Fais-moi danser sur tes joues relevées

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- Je me demande quand arrivera l'événement qui me fera craquer, souffla Alice en s'essuyant le front d'avoir tant travaillé. Tu y crois toi, au bonheur de longue durée ? se renseigna-t-elle en regardant l'homme qui la tenait dans ses bras, affalé auprès d'elle sur le canapé.

- Je crois en nous, dit-il dans un élan de satisfaction. Ça te va ? demanda-t-il en complétant le regard d'Alice, qui répondit très favorablement à son sourire.

Elle se redressa sur son bras et embrassa Fred avec tout l'amour qu'elle lui vouait en preuve de sa confiance en lui, en leur avenir main dans la main, avec un anneau brillant à l'annulaire gauche relié à leurs cœurs qui ne battaient que pour l'autre respectivement.

- Je t'aime, chuchota Alice.

Il murmura un « moi aussi » qu'elle fut la seule à entendre et, dans le secret de leur amour, elle se plaça de nouveau contre lui les yeux rivés sur les escaliers en s'imaginant une photo de famille regroupant tous les membres accumulés, avec Ada auprès de Nathan.

- Il faut que je te parle d'un détail qui a toute son importance, réussit-il à placer dans leur échange charnel et vocal en faisant preuve d'un grand courage.

- J'espère que ça ne nous concerne pas. Enfin, pas trop, se reprit-elle pour rendre opaque ce qu'elle avait en arrière pensée.

- Ça vous concerne toi... et ma mère.

- Ta mère ? reprit la juge en se plaçant en face de lui. Oh non...

- Attends, je ne t'ai encore rien dit ! se moqua Marquand.

- Je sais, souffla Alice. Mais je connais les mères.

- Tu as connu celle de Mathieu ? supposa-t-il en se raidissant soudainement, prenant un air sombre et déçu d'avance.

- Mais non, Fred ! le soulagea-t-elle dans la seconde. Non, c'est juste que je n'ai pas de mal à me représenter quelle image on peut me donner.

- Comprends pas, dit Fred en omettant volontairement le « je ne ».

- Mais si ! regarde ; si un jour, le plus tard possible j'espère, Paul rentre à la maison avec une demande d'approbation à son mariage avec une fille qui l'a fait souffrir, je peux te dire que j'aurai du mal à accepter ! Je ne veux que le bien de mon fils !

- Je rêve ou tu viens d'avouer que tu m'as fait souffrir ?

- J'en ai toujours eu conscience, même s'il n'y paraissait pas, dit-elle simplement en baissant le regard. Je sais combien je me suis fait souffrir moi, à me priver en croyant nous préserver... Et j'imagine qu'on n'a pas dû vivre un malheur très différent.

- Eh, c'est pas le moment de nous faire un burn out sentimental ! la rappela-t-il à l'ordre. C'est pas de ta faute. C'est pas entièrement de ta faute, compléta-t-il avec davantage de précision. On a tardé tous les deux, mais l'essentiel c'est qu'on ira tous les deux devant le maire, et avec un oui.

Ils firent le même sourire solaire qui laissait entendre un espoir tout à fait merveilleux.

- Alors, qu'est-ce qu'elle a ta maman ? questionna la juge en joignant leurs mains.

- Ma maman elle euh... Bon, elle comprend hein... Mais elle ne t'accepte pas vraiment. Elle veut me préserver, tu vois.

- Je vois très bien. Qu'est-ce que tu proposes ?

- J'ai essayé de te décrire à elle, mais c'est sacrément ardu comme tâche, apprit-il à Alice en lui souriant pour la rassurer. Du coup, j'ai pensé à une rencontre. De toute façon ça s'impose, on ne peut pas se détourer d'un tel élément. Ça fait partie de nous ; elle et toi êtes mes deux plus grands amours.

- J'espère que tu ne le lui as pas dit comme ça...?

- Bah si, pourquoi ?

- Pourquoi ? Mais parce que me placer à son rang peut la mettre en furie, Fred ! s'expliqua-t-elle en se levant pour faire les allers-retours propres à l'anxiété. Je sens que je vais passer un sale moment, moi... Et puis je ne sais pas quoi lui dire...

- La vérité, peut-être.

- Peut-être, pourquoi pas. Mais quelle vérité ?

- Il n'y en a qu'une, rit Fred.

- Non, deux ! Soit que je t'aime éperdument depuis toujours, soit que c'est un mariage blanc pour l'adoption d'une jeune fille qui a besoin de nous.

- Ah...

- Tu n'y avais pas pensé ?

- Disons que mon petit nuage était confortable.

- Je vois. Donc...? Tu choisis quoi ?

- Les deux, c'est possible ?

- Mh... oui. Mais il faut choisir le bon ordre. Et c'est le plus difficile. On ne peut pas lui dire que c'est un mariage blanc, puis d'amour. On doit lui dire qu'on s'unit d'abord par amour et ensuite que ça profite à une enfant dans le besoin. Ça te va ?

- Oui, madame éloquence.

- Bien. Tu le lui diras.

- Pourquoi moi ?

- Tu veux qu'elle me haïsse jusqu'à la tombe ? Je ne vais pas, en plus de me présenter comme étant la principale cause de ton cauchemar passé, endosser le rôle de l'annonciatrice. Ah non, ça, tu te le gardes.

Il se leva pour la rejoindre ; elle entoura instinctivement sa nuque et lui posa ses mains sur ses côtes pour la maintenir près de lui.

- Je vais dire un truc assez fou. Tu es prête ?

- Hm, acquiesça Alice.

- On s'aime très fort tous les deux.

La joie venait toujours après la peineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant