Aujourd'hui on se croirait presque en plein été. Une superbe journée de printemps, avec des prévisions similaires pour ce week-end, ça va être génial. Timéo joue sur les balançoires et les toboggans de l'aire de jeux située sur la place principale.
Fabian ne devrait plus tarder, on va enfin pouvoir se prendre un petit verre en terrasse entre potes pendant que Timéo aura le droit de boire un jus de fruit. J'imagine déjà le drame que va en faire sa mère : "il va être tout énervé, avec tout ce sucre, tant pis c'est toi qui te débrouilleras pour le coucher". Oui, je me débrouillerai pour le coucher, j'assume, mais il faut savoir vivre un peu parfois. Mon portable se met à sonner. Je me lève du banc où je suis installé quand je vois le nom de la personne qui m'appelle : Vanessa, la mère de Timéo et accessoirement ma compagne.
- C'est moi, vous êtes où ?
- Fabian voulait que le rejoigne en ville pour aller prendre l'apéro donc on l'attend avec Timéo.
- Tu te fous de ma gueule ? Tu emmènes Timéo avec toi dans un bar alors qu'on devait aller faire les courses et lui acheter des chaussures ? C'est une blague ?
Je me détourne de Timéo pour qu'il n'entende pas ce que je m'apprête à dire :
- Mais pourquoi tu t'énerves putain, t'en as pas marre d'être toujours en train de crier pour un oui ou un non ? Qu'est-ce qu'on fait de mal, on prend l'air, c'est vendredi soir, les courses on aura tout le week-end pour les faire !
Timéo tire sur le bas de mon jean afin d'attirer mon attention, il me montre un marchand ambulant tandis que les cris de sa mère redoublent dans le téléphone.
- Papa, y a des ballons Star Wars, je peux les voir ?
- Oui, oui, attends Timéo.
Vanessa ne cesse de hurler et de m'insulter, je suis épuisé de cette vie. Elle me bouffe la vie, par moments je me demande ce que nous faisons encore ensemble. Je la laisse crier dans le vide, ça ne sert à rien que je réponde quoi que ce soit quand elle est dans cet état. Elle a juste besoin de vider son sac. Si Timéo n'était pas là, je pense que je l'aurais déjà quittée, mais c'est trop dur d'imaginer de ne le voir qu'une semaine sur deux. Quand je pense à cet adorable petit garçon je me dis qu'il faut que je tienne bon, nous allons surmonter ce cap, ce ne sera pas la première fois. Et soudain, je m'aperçois que Timéo n'est plus en train de jouer sur la place à côté de moi. Des yeux, je cherche sa silhouette parmi les autres enfants qui jouent sur les balançoires.
Et là, j'entends. J'entends le crissement des pneus, les cris, le choc. Le corps de mon petit garçon vole dans les airs et s'écroule avec violence sur la chaussée.
Je lâche mon portable tandis qu'un hurlement de détresse s'échappe de ma gorge :
-Timéo !!!
Je cours le rejoindre tandis que les passants commencent à s'aglutiner autour de la scène. Je me rue sur le corps de mon petit garçon et je le serre fort dans mes bras. Je ne sens même pas les larmes dévaler mes joues tandis que j'observe le corps abîmé de mon si parfait petit garçon. Il y a du sang sur le bitume, trop de sang.
Mon Dieu, faites qu'il s'en sorte, je vous en supplie, prenez-moi mais laissez-le vivre. Je vous en supplie. Timéo...
Une ambulance finit par arriver ainsi qu'une voiture de police. Le temps n'a plus de valeur, une seconde, une minute, une heure, je n'arrive plus à me repérer. Les secouristes me demandent de lâcher mon fils pour pouvoir s'occuper de lui, ils finissent par me l'ordonner car je n'arrive pas à me détacher de lui. Je me relève et les observe s'affairer autour de son corps si frêle, si fragile. Ma respiration est saccadée, tout ce qui m'entoure devient flou, je me plie en deux et vomis le contenu de mon estomac sur le bitume.
Un secouriste se tourne alors vers moi et m'annonce ce qu'au fond de moi je sais déjà mais refuse d'admettre :
- Je suis vraiment désolé Monsieur, nous ne pouvons plus rien faire. Toutes mes condoléances.
- Non, non, non. Non !!! Faites quelque chose, je vous en supplie, sauvez-le, c'est mon fils, crié-je tout en m'éloignant de cet homme qui tend une main vers moi.
- Monsieur, écoutez-moi, venez avec moi à l'intérieur.
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Jusqu'ici, tout va bien.
Short StoryPar une belle journée de printemps, Julie découvre que son compagnon la trompe. Elle pense que son univers s'effondre lorsqu'elle croise la route de Clément. Par cette belle journée de printemps, leurs univers vont se percuter et leurs vies seront b...