Chapitre 2 : la jungle

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J'arrive dans le hall. Il y a plusieurs affiches accrochées aux murs. Le bureau du CPE est sur la droite, et accueil se trouve sur la gauche. Dans le fond, il y a une porte ouverte qui semble donner sur un couloir, ainsi qu'un escalier pour monter aux étages supérieurs. Le sol est en lino d'une couleur affreuse oscillant entre le bleu et le vert. Et les murs sont d'un rose fade. Je ne sais pas quand a été construit ce collège mais il y a du progrès à faire.

Je me rends donc à l'accueil. Je me dirige vers une femme aux cheveux teints en blond à en juger par la couleur des racines, qui est assise derrière un bureau. Elle a d'ailleurs l'air revêche et est très peu avenante. 

"_Excusez-moi." je demande timidement. Pas de réaction.

"_Je m'appelle Zoé Joly et je suis nouvelle. On m'a dit de m'adresser à vous." je retente. Cette fois, la mégère semble m'avoir entendu. 

"_En effet, on m'avait parler d'une nouvelle. Et bien, pourquoi êtes-vous en retard, mademoiselle....Joly ?"elle prononce mon nom de famille comme si c'était un mot sale et vulgaire. Ma peur s'est envolée pour le moment afin de laisser place à de la colère à son égard.

 "_Mon réveil n'a pas sonné." je ment car je ne sais pas quoi dire d'autre, la vérité étant que j'étais tellement stressée que j'avais passé de longues minutes à me regarder dans mon miroir à me poser des questions existentielles telles que "suis-je bien habillée ?". Pathétique, je sais.    

"_ Bon, et bien, suivez-moi ! Qu'est-ce que vous attendez ?" lance finalement la mégère.

"Salope!"je pense en la suivant.

Forcément il fallait que les classes des troisièmes soient au dernier étage. Après plusieurs volées de marches, la femme m'amène devant ma future classe. La troisième B, indique une feuille sur la porte. Mon ventre recommence à me faire mal et je commence à avoir la nausée. La femme frappe à la porte et un professeur vient l'ouvrir.

"_Ah la petite nouvelle, s'exclame-t-il en m'apercevant, je commençais à croire que tu t'étais perdue" ajouta-t-il à mon intention. Il a l'air sympathique. Il n'est pas très grand et il a des cheveux gris qu'il porte court comme la plupart des garçons. Il me fait entrer et je me retrouve tout à coup devant plus d'une vingtaine de personnes. Je rougie, et je déglutit difficilement. Le professeur se présente. Il s'appelle monsieur Manchon et c'est le professeur de français ainsi que le professeur principal de la 3eB. Et comme ça devait arriver , il me demande de me présenter. Génial, en plus il y a une estrade, comme ça on peut me voir encore plus.                            "_Heuu, je m'appelle Zoé Joly et j'ai 15 ans. J'ai déménagé la semaine dernière de Paris."j'ai honte. Qu'on mette fin à ce supplice !!! M. Manchon doit être satisfait fait de ma piètre performance parce qu'il m'indique une place vide, dans le fond, à côté de ce qui à l'air d'être le cancre ou le clown de la classe. 

"_Alors, la parisienne !" m'interpelle mon nouveau voisin. 

 "_Quoi ? T'as un problème ?"je réponds abruptement. 

"_Mais c'est qu'elle mordrait !" enchaîne-t-il sans se démonter.                  

Les  deux filles de la table de devant se retourne pour me regarder en gloussant. "Génial, il manquait plus que ça" je pense avec amertume. Je sens que la journée n'est pas passée. L'heure de la pause arrive. Je demande où sont les toilettes à un groupe de filles. Elles me toisent du regard avant de m'indiquer le chemin. La cloche sonne et tout le monde rentre en classe. Les profs se présentent mais je ne retiens pas leur nom. Tout ce qui m'importe en ce moment, c'est de me trouver des amis. Je ne veux pas manger seule. J'ai peur.  

Il est midi. Tous les élèves se précipitent vers le self. J'ai envie de pleurer. Je me sens atrocement seule. Le temps passe et je ne croise plus que quelques personnes dans les couloirs déserts. Je me promène même si la balade n'es pas agréable. J'essaie de me repérer. J'arrive finalement devant le self et je décide d'aller manger. Seule. Ma pire crainte. Je m'assoie donc sur une table, avec mon repas pour me tenir compagnie. J'ai l'impression que tout le monde me regarde, parle de moi, se moque. Je ne supporte cela que quelques minutes, puis n'y tenant plus, je me lève, pose mon plateau et sort du self.

Le soir, je rentre de l'école à pied car ma mère est encore en train de travailler. Je me réfugie dans ma chambre et là, n'en pouvant plus, j'éclate en sanglots. J'entends ma mère rentrer alors j'essuie mes larmes sur mon oreiller. Je mets de l'eau sur mes yeux pour cacher que j'ai pleuré. Comme quand je n'avais pas pu cacher la liaison de mon père à ma mère, je ne peux pas lui avouer que je ne me suis pas faite d'amis. Je ne le supporterai pas. Alors je mens. Oui, je me suis fait plusieurs amis. Oui, je me suis bien amusée. Oui, j'ai été sage.... Je dis à ma mère que je suis fatiguée, que je n'ai pas faim et je vais me coucher.





The mess that is my lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant