CHAPITRE 2

3.5K 269 3
                                    

James était assis derrière son bureau, une pile de manuscrits et de dossiers en désordre devant lui

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

James était assis derrière son bureau, une pile de manuscrits et de dossiers en désordre devant lui. Les pages blanches semblaient lui renvoyer un regard accusateur, mais son esprit vagabondait bien loin de ses obligations professionnelles.

Il se revoyait encore dans le café-bibliothèque, dans cette atmosphère feutrée, bercé par les notes de jazz et les mots qui défilaient sur le livre qu'il lisait.

A chaque fois qu'il fermait les yeux, il pouvait revoir le regard chaleureux de la serveuse, son sourire sincère qui avait su le réconforter dans un moment de détresse. Leur conversation avait été une échappatoire inattendue, un moment de douceur dans une routine bien trop rigide à son goût. Mais surtout, elle était profonde et pleine de sens.

Il se souvenait la manière dont elle s'était penchée pour chercher le livre de Brontë. « À quoi servent les livres, si ce n'est pour être lus ? » avait-elle dit. Cette phrase pourtant si simple avait laissé une empreinte indélébile sur lui. Il avait trouvé en elle une compréhension rare, une sensibilité qu'il n'avait pas eu la chance de croiser depuis bien longtemps.

James se surprit à penser à elle plus souvent qu'il ne l'aurait voulu. Ses associés avaient commencé à le remarquer et lui avaient posé des questions sur sa soudaine nonchalance. Lui qui avait toujours tout donné quand il était au travail, se laissait aller, ce qui les inquiétait. Mais il n'avait pas la force de les rassurer. Son esprit était trop occupé à revisiter les moments passés avec elle.

Le fait qu'elle ait pris le temps de s'asseoir à la table voisine, de partager ses réflexions sur Brontë et Hardy avait créé un lien éphémère mais sincère entre-eux.

Il avait senti que leur conversation avait traversé les frontières du simple échange pour toucher quelque chose de plus profond.

Il sortit de ses pensées et tenta de se concentrer sur le compte rendu qu'il devait rédiger, mais ses pensées revenaient irrémédiablement à cette soirée. Il se demandait si elle était là ce soir-là, dans le même café, attendant peut-être que quelqu'un comme lui n'en passe la porte. Cette idée, aussi absurde qu'elle fut, le séduisait.

En rentrant chez lui un peu plus tard dans la soirée, James ne put s'empêcher de penser à l'ironie de sa situation. Il était à la recherche de quelque chose qui lui semblait inatteignable ; quelque chose de vrai, de profond et de sincère. Il l'avait trouvé dans un café, dans une conversation simple.

Il se demanda si, peut-être, en continuant à fréquenter cet endroit, il pourrait trouver plus que du réconfort littéraire, mais aussi une connexion humaine, quelque chose qu'il croyait perdu.

Alors qu'il regardait une copie du livre qu'il avait lu ce soir-là, il sentit une vague de gratitude l'envahir. Ce café n'était pas simplement un refuge pour ses émotions, mais un lieu où il avait rencontré quelqu'un qui, pour un bref instant, avait su comprendre et apaiser ses tourments.

En allant se coucher, il décida qu'il retournerait au café, espérant la croiser à nouveau.

Les semaines passèrent, et le café-bibliothèque était devenu le havre de paix James. Il en avait fait sa routine hebdomadaire, revenant encore et encore en espérant retrouver la serveuse qui avait su le toucher de manière si inattendue. Chaque visite était empreinte de l'espoir de retrouver ce sourire, cette chaleur qui avait apporté une brève mais précieuse lumière à ses journées monotones.

Il se rendait au café avec une régularité presque rituelle. Il s'asseyait à la table où il l'avait rencontrée, feuilletait des livres qu'elle avait laissé sur le comptoir et le scrutait pour percevoir la moindre trace de son passage. Mais la serveuse ne revenait jamais.

Ses absences devenaient une cicatrice discrète mais persistante sur son quotidien, un manque qui ne cessait de se rappeler à lui sans raison apparente.

Les jours se transformèrent en semaines, les semaines en mois et chaque fois que James franchissait la porte du café, c'était avec l'espoir non avoué de retrouver cette femme qui avait su faire naître une étincelle au fond de lui. Mais le café continuait d'exister sans elle, une toile de fond parfaite mais incomplète. Le vide laissé par son absence était perceptible, comme une note manquante dans une mélodie familière.

Ce n'est que 3 mois plus tard, alors qu'il était invité par l'Université de Londres pour assister à une cérémonie de remise des diplômes, que le destin fit le détour qu'il avait lui-même cherché.

James, qui était là pour représenter sa maison d'édition en tant qu'intervenant, déambulait dans les couloirs de l'université, le programme en main, s'imprégnant de l'atmosphère solennelle. C'était une formalité parmi d'autres dans son emploi du temps chargé. Cependant, ce jour-là, un enchaînement inattendu de circonstances allait bouleverser ses attentes.

Lorsqu'il entra dans l'auditorium, son regard balaya la salle pleine d'étudiants en toge et de familles réjouies. Il s'assit à l'une des places réservées aux invités, perdu dans ses pensées, lorsque quelque chose attira son attention.

Au fond de la salle, il aperçut une silhouette familière, une jeune femme qui se tenait à l'écart, parmi les invités. Ses traits lui étaient immédiatement reconnaissables. C'était elle, la serveuse du café, mais elle ne semblait pas être diplômée cette année.

James, le cœur battant, la suivit du regard. Il observa avec une fascination discrète alors qu'elle interagissait avec les autres invités, souriant et prenant des photos de l'événement. Ses mouvements étaient empreints de grâce, et chaque geste, chaque éclat de rire qu'il captait de loin ravivait en lui une douce nostalgie.

L'idée de l'approcher le traversa, mais il n'osa pas. La présence d'un inconnu dans cet environnement solennel semblait décalée et il hésitait à interrompre ce moment qui semblait être précieux pour elle.

Il se contenta de l'observer, à une certaine distance, capturant les fragments de son image dans sa mémoire, tout en restant en retrait. Il avait envie de lui parler, de lui dire combien elle avait compté pour lui, mais le moment n'était pas venu.

Quand la cérémonie toucha à sa fin, James ne chercha pas à la rejoindre. Il préféra rester dans l'ombre, la regardant s'éloigner parmi la foule de diplômés et de familles. Ce n'était pas le moment pour des retrouvailles, du moins c'est ce qu'il se disait.

Plus tard dans la soirée, alors qu'il se reposait chez lui, il pensa à l'étrange mélange de sentiments qui l'avaient envahi durant la journée. Le soir, en regardant les photos de l'événement publiées en ligne, il eut la surprise de retrouver son visage dans l'une d'elles. Elle était là, en arrière-plan, capturée par l'objectif d'un appareil photo, avec un sourire radieux.

Ce soir-là, James réalisa qu'il ne l'avait pas simplement observée par curiosité ou par simple désir de retrouver une ancienne connaissance. Il ressentait quelque chose de plus profond, quelque chose qui le troublait et qu'il ne parvenait pas à définir pleinement. La douceur de sa présence, le regard bienveillant qu'il avait perçu de loin, avaient éveillé en lui un sentiment qu'il n'avait pas encore pleinement compris.

En se couchant, James pensa à la promesse qu'il s'était faite de retourner au café. Il ne savait pas encore ce qu'il désirait réellement, mais il savait que la connexion qu'il avait ressentie ce jour-là était bien plus qu'une simple réminiscence. Il espérait que, peut-être, le destin lui offrirait une nouvelle chance de croiser son chemin, de lui parler et de découvrir enfin ce qu'il ressentait réellement.

Les Désirs du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant