proche. Ne gardez pas tout pour vous. Et surtout, n'ayez pas honte de vous. N'ayez pas honte de pleurer. Cela montre que vous vous accordez encore de l'importance. Que vous êtes conscient que ce qui vous est arrivé n'est pas normal. Que vous vous considérez encore comme une personne, et que vous méritez d'être traité comme tel. Vous êtes vous, et rien ni personne ne pourra rien y faire. Et je trouve que c'est très bien comme ça.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 26, 2019 ⏰

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