Je saisis le papier qu'il me tend inquiète...
Sarzeau le 16 février 2015
Si l'un de vous trouve cette lettre, cela signifie que je suis décédé, je savais bien que cela arriverait. En tout cas ne soyez pas malheureux, je vous en prie les enfants, je suis toujours votre mari, père ou grand-père qui vous aime. Tout ce que je souhaite, c'est que preniez soin de votre grand-mère, c'est important pour moi. Et profitez de ma mort pour inventer plein de belles histoires à mon sujet, à raconter à ma petite Thaïs quand elle grandira. Une dernière chose, je me suis arrangé pour ranger un carton extrêmement important au grenier. Il faut absolument que vous le remettiez à Mathilde. Faites attention à vous, Votre mari, père et grand-père
- Tiens, voici le carton dont il parle, il te revient apparemment affirme oncle Jérôme, en poussant dans ma direction le lourd carton que j'avais découvert la nuit précédente.
- D'accord... eh bien... merci. Enfin, c'est gentil de me l'avoir donné...vous savez ce qu'il y a dedans ?
- Non, bien-sûr que non, nous n'avons pas ouvert, c'est à toi, répond-il gêné.
- Merci alors, soufflais-je en m'éloignant.
Je repose le carton dans la chambre que j'occupe avec Justine et m'empresse de la retrouver pour lui raconter ma trouvaille. Mais malheureusement, les amis et membres de la famille plus lointains sont arrivés pour la soirée d'adieux, je reporte notre discussion en me promettant de lui en parler le soir dans la chambre. Je la retrouve en train de boire un verre avec un magnifique jeune homme, dont les traits me rappellent vaguement quelque chose.
- Justine, désolée, oncle Jérôme voulait me parler je te raconterai, expliquais-je en lui faisant comprendre qu'il faudra que je lui parle.
- Aucun problèmes, tu te souviens, de Maxime ? On passait nos étés ensemble à construire des cabanes et à escalader les rochers...
- Oui, bien-sûr, comment ne pas se rappeler de Maxime ? m'exclamais-je en me souvenant des vacances évoquées par ma cousine. – Ouah, je suis vraiment ravie de te revoir ! insistais-je en lui faisant la bise
- Non, c'est moi qui suis ravi, une si jolie femme...
- Un si beau garçon... répliquais-je sans savoir s'il plaisantait, pour ma part j'étais littéralement tombée amoureuse dès les premiers instants, tu fais quoi aujourd'hui ? Célibataire ? Etudiant ?
- Tout de suite dans le vif du sujet ! plaisante-il, non, j'étais il y a quelques instants célibataire mais je viens de tomber fou amoureux d'une certaine Mathilde, il me semble, et je suis étudiant en droit à Paris.
-Bonjour tout le monde, au fait, si je gène, vous voulez peut-être que je vous laisse ou je peux aussi vous rappeler que c'est la soirée d'adieux de papi et que tu dois lancer ton diaporama dans quelques minutes Mathilde ? s'exclame ma cousine, agacée d'être mise à l'écart de notre discussion.
- Excusez-moi, je dois en effet y aller, à tout à l'heure, annonçais-je en me dirigeant vers le salon.
Je demande à tous les convives de s'approcher pour écouter les petits-enfants, lire leur discours et annonce la suite de la soirée, diaporama, discours des enfants et amis, puis mot de la fin par ma grand-mère. Les petits s'approchent et se mettent en ligne, Justine accroupie à côté d'eux et moi portant Louise. Chacun leur tour, les petits s'approchent et fixe au mur leurs dessins pour papi, puis, nous lisons le discours.
-Aujourd'hui, malgré la tristesse de te voir partir, nous ne pouvons que célébrer la vie vénérable que tu as menée. C'est quand même un exploit d'avoir vécu jusqu'à cet âge avec toute sa tête – et pas n'importe laquelle... – et d'avoir tout ce temps mordu dans la vie aussi passionnément. (Bien sûr, nous espérons que ce soit en partie héréditaire.)
Quel privilège, et quelle joie pour nous, tes onze petits-enfants, d'avoir eu un grand-père aussi exceptionnel. Et les souvenirs et histoires seront là pour te faire connaître à la plus jeune Thaïs qui n'a pas eu notre chance de te pratiquer comme papi.
Que de beaux souvenirs nous avons avec toi depuis tant d'années. Nous nous voyons encore, tout petits, récitant des fables de Jean de la Fontaine dans le coin de la salle à diner.
Papy, nous te gardons avec nous pour toujours dans nos cœurs.
Je lance par la suite, le diaporama préparé avec tant de soin, la nuit précédente, j'observe certaines personnes qui cachent furtivement une larme, d'autres saisir un mouchoir et d'autres sourire à la mémoire de ces moments oubliés avec le temps. Puis les enfants de papi passent, et enfin notre grand-mère, poussée sur son fauteuil par tous ses petits-enfants l'accompagnant. A la fin des discours et des témoignages, un photographe propose de faire des portraits par famille pour ne pas oublier à quel point sont précieux ceux qui nous entourent. Des groupes circulent devant la cheminée.
Au moment de passer à table, une main se pose sur mon épaule...
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Quelques grains de sable
Teen FictionMathilde, 16 ans seulement doit supporter l'absence d'un père puis la disparition d'un grand-père. A l'occasion de tristes retrouvailles, l'adolescente retrouve la complicité qu'elle entretenait avec sa cousine plus jeune. Un mystérieux carton port...