Acte 1~ Petit mouton

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Il doit être deux heures du matin.
Sur le parquet du salon, les ombres des nuages défilent. La lune blafarde éclaire la maison loquace.
L'horloge de la cuisine, de son pouls régulier se fait entendre.
À l'étage, on peut percevoir les respirations profondes et le grincement des meubles en bois.

La chambre des parents est plongé dans un noir complet, deux corps enlacés à demi-dénudés sont plongés dans des rêves sereins.

De l'autre côté du couloir une chambre de petites filles est illuminée par la clarté lunaire. Des petits moutons tournent sur un axe au centre du plafond. Des rideaux, roses pastel, occultent les contours d'une fenêtre en bois craquelé.
Le parquet grinçant est recouvert d'un tapis molletonné gris. Le reste de la pièce est occupée par un petit berceau aux tons clairs, une armoire parsemées de nuages et d'un lit d'enfant.

Agnelle est là, les yeux fixant le mobile ovin. Elle caresse de ses petites mains fines et blanches sa chatte Khao Manee qui ronronne près d'elle. Dans son petit lit, la nuit lui paraît longue et son chat s'endort profondément près d'elle, Larme ne ronronne plus.
Elle se retrouve toute seule, tous les soirs quand tout le monde s'est endormis et s'assoupit après avoir regardé patiemment, inlassablement les moutons, le temps que le sommeil l'emporte.

Les bêlements des brebis réveille la maisonnée. Les agneaux qui n'ont que quelques semaines, restent pelotonnés contre leur mère pour avoir chaud. Ils braillent pour être nourrit, les brebis sont déjà fatiguées par leurs progénitures.

Agnelle frotte ses petits yeux.
Le jour qui se lève éblouie sa chambre de rayon dorée, Larme s'étire et miaule à son oreille.
Elles se lèvent, Agnelle revêt son gilet en laine mohair grise au-dessus de son pyjama et descend les escaliers à pas de velours, suivit par sa chatte. Arrivée en bas, elle prend un verre de lait de brebis dans la cuisine et enfile ses bottes roses.

Larme gratte la porte menant dehors, Agnelle lui ouvre la porte et sort, elle aussi, pour rejoindre la bergerie accolée à la vieille maison.
En poussant la porte en fer gelé le bêlement des moutons l'assaillent, elle referme la porte derrière elle et Larme saute sur les barrières en bois et sur les poutres comme pour examiner tout le troupeau.
La petite s'approche des agnelets et offre ses petits doigts pour qu'ils tètent. L'apaisement les gagnent, Agnelle les abandonne pour rejoindre les agneaux d'un mois qui partiront bientôt. Elle passe la barrière et s'approche d'eux pour les caresser, malgré leur tempérament turbulent ils s'approchent d'elle et attendent chacun leur tendresse matinale.

Gypsy la chienne de troupeau grogne envers Larme qui la surplombe sur une barrière.
Agnelle cogne contre la grande porte, le son métallique fait taire tous les autres bruits. Gypsy se faufile vers la petite et s'allonge à ses pieds, elle attend l'ordre. Agnelle pousse avec ses petits bras la grande porte et Gypsy reste en garde pour que les moutons ne sortent pas encore.
La petite s'assoit sur la barrière extérieure, humide, en bois, elle reprend son souffle qui forme des nuages d'humidité dûs à la fraîcheur de ce matin de Mars. Gypsy court dans l'enclos de quelques hectares suivent par le troupeau.
Il reste seulement dans la bergerie les brebis suitée des agneaux de moins d'un mois.

L'église du village sonne huit coups.
Agnelle rentre dans la maison, Larme la rejoint. Elles s'assoient toutes les deux dans la cuisine et entendent les grincements de l'escalier.

Agnelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant