Après être restés un bon moment chez Mehdi, on a décidé de sortir. Je ne voulais pas voir Valentin, même si au fond, il me manquait.
Alors on a sonné à sa porte, et je suis restée caché derrière la fine silhouette de Georges._ Oh le squa !
Je l'entends rire un peu en tcheckant la bande qui se tient devant moi puis ils entrent au fur et à mesure. Et je me retrouve seule face à lui.
Qu'est ce que j'ai honte putain là toute seule avec mes doutes et lui clean qui me regarde. Il esquisse finalement un sourire, semblant vouloir casser ma gêne et, contagieuse de ce rictus, je lui rends._ Par contre tu me dois un étendage. Me dit-il en me prenant sous son bras et en me serrant un peu contre lui.
_ Ouais t'inquiète j'te promets.Je sens le poids de la rage quitter un peu mes épaules, même si au fond je suis toujours un peu douteuse, mais c'est Val', alors arrêtes tes conneries Ana.
Tout le monde s'installe dans les canapés en vieux cuir, en attendant que le reste arrive.
Ken passe la porte avec le grand Sneazzy et puis d'autres gars que j'ai sûrement du voir mais dont je ne me souviens pas. Ken est vraiment quelqu'un de cool et de confiance, même si bourré il est un peu con. Sneaz, lui il est mystérieux et il boit pas beaucoup. Il est gentil mais surtout du-per, un peu comme nous tous ici, un peu comme toutes ces têtes qui défilent dans l'appart.
Tout le monde se dit bonjour et quelqu'un met un vieux rap U.S. en fond.
C'est un vrai cirque si vous saviez.. Je les regarde boire et rire, je les vois s'abandonner et se remplir mais je les entends pleurer et crier au fond. J'écoute le désespoir qui domine toutes ces soirées, il m'assourdit et les larmes coulent dans les cœurs comme ce liquide malsain dans nos gorges.Une voix me sort de mes pensées sombres.
_ Eh la reus'
Sneazzy s'affale à côté de moi.
_ Quoi de beau ? Me demande-t-il.
_ Rien de spécial..
_ Askip tu t'es vener contre Val aujourd'hui ?Je soupire en portant mon regard ailleurs. Pourquoi tout le monde se sent obligé de se mêler des affaires des autres ?
_ Oh non vas y fais pas cette tête j'en parle plus, juré. Me dit-il en levant son petit doigt.
Je le saisi en riant un peu et attrape le verre de Whiskey que Sneaz' a dans les mains.
_ Par contre ça c'est mon verre !
_ C'était du coup.Il sourit et reste un moment silencieux à regarder autour de lui, semblant réfléchir.
Valentin enchaîne les bedos, le fenek et Sanka analysent un vieux cendrier, un petit renoi teint en blond est affalé sur un fauteuil, la tête en arrière et un sourire béat sur le visage. Et puis Sneaz qui, perdu dans ses pensées, s'enfile des Ricards comme un vieux mafieux. Mehdi et Khalil lancent des morceaux de papier mouillés au plafond, titubant dans la petite salle. La brume envahit les yeux, tout le monde s'éloigne de la réalité et j'observe le spectacle, là, assise sur un coussin moisi, mon t shirt moite.
Putain mais il fait chaud dans cet appart.
Je jette mon pull au sol et me dirige vers le balcon. À 23h il faut déjà enjamber des dizaines de cadavres de bières.
J'arrive sur la petite terrasse, éclairée par le seul lampadaire du bas et les lumières des richos au loin. Malgré le sentiment de rage qui me traverse par vague je ferme les yeux, attrappant la rambarde métallique de mes deux mains, tentant d'apprécier l'air qui vient frapper doucement mon visage.
C'est tellement paisible.
Et puis ces foutues images reviennent, et j'entends cette voix qui résonne, et je sens sur ma peau cette sensation dégueulasse.
Merde.
Cinq putain d'années que je fuit toutes les tentatives de reprendre contact, cinq ans qu'Assia et ma vieille mère ont disparu de ma vie, cinq ans que je me cache dans Paname. Triste vie.
Mes mains serrent la barre froide un peu plus fort.
Une odeur de clope envahit mon nez, je déglutis bien que je crève d'envie de m'en griller dix.
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Jeudi gris
General FictionBrouillons qui traînent depuis la sortie d'Héra, il est grand temps que ces mots voient le jour. Maladresse et regard noir, je vous laisse découvrir Ana et tous ceux qui la connaissent.