Chapitre 2

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- Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée du vent.
Soudain,tournant vers moi son regard émouvant
«Quel fut ton plus beau jour ? » fit sa voix d'or vivants,

Souffla-t-elle en se recouchant sur le lit pour continuer sa lecture. Elle remarqua que dans ce journal aux vieilles pages jaunissantes, seuls les bons instants y étaient figés. Les mauvais, elle les avait tout simplement gardé en elle, bien au fond afin de ne plus se les rappeler.

... nous étions tous les deux, main dans la main, un large sourire sur mes lèvres alors qu'il récitait un poème de Verlaine. Un poème qui nous ressemblait, qui racontait ce que nous vivions. Un amour nouveau et immense, que tout le monde pouvait voir, admirer. Du haut de mes 16 ans, je sentais que la vie nous réservera beaucoup de surprises dans les quelques années à venir. Il avait laissé son vélo contre un arbre avant de me bander les yeux pour me conduire dans un endroit qu'il disait magique voire irréel ...

Elle glissa son doigt entre les deux pages pour fermer le petit carnet d'une main. Elle se rappelait de ce moment comme si c'était hier, de sa voix, de son sourire, de son beau regard dans le sien. Ce souvenir lui arracha des frissons dans tout le corps.

La vieille femme avala sa salive et continua de réciter son poème malgré tout ce qu'il se passait :


- Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

Celle ci enleva son doigt en se mettant à lire le reste du journal, alors que les larmes coulaient à nouveau sur ses joues pâles où se trouvaient quelques rides. La survivante se reprit du mieux qu'elle put et reprit rapidement sa lecture.

... Je le laissais me guider, de ses beaux yeux perçants, en lui faisant une confiance folle, en marchant vers l'inconnu, en serrant sa main. Je souri en entendant un bruit que je connaissais bien et je me mis à jouer avec ses doigts. Il m'enleva le bandeau avec délicatesse mais souffla de ne pas regarder, pour l'instant. Je l'écouta bien sagement en riant et enleva les mains de mon visage quand il me le dit. C'était un endroit magnifique, un endroit magique où se trouvait une nappe avec un panier à pique-nique. Mon oreille ne m'avait pas trompé. J'avais entendu un bruit relaxant et me voilà devant une petite cascade. Où celle-ci était claire et coulait dans une source tout aussi belle. Il m'attrapa la main et me tira dans l'eau toute habillée. J'éclata de rire en restant contre lui ...

La dame aux souvenirs plus lourds posa le livre sur ses genoux et se redressa avec difficulté pour attraper le mouchoir en tissu sur sa table de chevet. Elle essuya les larmes d'un geste tremblant et essaya de se calmer pour finir le passage. Les souvenirs la bouleversaient plus que tout, cela devait être à cause de la fatigue, de vieillesse. Elle était revenue plusieurs fois sur ce lieu pour se recueillir. Lui qui était magnifique durant sa jeunesse, n'avait plus la même couleur désormais. Le bruit de la cascade semblait ressembler à des bruits lourds de bottes qui fracassaient le sol, la couleur de l'eau noire était comme la nuit,l'herbe lui paraissait jaunie et morte, la terre rouge, rouge comme le sang qui avait coulé et le ciel bleu qui représentait pour elle,toutes les larmes qui étaient versées...

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