Jusqu'ici, tout va bien.

Julie

Je profite que Thibaut soit parti se doucher pour fouiller dans son téléphone. J'ai des doutes, il faut que j'en ai le coeur net.

Je fais défiler les textos. Les derniers sont les miens et ceux de son meilleur pote. Puis, un nom de mec qui ne me dit rien : Sylvain et un coeur en guise de message. Un coeur ? A l'un de ses potes ? C'est pas son style. J'ouvre la conversation et je m'écroule sur le canapé du salon. Des rendez-vous, des messages d'amour, des déclarations. Mais c'est quoi ce délire ? Il me trompe, avec un mec ? Non, j'y crois pas.
Je jette un œil vers la salle de bain, la porte est toujours fermée, j'entends l'eau qui coule signe que j'ai encore un peu de temps devant moi. De son portable je compose le numéro. Au bout de trois sonneries je finis par tomber sur une messagerie que je ne connais que trop bien :

"Salut, c'est Mélanie, laisse-moi ton message, bisous-bisous !"

Putain de m****, Mélanie, il me trompe avec Mélanie ?! Ma plus ancienne amie. Je suis écoeurée. J'aurais finalement préféré que ce soit avec un mec. Ma pote et mon mec ? On me poignarde de tous les côtés.

Prise d'une furie incontrôlable, je fonce dans la salle de bains et tire violemment le rideau de douche.

- Mais t'es folle ! Crie Thibaut dont le corps est recouvert de savon.

- Espèce de co***** ! T'es vraiment un pauvre type ! Je te déteste ! Hurlé-je en balançant le portable dans la douche de toutes mes forces.

Je me retourne et claque la porte de la salle de bains en laissant Thibaut complètement abasourdi, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés.

Je me dirige vers la cuisine et ouvre le placard où se trouvent les bouteilles d'alcool. Je ne bois pas habituellement mais là il faut à tout prix que je trouve le moyen d'apaiser cette douleur qui irradie en moi. Je délaisse la bouteille de Whisky au profit d'une bouteille de Vodka, je préfère l'alcool blanc en général. J'ouvre la bouteille et avale une première gorgée directement au goulot. Ca brûle mais ça fait moins mal que cette trahison.

Je ne peux pas rester là, je ne veux pas être là quand il va sortir de la douche car je ne sais pas comment je vais réagir. J'attrape mes clés, ma veste et quitte notre maison. Je monte dans ma voiture et me dirige vers un parc que j'aimais bien étant plus jeune.

Je prends ma bouteille, ma meilleure amie pour la soirée et je vais m'asseoir au pied d'un arbre situé un peu à l'écart, à côté de la rivière.

Je pleure. Je me rends compte que mon univers que je pensais si parfait vient de s'écrouler. C'était en fait une mauvaise farce, on se jouait de moi depuis longtemps. Mon amie, mais comment a-t-elle pu oser me faire ça après tout ce qu'on a pu vivre ensemble pendant toutes ces années ? Pourquoi m'a-t-elle fait ça ? Elle se foutait bien de ma gueule quand j'y repense. Elle couchait avec Thibaut derrière mon dos. Je suis dégoûtée, tous les deux ils me dégoûtent. Quelle conne je suis ! La parfaite cocue ! Un rire involontaire s'échappe de ma gorge.

Je reprends une nouvelle gorgée de Vodka et replonge dans les souvenirs, j'essaye de chercher les indices que je n'ai pas vu auparavant, je reconstitue le puzzle. Chaque nouvelle gorgée m'aide à comprendre, me redonne un peu de force, ou m'anesthésie tout simplement. Le soleil faiblit à travers les branchages, le ruisseau coule paisiblement à mes pieds. Les oiseaux sont heureux, c'est une magnifique journée de printemps. Pour tout le monde, sauf moi. Ma vie ne tourne plus rond, rien n'est plus paisible ou serein comme ce paysage. Tout est en ruine, par leur faute. Par sa faute à elle ! Elle était censée être mon amie et dès que j'ai le dos tourné elle me poignarde.

Elle me doit une explication, elle ne va pas s'en sortir comme ça. Elle va devoir m'expliquer droit dans les yeux pourquoi de tous les mecs qu'il y a sur terre elle a choisi celui de sa soi-disant meilleure amie ? Oh oui, elle va s'expliquer, et le plus tôt sera le mieux ! Habitée par une énergie nouvelle je me lève et retourne à ma voiture. Je pose la bouteille sur le siège passager et introduit les clés dans le contact. Je mets la musique à fond et jette un coup d'oeil à mon reflet dans le rétroviseur. J'ai les yeux bouffis, les joues rougies, je fais un peu peur. Je remets un peu d'ordre dans mes cheveux afin de ne pas passer pour une folle et je prends la route.

Mélanie habite dans une rue passante du centre, je dois traverser une bonne partie de la ville pour me rendre chez elle. Pendant tout le trajet je mets mon discours au point dans ma tête, la colère suinte à travers tous les pores de ma peau. Je prends un virage un peu sèchement, ma nouvelle meilleure amie tombe sur le sol de la voiture et roule sous le siège. De ma main droite, je saisis la bouteille et la pose à nouveau à côté de moi. Et quand je me redresse c'est là que je les vois. Ses yeux ...