ReaderXOsomatsu : Ready for a new life ?

Chapitre 3 : Presque sobre...

Chibita est petit, et ne possède rien sur le caillou. On pourrait le prendre pour un enfant à la calvitie précoce s'il n'utilisait pas un vocabulaire aussi grossier. Il y a même certaines insultes que je ne comprends pas toujours...

C'est qu'en cours, on évite d'aborder ce genre de registre familier.
Donc l'apprentissage réel se fait toujours sur le tas.
Et j'ai comme le pressentiment que Chibita va m'être d'une grande aide de ce côté là.

-Tiens enfoiré ! Ton plat. Et t'as pas intérêt à zapper l'addition cette fois-ci ! Ton ardoise commence à être plus blanche que noire...

-Ah mais ce n'est pas moi qui paye aujourd'hui ! C'est elle qui offre ! lance Osomatsu, goguenard, les mains à moitié fourrées dans ses poches.

Le propriétaire de la roulotte me jette un regard dubitatif, doutant de la véracité des propos du jeune fils Matsuno.

-Il dit la vérité pour une fois, ajoutais-je, levant mes deux mains devant moi, en signe de bonne foi. Je l'ai invité.

-Bah ça ! Si je m'y attendais ! Attends... T'es sa... ?

-Hum ?

Il se tourne vers Osomatsu, l'air abasourdi.

-C'est ta... ?

Mon camarade de beuverie d'un soir le contemple, inexpressif, puis une lueur de compréhension semble traverser ses yeux bruns.

-Ah ça ? Non, non... Tu te trompes Chibita. Ce n'est pas encore le cas.

-Ah... ?

-Mais de quoi vous parlez tous les deux à la fin ? demandais-je, agacée qu'on m'ignore dans une conversation qui paraissait me concerner.

-Il t'a pris pour ma cousine. Je lui ai dis que je la lui présenterai bientôt. Mais je ne lui ai pas dis quand... Fit-il en adressant un clin d'œil à un Chibita de plus en plus perdu.

- Je ne te ressemble même pas. Comment aurait-il pu me prendre pour ta parente ? Je suis une étrangère, nigaud.

-Ma cousine ne m'est en rien semblable. Elle a des origines occidentales elle aussi, c'est pour ça que Chibita a du faire le rapprochement. À tord d'ailleurs.

Je le fixe, pensive. Il me ment, je le sais. Son explication est trop bidon pour qu'on puisse même penser à y croire, mais je vais faire comme si j'avais gobé son histoire. Je n'ai pas envie d'une prise de tête à cette heure-ci.

C'est trop chiant parfois, les explications.

-Et voilà donc pour mademoiselle aussi ! scanda le cuisinier. Je suis fier de vous présenter la toute dernière version améliorée de mon œuvre. Le 2.0 si je puis dire... T'as intérêt d'aimer mademoiselle. C'est le meilleur que tu pourras jamais déguster en terme d'oden !

Je rigole et ne me fais pas prier. J'entame le plat avec appétit et m'aperçois que...

-Oh putain qu'est-ce que c'est bon...

Chibita croise les bras, satisfait, tandis qu'Osomatsu se tourne vers moi, étonné. Je relève la tête tout en enfournant une nouvelle bouchée.

-Quoi ? J'ai plus le droit de jurer ?

-Je m'y attendais pas, c'est tout. T'avais encore jamais dis de gros mots jusque là.

-De "gros mots"... C'est chou de résumer les choses de cette façon. On dirait un enfant qui me sermonne.

-Je ne sais pas si tu as remarqué... Mais je suis adulte maintenant. Tiens, regarde ! Livré avec tous les accessoires, ricana-t-il, désignant son corps.