Trois.

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On me porta, ou plutôt tira, jusqu'à la place de l'église, au centre du village. Un bûcher avait été dressé. Un poutre, avec tous ce qui était susceptible de brûler amassés à son pied.
Trois hommes m'accompagnait jusqu'au bûcher. Mais je n'avais pas peur. J'étais simplement déterminée.
J'avais un objectif et rien ne m'en détournerait.

J'attendit patiemment qu'ils passent devant une ruelle que je savais mener jusqu'à la forêt. Là je partis en courant soudainement. Mes geôliers se jetèrent à ma poursuite, mais, si mes poignets étaient liés, mes jambes étaient libres, et je courais vite. Je me glissai dans la ruelle, juste assez étroite pour ma petite taille et mes poursuivants ne purent me poursuivre eux-même plus loin. Il eurent beau appeler du renfort, ce fut inutile, car excepté quelques enfants et jeunes filles, personne ne pouvait s'y faufiler, et j'eus le temps d'atteindre la forêt avant qu'ils ne puissent réagir.

J'étais donc maintenant sortie du village, mais je savais que je ne devais pas relâcher ma garde. Il suffisait de faire le tour de quelques bâtiments pour me rejoindre. Alors je courus encore au moins une heure, au hasard, dans la forêt, jusqu'à ce que les bruits des villageois et la lueur de leurs torches s'éteignent complètement dans mon dos. Je m'arrêtai enfin, épuisée.
J'étais couverte de sueur, mais parcourus de frisson. Ma robe blanche aux manches dénudées, qui m'arrivais tout juste aux genoux, couverte de sang séché, ne me protégeais pas assez du froid. Je pris le temps de reprendre son souffle avant de redresser la tête pour observer autour de moi. Il faisait sombre, et les arbres, hauts et espacés d'intervalles régulières, ne laissaient pas même la lumière de l'aube montante passer à travers les branches.
Je réfléchis calmement.

Je savais que non loin d'ici une route sur laquelle de nombres charrettes de marchands se rendant à la capitales circulaient. Il me sembla que ce soit une bonne solution. Certes j'étais en piteuse état, ce qui ne serait pas sans éveiller la méfiance des marchands, mais je pourrais très bien justifier cette apparence par une attaque de bandits, ce serait parfaitement crédible.

Oui. Je ferais ça.

Je me mis en marche. J'avais courut en ligne droite depuis le village, et je savais qu'il me suffisait de continuer dans la même direction pour atteindre la route que je recherchais.
Je ne me concentrais plus sur la douleur de la perte de m soeur, mais seulement sur l'idée que le coupable courrait toujours, et que je l'arrêterais.

Je finis par rejoindre la route, alors que le soleil commençait enfin à filtrer à travers les arbres. J'en fut un peu éblouie, un instant, puis mes yeux s'y s'habituèrent et je pus contempler les longues collines herbeuses qui marquaient la fin de la forêt, et de mon univers connu...
Je connaissais un peu les villes, et le nom des régions du royaume, que j'avais vu à l'école du village, mais jamais je n'étais sortit plus loin que la forêt.

Il n'y avait aucune charrette à ce moment-là. J'hésitai sur le chemin à suivre, puis décidai de longer la route par la gauche.
Il me fallut plusieurs heures avant d'enfin croiser une charrette. Le soleil brillait haut dans le ciel pâle et j'étais épuisée.
Quand la charrette passa à mon niveau, je lui fit un signe, lui demandant de s'arrêter. Heureusement, le marchand accepta et stoppa son cheval. Puis je l'apostrophai.

- Monsieur ! Je vous en prie ! Nous avons été attaqués par des bandits, moi et camarades, et j'ai été séparée des rares survivants, j'ai vraiment besoin d'aide ! Je vous en supplie, amenez-moi jusqu'à la capitale !

J'avais essayé de prendre le ton le plus suppliant et triste possible, mais je n'étais pas très douée, ni en mensonges, ni en cinéma, et mon jeu d'acteur était très mauvais.
Pourtant, le regard du marchand s'adoucit et il m'invita à le rejoindre sur le banc de la charrette. Je le remerciai grandement et cette fois je n'eus pas besoin de jouer la comédie. Lors du trajet le marchand me posa un grand nombre de questions. J'eus du mal à tout justifier, mais l'homme mit mon hésitation sur le compte de mon choc'après'avoir perdîpa famille, et il accepta toutes mes explications, ce qui fit pour moi un grand soulagement. Ainsi je m'appelais Mercy Terreciel, 17 ans, accompagnant ma mère, mon père, mon frère et des amis jusqu'à la capitale où nous aurions été logés par ma tante. Malheureusement nous nous étions fait attaquer par des bandits, et seul un ami de mon père et moi avaient survécut, mais des loups nous avaient prit en chasse dans la nuit, et nous avions été séparés.

Puis le marchand commença à me parler de lui, et de la capitale Déolian. Il loua la beauté de la ville et sa sécurité. Il m'assura que là-bas, la délinquance était très basse et que la police faisait très bien son travail. Il tarit pas non plus d'éloges sur l'architecture et les spécialités culinaire. Lui, vendait des épices et avait une livraison à amener jusqu'au grand marché hebdomadaire. Le trajet dura toute la journée et nous sommes arrivés à la tombée de la nuit.
La ville était toute éclairée, et s'étalait aussi bien en longueur qu'en hauteur. Les bâtiments étaient construit dans des matériaux variés colorés, et chaque tour était finement ciselées. J'ai trouver cela très beau, chaleureux, accueillant. C'était très différent de mon village, et cela me déboussola un moment. Le marchand me déposa sur la première place sous ma propre insistance. Par pitié, il m'avais donné des vêtements, un pantalon et une tunique, trop longs pour moi mais peu importe, un manteau, des chaussures et quelques pièces. Je l'en remerciai beaucoup, puis je partis de mon côté.

Au début, j'errai un peu au hasard, jusqu'à ce qu'enfin je m'arrête devant une auberge. Un peu hésitante, car c'était la première fois que j'entrais dans ce genre d'endroit, je poussai la porte.
L'intérieur était bruyant, coloré et vif, il y avait beaucoup de monde. Je m'avançai jusqu'au bar et un homme, probablement celui qui gérait l'auberge, m'apostropha.

- Mademoiselle ? Je peux faire quelque chose ?

- Je... J'ai besoin d'une chambre, et... À manger. J'ai un peu d'argent...

J'ai répondit. Il haussa les sourcils avant de me demander.

- Combien d'argent vous avez exactement ?

Je tendis mes mains dans lesquelles trois petites pièces grises reflétaient légèrement la lumière de l'éclairage de l'endroit. L'aubergiste se saisit de deux d'entre elle, avant de se retourner tout en criant à une femme un peu plus loin qui essuyait des gobelets et des assiettes en bois.

- Madeline ! Réchauffe des restes et prépare une chambre pour cette jeune fille, elle restera ici ce soir !

Puis il se retourna vers moi.

- Attendez un peu pour manger, ensuite Madeline vous montrera votre chambre. En attendant vous pouvez vous installer sur la table au fond.

Fit-il en me désignant une table. Je le remerciai d'un signe de tête, et allai m'asseoir là où l'aubergiste me l'avait indiqué. Un groupe d'homme d'âge moyen, jouait aux cartes bruyamment. Je les écoutai distraitement, mais ils ne parlaient que de leur jeu et je ne comprenais même pas. Alors je re-concentrai mon attention vers un trio qui buvait en discutant calmement. Je remarquai qu'il n'y avait pas d'autres femmes dans la pièce. Par désœuvrement, j'écoutai la conversation des trois hommes. Ils parlaient des problèmes de la ville, du pont qui était trop lent à être construit, de leurs femmes trop autoritaires qui les fatiguaient, du prix du tabac qui avait encore augmenté. Rien d'intéressant. Je cherchais plutôt des histoires de vampires, et plus précisément une sorte d'histoire en particulier. Je savais que dans cette ville il y avait une organisation contre les vampires, mais c'est tout ce que je savais sur eux. Ils sont dans la capitale et chasse les vampires. Madeline s'approcha de sa table et posa un assiette de daube sur la table, je l'a remerciai et commençai à manger.

Quand j'eus terminé, la femme vint reprendre l'assiette et lui montra sa chambre. Située juste sous le toit, petite mais propre. Je m'assis sur le matelas. Je me rendit compte alors que j'étais vraiment épuisée et toute la fatigue que j'avais accumulée jusqu'ici me retomba dessus d'un coup, m'abrutissant de sommeil. Je réalisai que j'étais stressée et tendue, et j'ai dans cet état crispé depuis l'aube. Je m'allongeai et m'endormis aussitôt avec comme dernière pensée que je commencerais mes recherches le lendemain.

Dent pour dent [publication lente]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant