l'insoumis. (Jean-Luc Mélenchon x Benoît Hamon)

(décevante) inversion.

7%.

Incrédule, Benoît fixe le chiffre qui s'affiche sur l'écran.

7%.

Il prend sa tête entre ses mains et soupire longuement.

7%.

La fasciste blonde et l'ancien banquier affichent, tous deux, et à égalité, 22%.

Quant au républicain ? Il est à 20%.

Et Benoît semble bien loin derrière.

Tapant nerveusement du pied sur le parquet ciré de sa demeure, le socialiste se demande comment diable a t-il pu tomber si bas.

Et l'Insoumis...

L'Insoumis affiche 20%. Une montée spectaculaire qui lui assurera peut-être une place au second tour. Et finalement, si Benoît doit abandonner maintenant, il serait au moins soulagé de se retirer au profit du communiste, et pas à celui d'autres.

"D'après un sondage Ipsos paru mercredi 12 avril, Jean-Luc Mélenchon est la personnalité politique sur laquelle les Français portent le jugement le plus favorable : 56 % d'opinions favorables, contre 48 % pour Emmanuel Macron et 39 % pour le socialiste Benoît Hamon. Et certains sondages le donnent à la troisième place au premier tour, devant François Fillon, talonnant les deux personnalités installées aux premières places, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Comment expliquer cette dynamique ? "

Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres trop fines, peut-être que son ascension a causé sa chute. Il se demande s'il vaut encore le coup de se battre. Il le sent, la fin de son parti qui se meurt doucement.

Peut-être que ce combat, son combat s'achève ici.

Benoît balaie la pièce, d'un regard désolé.

"Rien ne va plus pour Benoît Hamon. Abandonné par plusieurs figures du Parti socialiste, rattrapé et dépassé dans les sondages par son rival de gauche, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste risque de voir sa campagne se transformer en un véritable chemin de croix.

Un chemin de croix. C'est exactement comme ça qu'il décrirait sacampagne : un échec, un fiasco, une défaite, un naufrage, une inversion.

Écumant la presse depuis bientôt deux heures, il cherche le plus possible, à savoir l'image qu'il renvoie. Car, à quelques jours du premier tour,le socialiste se sait perdu, et destiné à finir bas dans les résultats. Du moins, peut-être pas aussi loin que les "petits candidats".

Il sera, seulement, le plus bas des grands.

A 49 ans, le socialiste a accompli plus de choses que la plupart des hommes, au sens générique. Il a l'impression d'être confortable dans sa vie d'homme politique.

Et pourtant.

Et pourtant, le fait de s'être fait abandonner par tous ceux qu'ils pensaient être fidèles lui donne l'impression d'avoir lamentablement échoué.

Et pourtant, la forte volonté de changer le monde, ou plutôt la France, la résolution de faire battre une nouvelle fois le coeur d'un pays meurtri, l'intention fantasque de faire bouger des choses qui ont été figées trop longtemps ne suffisaient pas à l'emmener au sommet, jusqu'au volant de la puissance d'un pays en quête de dirigeant.