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J'étais assis sur le fauteuil en cuir. La salle était vide. J'entendais, non j'écoutais. J'écoutais les bruits. Les bruits de la salle. Ils étaient précis mais assez silencieux. Une mouche volait. Le vent soufflait. Je tapais des pieds. Je craquais mes doigts. Je mis ma tête dans mes mains, regardant le sol et mes chaussures, sales. Je m'apatientai. Je tapai du pied, encore plus fort. Ma respiration s'intensifia. Je pris une grande inspiration. J'entendais mon cœur. Il battait. Fort. À quoi bon...

Un homme ouvrit la porte. Il avait des cernes, les cheveux longs et gras. Il me jeta un œil, noir. Il me sourit. C'était un sourire forcé. Mais cela dévoila des dents noires. Noires comme Le charbon. Comme le regard des tueurs d'enfants. Il semblait nerveux. Il jouait avec ses mains. Elles étaient sales. Ses ongles étaient remplis de petites choses indescriptibles. L'homme partit, rapidement, presque en courant. Je le regardai partir.
- Patient suivant s'il vous plaît.
Je jetai un œil autour de moi, j'étais seul. Je me levai et entrai dans la salle.

Il y avait un homme, se balançant sur sa chaise. Je fus frappé par la couleur de ses cheveux. Je reculai d'un pas et dis :
- Il me semble m'être trompé de salle, je suis désolé.
Il me sourit et fit "non" de la tête. Il se leva en manquant de tomber de sa chaise, il replaça sa cravate verte et tapota son costume violet, assorti à ses cheveux. Il avait les cheveux violets. Un violet éclatant.
- Vous ne vous êtes pas trompé...
Il consulta son journal et continua :
- Dylan ? C'est ça ? Dylan Stonem. Il me sourit et me tendit sa main, pâle, comme son visage. Je suis le docteur Frédérick Roosevelt. Tu peux m'appeler Fred ou Freddy. Puisqu'il faudra qu'on soit proches, je veux te laisser confiant.

C'était lui. Le meilleur psychologue du pays. Il n'en avait pas l'air : son teint était blanc, ses cheveux violets, son costume de même, une cravate verte et il était maniéré. Il serra ma main avec énergie. Il rapprocha son visage Du mien et dit "tu veux à boire ?". J'acquiesçai.
- Parfait ! Que veux-tu ? Café, thé, chocolat chaud... on a tout !
Il disait ça avec une énergie... on se demandait où il la trouvait. Je murmurai :
- Thé. Merci.
- Oh un amateur de thé. Je me trompes ? Il sourit. Quel parfum ?
Je ne savais pas. Honnêtement je n'allais pas le boire son thé. Je répondis :
- Le même que vous. Merci.
Il ouvrit grand les yeux. Il sourit puis regarda vers sa table de chevet, à côté d'un fauteuil. Il y avait un carnet. Il continua :
- Parfait ! Mais attention ! Il est spécial. Je te laisse ici deux minutes le temps de le préparer. Visite pendant ce temps-là !
Il sortit de la salle en courant. Quelle énergie. J'enlevai mon manteau et le posai sur un des sièges.

J'en profitai pour visiter la salle. Elle était grande, spacieuse, lumineuse. Collé au mur se trouvait un siège avec à côté une table de chevet sur laquelle un livre était posé. Cela devait être le carnet de Monsieur Roosevelt. D'ailleurs, quand j'y pense, Roosevelt c'est pas un président ? Bref. En face Du siège il y avait un canapé et un fauteuil en cuir. Et à droite de la porte d'entrée se trouvait un bureau avec un ordinateur (Apple bien sûr). Le bureau était en verre et devant se trouvait un siège, en cuir bien évidemment. La salle était luxueuse. Et sur le mur se trouvait une porte par laquelle mon psy etait passé pour me servir un thé et...

Ah. Le revoilà.
- Reuuuubonjour la companiiie. Tiens Le thé c'est chaud.
Je l'ai pris et oui, c'était chaud. Il s'assit sur le fauteuil du mur puis croisa les jambes. Il joignit ses deux mains ensemble et posa un coude sur l'accoudoir. Il m'invita à m'assoir. Je me suis assis. Il prit son carnet et l'ouvrit sur une page marquée par un fils rouge. Il sortit de la poche de son costume un stylo plume, probablement cher puis griffonna rapidement quelque chose et me regarda.
- Dylan. Pour commencer j'aimerai te poser une question assez évidente: n'es-tu pas boulversé par ce qui s'est passé ?
Moi ? Devrais-je l'être ? Sûrement.
- Oui...
Il sourit puis griffonna son carnet avant de me demander :
- Ta vie avant ? Comment était elle ?

Avant. Avant quoi ? Avant "l'accident" Avant que je ne devienne un meurtrier ? Avant qu'ils ne me dévorent moi et mon âme ? Ma vie avant tout cela ? Normale. Meilleure, sans doute.

- Ma vie ? Normale.
Il chuchota un "d'accord". Et écrit dans son carnet. Il approcha son stylo de sa bouche et le mordilla. Il prit sa tasse de thé et la bu.
- Nous arrivons à la partie la plus... intéressante, ou la plus étrange. Je ne sais quel mot employer. Sur mon journal il y a marqué que les autorités vous ont retrouvé dans... une maison abandonnée ? Une maison en ruine. Pourquoi ? Vous vous êtes isolé dans une maison abandonnée au lieu de demander de l'aide. Pourquoi ?

Les ruines. Les fameuses ruines. Elles m'avaient détruit. C'était mon ancienne maison. Détruite. Moi et ma... famille. Nous avions décidé de déménager parce que la maison commençait à se détruire. On a donc déménagé et une semaine plus tard maman avait vu dans le journal que la mairie avait décidé de la détruire. J'aimais bien cette maison. J'avais passé la plupart de mon enfance dans cette maison. Alors après Le drame il fallait. Il fallait absolument que j'y retourne. J'étais resté là bas pendant 5 jours. Pendant ses cinq jours. Ils avaient eu le temps de me manger. Petit à petit. Ils étaient là. Tout le temps. Ils avaient dévoré mon âme. Mon cœur. Je n'étais plus qu'un cerveau seul. Une marionnette. Une marionnette de moi même. La police m'avait retrouvé. Ils me cherchaient depuis longtemps. Je me demande comment ils ont fait. J'ai été placé dans un centre de rééducation. De rééducation mentale. C'était une sorte d'asile. Mais ils n'aimaient pas ce mot. Ils préféraient centre de rééducation mentale.

Voyant que ne répondais pas, il continua :
- Dylan. Nous avons tout notre temps mais je compte bien vous garder pendant toute l'après midi si vous ne répondez pas .Tous mes autres patients sont chez soi. Vous êtes Le dernier de ma journée.
Il était midi.
- Apres tout... c'est Noël.

feelings.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant