Chapitre 12

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            Je me dirigeai vers les lavoirs dans le dessein de retrouver Hikari. Je l'avais aperçu à travers les fenêtres de la chambre de l'Akiyasuo en changeant les draps de ce dernier. J'avais reconnu sa belle chevelure blonde tombant sur ses épaules.

Après avoir saisi des linges sales dans mes bras, je marchai frôlant les murs imposants des couloirs pour rejoindre la cour extérieure.

La lumière de l'extérieur m'aveugla quelques secondes. Le ciel était sans nuages, de couleur azur avec le soleil qui illuminait de ses rayons la vaste cour. Je serrai un peu plus fort les linges dans mes bras pour ne pas les perdre et le sourire aux lèvres, j'accélérai le pas.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu Hikari, en peu de temps j'avais réussi à tisser de fort lien avec lui. Ces liens d'amitié étaient au fil du temps devenus comme des liens fraternels. Aux yeux de tous, nous étions frère et sœur. Nous n'avions pourtant aucun lien de sang en commun. Notre bonne entente et notre ressemblance étaient quelque chose qui me saisissait, je me disais qu'il aurait très bien pu être mon frère de sang. Nous avions quasiment les mêmes cheveux blond platine et tous les deux des yeux bleus. Mais les siens étaient plus profonds, c'était l'image que je me faisais de la mer. Je n'avais encore jamais vue d'étendue bleue. Ma mère m'avait raconté que la mer était d'une beauté incommensurable, d'une couleur bleue profonde et qu'elle s'agitait en symbiose avec le vent. Je n'étais jamais sortie du château où elle et moi habitions jusqu'au jour où l'on m'arracha à elle. Depuis j'avais pu observer beaucoup de nouveaux paysages, découvrir une petite part du monde. J'étais avide de curiosité à propos de celui-ci.

Ma mère me manquait, mais j'avais toujours voulu aller voir au-delà du château, pouvoir rencontrer de nouvelles personnes et cesser de me cacher. Elle et moi vivions dans la peur, nous nous estimions chanceuses de ne pas être découvertes. Je pensais que cette vie me rendait heureuse, mais je ne l'étais pas. À présent, je n'étais pas libre mais servante cependant je n'avais jamais eu autant de liberté qu'en ce jour. J'étais heureuse dans ma nouvelle vie, et j'avais un frère avec moi.

Mon sourire s'agrandit à mesure que j'approchai du lavoir. Je l'aperçus. Il était de dos, sa frêle silhouette dénotée avec ses imposantes épaules.

— Hikari ?

Il sursauta et se retourna. Il avait les yeux écarquillés et un immense sourire orna son beau visage en me regardant. Il posa précipitamment son linge et accouru vers moi pour me prendre dans ses bras. J'abandonnai ce que je tenais pour le serrer de toutes mes forces. Je rigolai de joie.

— Kazuko ! Comment allez-vous ?

— Je ne peux aller mieux, vous voir illumine ma journée.

— Et la mienne également.

Il m'aida à ramasser les draps sales par terre et nous rapprochant du lavoir, nous commençâmes à laver nos lessives. Nous prenions des nouvelles de l'un et de l'autre, et je lui racontai ce qui s'était passé à Hoshi.

— J'ai entendu beaucoup de rumeurs à ce sujet, l'Akiyasuo a donc perdu ?

— Oui, je sais que vous ne l'aimez pas cependant c'est un homme bon. Il aurait pu changer beaucoup de choses en montant sur le trône d'Aki.

— Si vous le dite, je vous crois, déclara-t-il.

— J'aurai tellement aimé que vous soyez à mes côtés ! C'était tellement beau là-haut, il y avait beaucoup de personnes venant d'autres territoires lointains comme nous. Ils portaient tous leur couleur sur leur vêtement.

Hikari avait fini de laver son linge, il vint donc m'aider pour le mien. On continua de parler un bout de temps faisant exprès d'avancer lentement. Il avait une manière de voir le monde comme si tout était un cadeau du ciel. Je m'entendais merveilleusement bien avec lui, on se ressemblait physiquement mais pas seulement. Nous avions les mêmes rêves. On voulait tous deux découvrir le monde, explorer la nature et goûter à la saveur de l'aventure. Avec lui j'oubliais tous les problèmes qu'il pouvait y avoir.

On se quitta gaiement. J'étais comblée de bonheur lorsque je m'approchai des appartements du roi d'Aki pour continuer mes taches. Lorsque j'allai tourner à l'intersection de deux couloirs pour accéder à sa chambre, j'entendis les voix de deux gardes qui parlaient entre eux.

— Ils sont tous morts ?

— Seul un garde a réussi à en réchapper, il est arrivé au château d'Aki il y a de cela une heure. Tous les servants partis à Hoshi ne sont jamais revenus et ne reviendront jamais.


Blond Platine [en pause pour réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant