Chapitre 2

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Je trouve une place libre près de la sortie de la caféteria.
Je n'ai pris qu'une assiette de pâte et un petit bout de pain. Je n'ai pas très faim.
C'est comme ça depuis 1 an. Depuis que je suis en dépression.

Je ne devrais même pas me rendre en cour mais mes parents m'y forcent. Ils veulent que je donne le meilleur de moi même. Ils ne veulent pas que je loupe une seule heure de cours. Ils veulent surtout que leur fille soit la meilleure. Ils veulent se vanter auprès de leurs amis. Ils ne veulent pas ma réussite, ils veulent seulement une bonne réputation.

Je n'ai pris que quelques minutes à avaler mon assiette.

Quand je me suis levée, j'ai entendu un bruit sourd provenant de quelques tables plus loin. C'était Gabriel, il venait de faire tomber sa chaise maladroitement en essayant de partir.
Ce que je trouve surprenant, parce que tous ses amis, eux, n'ont même encore commencé à manger.

Je suis partie de la caféteria.
Une fois arrivée dans la cour, je soupire. Il fait beau, le ciel est bleu et le soleil brille beaucoup. Il fait chaud aussi. Nous ne sommes qu'en début avril et il fait déjà environ 20 degrès. Je devrais être de bonne humeur. Je devrais être heureuse face à ce magnifique temps. Je devrais sourire. Mais je ne le suis pas. Je suis loin de l'être. Je suis plutôt vide, depuis 1 an. Je ne ressens rien depuis 1 an mis à part le désespoir et la haine.
En général, quand quelqu'un est haineux, il veut tout briser. Moi, je n'ai aucune envie de tout briser, je n'ai plus assez de force pour briser des choses. Je suis épuisée. Ça fait trop longtemps que cette douleur est présente en moi. J'aimerais mourir mais pour la même raison, je ne me suicide pas. J'attends juste que Dieu fasse quelque chose pour m'aider ou alors qu'il me laisse mourir en paix.

Je décide de m'assoir sur une barrière près des toilettes. Pour l'instant je n'ai pas envie de fondre en larmes. Pour l'instant mon corps n'est pas tellement en détresse, il n'est pas encore en chaos. Il lui faut quelques minutes avant de se rappeler que ce soir il ne réussira pas à s'endormir, que ce soir il fixera le plafond en essayant d'imaginer quelque chose de réconfortant qu'il ne réussira pas à imaginer, hélas...

- Mathilde?

J'ai sursauté. J'ai tourné la tête et Gabriel se trouvait là, devant moi.
Aucun mot ne sort de ma bouche.

- Excuse moi, je t'ai fait peur... Je ne voulais pas!

Il plonge son regard dans le mien, très intensément. Je décide alors de briser le silence :

- Ça ne fait rien... T'inquiète! C'est juste que je ne m'attendais pas à ce que...

- ... quelqu'un vienne te parler?

Je rougis.

- Oui, en effet... D'ailleurs pourquoi toi, tu m'adresses la parole?

- Je ne sais pas. J'avais envie. Ça fait un moment que je t'observe, et tu me parais être une fille bien.

Je soupire..

- Une fille bien... Tu parles! Tu te trompes, Gabriel.

- Non sérieusement, j'en suis certain. Tu as l'air seule depuis un long moment. Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs.

Je le regarde en esquissant un sourire.

- Oui, ce n'est pas une impression. Je suis vraiment, vraiment très seule.

- Mathilde, tu veux bien m'expliquer pourquoi?

Laissez moi vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant