Chapitre 4: Le Royaume de Fey ou fiançailles inattendues

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Tout était prêt pour le départ. Le cortège royal se tenait, devant l'escalier d'honneur du palais, composé de multitudes de voitures à chevaux, plus ou moins somptueuses, contenant toutes les malles de la Reine et de sa suite. Sur le perron, la Souveraine faisait ses adieux à ses plus jeunes enfants, qu'elle confiait aux bons soins de son fils aîné et de leur gouvernante. Les derniers retardataires se hâtaient de monter dans leurs voitures. Les conseillers accaparèrent une dernière fois la Reine pour agir en conséquence pendant son absence, indifférents au retard qu'ils imposaient au cortège. Après de longues minutes de palabres, elle monta dans la voiture de tête, et les unes après les autres, elles s'ébranlèrent, quittant le palais et la capitale du Royaume.


De longues heures s'écoulèrent dans un silence de mort dans la voiture, pendant lesquelles la Reine ne cessa d'étudier ses dossiers et d'écrire des missives sur son secrétaire de voyage. La seule de ses dames qui l'avait suivie n'osait pas troubler le silence qui régnait de peur de se voir dégradée à devoir voyager dans une autre voiture. Lorsqu'enfin la Souveraine rompit le silence, la fin de l'après-dînée approchait.

-Il ne se doute absolument pas de ce qu'il se prépare, dit-elle, dans un rictus.

-De qui parlez-vous Majesté ? demanda sa suivante, intriguée par cette confidence, si rare chez la Souveraine qui était très renfermée sur ses affaires d'Etat.

-Maintenant que nous sommes loin de notre Capitale je peux vous le confesser. Voyez-vous, notre Royaume a besoin de stabilité, notamment d'héritiers qui feront perdurer le règne de notre dynastie. Mais, mon fils, à plus de vingt-trois ans refuse catégoriquement de prendre épouse, malgré le choix que je lui ai laissé. Alors, j'ai décidé d'intervenir et de mettre du bon ordre dans cette affaire. Je tiens tout de même à voir naître mes successeurs avant de mourir ! Venir en Fey réaffirmer nos relations diplomatiques désastreuses depuis le conflit me donnait un prétexte pour agir doublement. C'est en cela que j'ai pris la lourde responsabilité de demander au Roi de Fey la main de sa fille, la princesse Aliénor, au nom de mon fils et ainsi créer une relation solide et durable à défaut d'amicale entre nos deux pays par les liens du sang.

-Je vous prie de m'excuser d'une telle remarque, Votre Majesté, mais je ne crois pas que le prince acceptera... Il risque d'être très remonté face à vous à votre retour...

-Nenni ! Mon fils sait que je n'agis que dans son intérêt et qu'il devrait respecter ma volonté ! Je suis sa mère et de plus la Souveraine de ce Royaume et il m'obéira, de gré ou de force ! s'emporta la Reine

-Bien Votre Majesté, acquiesça la dame d'honneur, prise d'un élan de pitié pour le prince Amaury.

Mais la suivante n'imaginait pas à quel point les représailles de la Reine envers son fils seraient violentes et sans pitié, et à quel point, pour cette femme, la Raison d'Etat était plus importante que les liens du sang et du cœur.

Les journées de voyage continuèrent de se succéder, longues et monotones, dans un silence plomb que plus personne n'osa briser. Après plus d'une semaine sur les routes, le cortège arriva en vue des murailles de la capitale du Royaume de Fey. Tous étaient épuisés et n'aspiraient qu'à découvrir les appartements qui leurs étaient réservés pour enfin s'y reposer. Pourtant, tous durent se plier à l'accueil du Roi Perceval de Fey, de son épouse la Reine Blanche et de sa fille unique, la princesse Aliénor.

Le Roi portait fort bien sa cinquantaine, que seuls ses cheveux grisonnants rappelaient. Son embonpoint témoignait son goût des festins et de la bonne chère. Ses yeux bleus vifs et pétillants le rendaient plus jeune tout en lui donnant un air jovial. 

L'enfant de l'apocalypseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant