Scène 1~ Le vent se lève

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La scène se passe dans le bureau de Béatrice, assistante sociale en charge du dossier d'Agnelle auprès de la protection de l'enfance.
Le couple est assis face à elle et discute de la petite fille.

Angéline, le visage ennuyée et gesticulant avec ses mains -
Mais je ne comprends pas, elle ne fait aucun bruit, elle ne parle pas, elle ne cherche pas à communiquer avec nous.

Marc, en posant sa main sur les genoux de sa femme -
Il est vrai que nous nous imaginions un contact plus facile, nous nous faisions une telle joie de l'adopter.

Béatrice -
Comprenez bien que son cas est particulièrement traumatisant pour une enfant de son âge et qu'il lui faudra du temps pour vivre mieux avec la mort de ses parents.
Je vous conseille vivement de l'emmener voir un psychiatre spécialisé dans ce type de traumatisme. Cela devrait l'aider à comprendre qu'elle n'est pas seule, qu'elle ne doit pas se fermer au monde.

Angéline -
Mais elle ne parle pas ! Comment va-t-elle interagir pendant les séances ? Elle ne réagit pas ! Elle est totalement passive ...

Après quelques papiers et salutations d'usage le couple sort du bureau de l'assistante social et récupère la petite dans un autre bureau.
Il récupère à l'accueil quelques flyers avec des contacts de professionnelles de la psychologie.
Dans la voiture, la radio meuble le silence, personne ne parle.
Peu de temps après leur arrivée à la maison, la cloche de l'entrée sonne.

Marc, ouvrant la porte -
Bonjour? Puis-je vous aider?

Mélissandre, avec un grand sourire -
Bonjour je m'appelle Mélissandre, je suis l'agricultrice en formation.

Marc, l'air confus  -
Je suis désolé les propriétaires sont décédés, nous ne pouvons pas vous former.

Mélissandre -
Oh! Je suis navrée. Mais comment va le troupeau si personne ne s'occupe d'eux?  Je peux vous aider à maintenir l'élevage, je suis spécialisée dans ce type d'exploitation. Il serait dommages de terminer ce cheptel alors qu'il était exceptionnel.

Marc -
Je n'y connaît rien, mais si vous pouvez au moins vendre les dernières bêtes pour nous ce serait parfait. Mais pas de nouvelles naissances.

Une chaise tombe dans la cuisine, une porte claque.

Mélissandre, ne semblant pas prêter attention au bruit et paraissant déçue -
Alors puis-je aller voir le troupeau et les structures?

Marc -
Vous croiserez certainement Agnelle dans la bergerie, c'est ... avec hésitation, notre fille, adoptive. Elle est un peu farouche, ne le prenez pas personnellement.

Ils se dirigent tous deux dans la cuisine, Marc relève la chaise et ouvre la porte en indiquant la bergerie.

Marc, restant sur le pas de la porte en regardant, lassé, la bergerie -
Jusqu'ici c'était un voisin, M. Jacqueneau il me semble, qui s'occupait des bêtes, depuis que nous sommes arrivés dans la maison c'est Agnelle qui prend soin d'eux, le fermier passe de temps en temps pour ... les nourrir, je suppose. Je n'ai jamais vraiment prêté attention à ces choses.

Mélissandre prit la mouche, pour elle ce n'était pas du bétail mais des êtres sensibles. Malgré l'utilisation de leurs lait, laine et chair pour la consommation humaine, elle avait toujours prêté une grande attention au bien-être animal.

Mélissandre, sur un ton autoritaire-
Je peux reprendre en charge l'exploitation, j'ai besoin de tous les papiers la concernant. J'aurai aussi besoin de voir M. Jacqueneau et de parler avec Agnelle.

Marc, agacé par la jeune fille-
Je suis navré mais je ne sais pas où se trouve les papiers dont vous auriez besoin, je ne sais pas non plus ou trouver le fermier mais il doit certainement passer dans la journée.
Et Agnelle ne peut pas parler.

Il lâcha les derniers mots un peu trop sèchement que désiré. Apres tout cette jeune fille n'était pas au courant et elle n'avait pas à payer la souffrance qu'il endurait.

Marc -
Je vous laisse visiter maintenant. 

Il l'a guida avec insistance à l'extérieur de la cuisine et referma la porte en serrant les poings.

Agnelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant