Los Intocables (sous contrat d'édition chez New Rules)

IV : La carte d'identité

𝙿𝚍𝚟 𝚍𝚎

𝙻𝚞𝚒𝚜 𝙷𝚎𝚛𝚗𝚊𝚗𝚍𝚎𝚣

Je regardai une dernière fois l'écran de mon téléphone avant de souffler longuement. L'appel de ma tante m'avait légèrement déboussolé. Connaissant mon frère, je savais qu'il ne céderait sous aucun prétexte. Ces filles avaient fui un barrage et renverser l'un de ses hommes. C'était peine perdue, Ed ne les laisseraient jamais tranquilles. J'allais tout de même essayer de le raisonner pour honorer ma parole. Je me vêtis rapidement d'un t-shirt noir et d'un jeans avant de quitter ma chambre d'un pas précipité. Les domestiques étaient déjà occupées à ranger les différentes pièces de la villa. Certaines me saluèrent timidement tandis que je traversais le couloir. Eduardo n'était pas encore réveillé. Comme à son habitude, il avait passé toute la nuit dans un club de striptease en compagnie de Miguel. Cela me laissait le temps de réfléchir à une solution. Je m'arrêtai quelques secondes dans le salon encore plongé dans l'obscurité. C'était l'une de mes pièces favorites. Elle offrait une vue époustouflante sur le jardin grâce aux nombreuses portes vitrées. Je m'abandonnai à ce spectacle apaisant tout en élaborant un plan d'attaque. Tout d'abord, il fallait que je sache qui était responsable du barrage de la veille. Pour cela, il suffisait d'interroger Alexis, le bras droit de mon frère. Un soupir m'échappa. L'idée de devoir interroger ce petit insolent m'énervait déjà.

—Regardez qui est là ! s'exclama soudain une voix qui m'interrompit dans mes pensées.

Mon cousin Miguel se dirigeait vers moi, un sourire moqueur collé aux lèvres. Petit de taille et légèrement robuste, celui-ci marchait toujours de façon à mettre en valeur ses bras musclés et son torse imposant. Ses longs cheveux noirs étaient plaqués en arrière et baignaient dans une tonne de gel. J'observai avec incompréhension la chemise bleue brillante qu'il portait. Le style vestimentaire de mon cousin m'avait toujours intrigué, celui-ci vouait un culte démesuré aux vêtements extravagants et aux bijoux bling-bling. Mon père lui reprochait souvent son manque de discrétion et de sobriété.

—Quelle magnifique chemise ! fis-je avec ironie avant de lui donner une tape sur l'épaule.

Il réajusta son col d'un geste vantard avant de sortir une cigarette de sa poche.

—T'étais où hier soir ? T'as raté au moins une centaine de gros culs, commença-t-il en mimant deux fesses à l'aide de ses mains. Eduardo s'est tapé une grosse salope mariée, fallait voir ça ! La petite était très chaude !

J'esquissai un faible sourire sans prêter réellement attention à ce qu'il racontait. D'habitude, ce genre de récits m'amusait mais là j'avais une mission à remplir. Il ne fallait pas traîner. Eduardo risquait de surgir à n'importe quel moment. Un homme aux cheveux blonds attira soudain mon regard. Celui-ci était occupé à parler au téléphone dans le jardin en faisant les cent pas.

—Alex ! ordonnai-je après avoir fait glisser la porte vitrée d'un geste brusque.

Le blond raccrocha sur-le-champ avant de me rejoindre d'un pas nonchalant. De tous les hommes qui travaillaient pour notre famille, Alexis était celui que j'appréciais le moins. Son air arrogant et ses paroles insolentes le rendait complètement insupportable. Mis à part mon père, Eduardo était la seule personne qu'il respectait réellement.

—Oui ? fit froidement celui-ci en haussant son sourcil quasi inexistant.

Je réfléchis un moment à la manière dont j'allais introduire le sujet. Il fallait que je convainque cet idiot de me donner la carte d'identité de cette fille avant qu'elle n'arrive entre les mains de mon frère.