une impasse.
affolement.
respiration saccadée.
demi-tour.
Gardénia fait volte-face, et s'engage dans parmi les innombrables ruelles désertes.
un autre bruit.
ça se rapproche.
de plus en plus près
de plus en plus audible.
Elle en est certaine désormais, d'être suivie. Elle accélère la cadence et commence à trottiner, tout en tentant de garder sa contenance.
bruits de pas qui murmurent
Une silhouette sombre apparait derrière la jeune fille.
stop
on arrête cette course
allez
allez,
on arrête.
Gardénia pile et fais désormais face à la silhouette, qu'on ne distingue toujours que très peu.
elle affronte
elle fait face, elle
hein
Vêtue d'un imperméable gris perlé, celle-ci semble attendre quelque chose. Un signal, peut-être ?
et puis
un cri fend la nuit comme un enfant que l'on arrache à sa mère
L'ombre se rapproche de la jeune fille, bientôt rejoint par une deuxième.
une troisième
Et, tout en semblant se concerter en silence, elles se rapprochent d'elle.
et puis
se jettent sur elle
Gardénia ne pousse pas un cri.
pas même un murmure
rien
non, rien
C'est comme si elle se laissait faire. Comme si elle connaissait d'avance la suite. Elle a ce petit air résigné, pincé même, qu'ont les femmes sèches, fatiguées de la vie bien que seulement à l'aube de la quarantaine, qui n'ont fait que porter, enfanter, réprimander.
Mais pour Gardénia, c'est différent. Elle n'a que dix-sept ans, même pas, seize, peut-être. Elle possède néanmoins une légère usure au niveau du front, signe d'une existence pénible. Alors elle fait ce qu'elle a toujours fait : elle supporte, en silence, encore et encore.