Laissez moi vivre

Chapitre 5

Une fois arrivés, à la bibliothèque, nous sommes allés nous assoir sur les poufs rouges qui se trouvaient tout au fond de la salle. À cet endroit, jamais personne ne vient puisque très peu de gens l'ont remarqué. Il est caché derrière une étagère remplie de livre...

- Alors Mathilde, parle moi de toi...

- Il n'y a rien à dire.

- Il y a toujours quelque chose à dire. Sois pas timide! Tu veux que je commence?

Je ne savais pas quoi répondre alors il a repris :

- Bon allez, je commence! Alors j'ai 16 ans, j'aime passer du temps avec mes amis le week end mais j'aime aussi lire des chroniques scientifiques. Je suis plus attiré par la physique quantique, personnellement. Et plus tard, je ne l'ai jamais dit à personne mais j'envisage de devenir astrophysicien...

- Pourquoi tu ne l'as jamais dit à personne?

- Les gens diront que je vais échouer... Je n'ai pas envie qu'on me démotive et qu'on me rabaisse.

- Je te comprends... Mais tu sais moi je ne te juge pas, et je suis sur que tu es capable d'aller au bout de tes objectifs voulus.

- Je sais déjà ce que tu penses.

Il dit ça avec tellement d'aplombs qu'on pourrait imaginer qu'il lit dans mes pensées.

- Donc c'est à mon tour, je suppose? Alors d'abord, j'ai 15 ans. Je fais de la gym depuis 8 ans, j'aime aussi lire des chroniques scientifiques! Je trouve ça très interessants et utiles puisque j'aimerais devenir chirurgien... Moi non plus, je ne l'ai jamais dit à personne...

- Mathilde, j'ai une question...

- Je t'écoute?

- Est ce que... Enfin tu es déjà tombée amoureuse?

- Non.

J'ai répondu tellement sec qu'il a dû pensé que j'ai trouvé sa question indiscrète... Mais pas du tout!
Il avait l'air surpris d'apprendre que jamais Cupidon ne m'avait tiré dessus avec sa "fléche magique".

- Donc tu n'es jamais sorti avec un garçon...

- Jamais.

Il doit surement penser que je suis l'une de ses filles complètement coincées qui n'osent rien dire, ni rien faire... 
Un silence régnait pendant quelques secondes mais Gabriel s'est levé.

- Mathilde, je suis désolé, je dois y aller! Je n'avais pas fait attention à l'heure mais ma mère m'attend à la maison pour que je l'aide à gérer mon frère... Disons qu'à la maison, je suis le seul à pouvoir calmer les tensions. Et c'est d'ailleurs bien le seul endroit où je détends l'atmosphère et que j'aide les autres à se sentir mieux... Je me sens légerement inutile, par moment...

Je ne disais rien. Je le regardais, simplement. Ce n'est que quand il a fait quelques pas vers la sortie que je me suis décidée à ouvrir ma bouche :

- Attends! Gabriel?

Il se retourna avec un air curieux.

- Gabriel, tu n'es pas inutile. Tu... Toi seul, depuis 1 an, a réussi à me faire sourire. Tu es le seul à avoir produit de la joie dans mon esprit. Ça me fair plaisir de savoir que j'ai quelqu'un avec qui parler. J'ai été très longtemps silencieuse, maintenant je sais que j'ai l'opportunité de me confier à quelqu'un. À toi. Je t'en remercie énormément.

Il rougit.

- Ça fait combien de temps que quelqu'un ne t'a pas serré dans ses bras, Mathilde?

- Trop longtemps... Dis je, en baissant la tête, timidement.

Il s'avanca, puis m'entoura de ses bras forts et musclés.
Il sentait bon. Il avait la peau douce.
Je ne comprenais pas vraiment ce qui se déroulait mais je pris quand même le temps d'apprécier ce moment unique.
J'avais oublié quel sentiment nous ressentions lorsque quelqu'un nous accordait de l'importance.

C'était un moment magique.