Monsieur Velux allait dire leurs quatre vérités aux parents du gamin. Et après, il irait rendre son tablier.
Démissionner !D'un pas décidé, il se dirigea vers le sofa et s'assit comme il put entre les deux personnes .
— Madame, Monsieur, il faut que les choses soient claires...
— Hummmmm... Fit la mère
— ALORS OUI, JE CONÇOIS QUE CELA VOUS DÉPASSE TOTALEMENT, MAIS...
— Hummm... Fit le père
Sa colère grimpa encore d'un cran.
— C'est pas pour vous critiquez... Enfin, euh... Votre enfant là, c'est...
Les deux parents lancèrent un long gémissement. Monsieur Velux eut un coup de sang . Il se leva brutalement. Ces deux personnes , le rendaient fou. Il se mit devant la télévision, prêt à déverser tout son courroux, à leur faire subir son...
L'ours en peluche s'arrêta net. Toute sa hargne, sa colère, retomba comme un soufflé. Il se colla à l'écran, soudain désireux d'entrée dedans ou d'éteindre la lumière qui venait donner un relief aux atrocités qui se dessinaient devant lui. Mille fois pire que les poupées pendues la tête en bas!
Il n'y avait rien à attendre des deux parents.
Rien du tout.
Et même s'ils avaient été d'accord avec lui, la punition n'aurait pas pu être à la hauteur.Ils étaient bien vivants, mais...
Monsieur Velux oublia de respirer pendant un instant. La femme esquissa un sourire.
Mais un rictus loin d'être naturel.
Deux fils attachés à la commissure de ses lèvres venaient de se tendre et de commander le mouvement. Ses yeux semblaient dire tout à fait autre chose, ils étaient écarquillés et trahissaient une peur et une douleur intenses. Ses lèvres n'étaient pas la seule partie de son corps reliée à des fils. Toutes les extrémités de sa personne avaient la même particularité. Des liens qui n'étaient pas juste attachés à elle. Ils entraient littéralement dans sa chair. L'ours eut du mal à détacher ses yeux de la mère du gamin.Les pas désarticulés du père vers lui, l'arrachèrent à sa contemplation. L'homme, qui s'était levé, était dans le même état que la femme. Tous les câbles littéralement cousus à eux étaient tendus vers le plafond dans un désordre organisé. Les grincements lui indiquèrent que la ficelle était sûrement joint à un système de poulies quelque part au-dessus de leur tête dans le noir.
C'en était trop pour Monsieur Velux, il s'arracha à cette vision d'horreur en sentant clairement la panique s'emparer de lui. Il fallait qu'il quitte cette maison et vite, très vite. Il ne savait pas ce qui se passait ici, mais il n'avait pas l'envie d'en voir plus.
Mais qu'est ce qu'il avait fait pour ça ?
L'ours revint sur ses pas en courant, une boule d'ouate coincée dans la gorge. Mais, il s'arrêta un instant devant la porte du placard derrière laquelle il avait enfermé Noël.
Elle était grande ouverte !
Durant son tête-à-tête avec les parents du garçon, il avait oublié d'écouter les sons provenant de la cuisine et en particulier les insultes que l'enfant débitait avec un naturel déconcertant.
Une pensée infiniment dérangeante vint s'installer dans sa tête.
L'enfant n'était pas seul.
Il ne pouvait pas l'être.
On l'avait libéré. Et peu importait la dose de perversité qui existait chez ce môme, il n'avait pas pu faire de ses parents des pantins. La technique qui avait été utilisée était chirurgicale.
Ce gamin avait déjà un ami, un très bon ami.
Et bien réel.Monsieur Velux ne devait plus se contenter d'un mini fou furieux.
Il fallait qu'il sorte de là. Mais derrière cette évidence, ce besoin vital, se cachait un problème de taille.
Comment les éviter ?
Comment arriver dehors en un seul morceau ? Depuis qu'il était entré, il avait eu cette sensation qu'un piège s'était refermé sur lui. Et maintenant qu'il avait énervé le petit en l'enfermant dans ce placard, quelque chose lui disait que toute sa fureur allait se déchaîner sur lui.Et il était persuadé qu'il n'avait encore rien vu.
Pendant qu'il cogitait, il remontait le couloir qu'il avait, quelques instants plus tôt, traversé au pas de course afin d'échapper au morveux.
À présent, il marchait au ralenti, s'attendant, à ce qu'à tout moment, une de nombreuses portes s'ouvrent et qu'on lui saute dessus.
Et Dieu, que ce couloir était long !
Il se sentait épié, observé. Il savait qu'on se délectait de sa terreur, mais après ce qu'il venait de voir dans le salon, il ne pouvait pas s'en empêcher.
Il passa de nouveau entre deux portes qui ne s'ouvrirent pas. Il n'était plus qu'à quelques mètres de l'entrée. Il pouvait presque la voir se profiler dans la pénombre.
- Tu vois, je t'avais dit qu'il repasserait par là. Chuchota une voix.
Monsieur Velux se figea. La porte se dessina à ses yeux, certes.
Mais pas uniquement.
Le petit garçon y était adossé, se curant les ongles avec la pointe de sa paire de ciseaux. À côté de lui se trouvait une silhouette courbée et massive. L'ours devina qu'autrefois elle avait pu être plus impressionnante encore.
— Et qu'est ce qu'on fait maintenant, Pépé ?
La deuxième silhouette se redressa légèrement, laissant apparaître ce qu'elle tenait dans la main. Un énorme sécateur.
Monsieur Velux sentit tout le poids de son malaise venir l'écraser. Il avait envie de fondre en larmes, de s'allonger au milieu du couloir en boule et de pleurer en attendant qu'il arrive ce qui devait arriver, de toute façon.
— À ton avis ? On le charcute !
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Happy Imaginary Friends
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