Deen-2

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Eva est partie depuis 10 minutes. Je reste dans le café à regarder les gens passer dans la rue, certains les yeux rivés sur leurs téléphones, d'autres les écouteurs enfoncés dans les oreilles, d'autres encore riant avec leurs amis. Je réfléchis à mon départ précipité de Paname. J'avais besoin de prendre l'air.
Cette fille m'a pris pour un con et moi j'ai cru à tous ses tours de passe-passe... j'étais dingue d'elle et elle m'a trahi. Depuis elle, je me suis interdit de tomber amoureux. Elle a été la première pour laquelle j'ai eu des vrais sentiments, mais également la première à me briser le cœur. Elle était tout pour moi, dès que j'étais avec elle, ma journée s'égayait. Pour elle, j'aurais tout sacrifié, la musique, mes potes... Elle semblait sincère, je crois que c'est ça le pire, non, le pire c'est de ne pas savoir si même un seul jour, notre relation a été sincère, ça c'est le pire...
Seuls mes potes sont au courant de cette histoire. Je n'aime pas en parler, ça fait remonter trop de vieux souvenirs et de mauvais sentiments.
Depuis elle, je n'ai plus réussi à faire confiance à une femme. À chaque fois, je pensais que c'était par intérêt, pour voir ce que je pouvais apporter. Et je finissait par ruiner tout espoir d'amitié ou plus...
Pourtant,  je ne peux m'empêcher de penser à la douce sensation de l'amour. Cette douce sensation qui envahit votre corps d'un gigantesque frisson, quand la personne que vous aimez approche. Cette douce sensation qui vous donne l'impression de flotter quand vous êtes avec elle. Cette douce sensation qui vous réchauffe les soirs où il fait froid, juste en pensant à l'être aimé. Cette douce sensation d'être dans un monde parallèle ou irréel quand vous embrassez celle, ou celui, qui fait chavirer votre cœur, que ce soit la première ou la centième fois. Cette douce sensation, je l'ai perdue quand elle est partie, quand elle m'a laissé. Je m'y étais habitué, j'aimais ressentir ce frisson quand j'étais avec elle. Mais dès l'instant où elle est partie, cette douce sensation a disparu.
Mais je dois arrêter de penser au passé. Je dois aller de l'avant...

Arrivée devant chez le dentiste, je reçois un message d'un numéro inconnu:
- salut! Merci pour le café de ce matin, ça te dirais d'aller souper ensemble demain? Ah, au passage, c'est Deen si t'avais pas compris

Un sourire se forme sur mon visage. Deen vient de m'inviter à souper. LE Deen burbigo! Je me décide à lui répondre plus tard, j'ai déjà 15 minutes de retard.

Une fois sortie du dentiste, je décide de retourner à mon appart. Le bus est là, parfait! Je monte et m'asseye sur un siège, mettant mes écouteurs et un son de Deen. Je remarque que la pluie s'est mise à tomber.

Après 10 minutes de trajet, je descends à Chauderon et monte l'avenue de France, déserte à cette heure ci. Arrivée en haut, devant l'immeuble 38, j'entends de la musique qui s'échappe d'une fenêtre, sûrement notre voisin Will qui habite au cinquième, un fanatique de rap US. J'entre le code de la porte et attends l'ascenseur. Une fois qu'il est arrivé, je vois qu'à l'intérieur se trouve Madame Villamayor. Une dame espagnole plutôt âgée habitant au troisième. Cette dame est notre troisième grand mère à Cloé et à moi. Elle nous a aidé à tout installer quand nous avons déménagé et elle est toujours prête à nous rendre service quand on en a besoin. Et ses gâteaux sont déments! Nous montons en discutant du temps et des histoires de voisinage. Arrivées au troisième, Madame Villamayor descend et je notre jusqu'au quatrième.
Je me retrouve devant mon appartement, en cherchant mes clés quand Cloé ouvre brusquement la porte.
- alors? Le dentiste?
-oh banal comme d'hab. Mais par contre il m'est arrivé un truc de fou ce matin!
Je lui racontais donc ma rencontre avec Deen burbigo, le café, le message. Cloé au début, ne me croit pas, puis quand je lui montre le message, elle comprend et me regarde avec des yeux plus gros que des assiettes!

Au final, nous avions prévu de profiter de notre jour de congé mais à cause de la pluie, nous sommes restées chez nous à regarder une série en mangeant de la glace à même le pot.

Je marche tranquillement dans les rues de Lausanne, sous la pluie. Je ne sais pas quoi faire. J'erre dans les rues, j'en ai rien à foutre d'être mouillé. Je n'arrête pas de penser à Eva, cette fille m'a chamboulé. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'elle est différente des autres. D'ailleurs elle n'a toujours pas répondu à mon message, j'espère qu'elle ne m'a pas donné un faux numéro. Je ne pense pas. Elle doit être occupée.
J'arrive lentement au quartier sous-gare, devant chez Hugo, mon ami lausannois. Je tape le code d'entrée et monte au cinquième. J'ouvre la porte, enlève mes chaussures, attrape un oreiller, rallume le reste d'un joint à Hugo d'hier et me pose sur le canapé. Je prends mon cahier de rimes et commence à écrire:
J'entends la pluie frapper sur la fenêtre,
La tête posée sur des plumes d'oies comme un prince,
J'ai mis quatre sonneries a 7h, 7h05, 7h10 et 7h15.
J'attrape le reste d'un niakson d'olive,
J'regarde la fumée toucher l'plafond jauni.
Le secondes deviennent élastiques,
J'envoie un message type qui dit que j'ai la grippe...

Ça peut être pas mal pour un son du grand cru...
Je me creuse la tête à la recherche d'autres couplets et au fil de mes pensées, je m'endors lentement...

Short stories- L'entourageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant