-ça va pas le faire. je te le dis, Jean-Luc, ça va pas le faire. ...c'était... trop inattendu, trop tardif, et trop... non. non, ça va pas le faire.
Jean-Luc se mit à soupirer, bruyamment. Le socialiste, assis à ses côtés, tapotait nerveusement la table en bois sur laquelle il était installé depuis deux heures. Ses traits étaient tirés, et son regard se faisait tantôt inquiet, tantôt dur. Jean-Luc, les bras croisés sur la table, restait calme. Impossible de savoir ce que pensait l'Insoumis, muré dans son silence. Il ne prêtait aucune attention à son allié, qui semblait de plus en plus nerveux. C'était inutile, à ses yeux, car qu'il soit angoissé ou non, le résultait serait le même.
-non mais, punaise, imagine qu'on ait un Macron / Le Pen deuxième tour, là, on en fait quoi, de la France ?
Jean-Luc feuilletait avec attention le quotidien. En cette période, les journaux n'accordaient que très peu d'importance aux sujets qui ne se rapportaient pas à la politique. Tout sera fini d'ici un mois, mais en attendait, c'était Benoît et lui qui faisait la une de bon nombre des journaux.
-je suis pas prêt. je suis pas psychologiquement prêt à laisser la patrie tomber dans le capitalisme ou le fascisme.
Critérium en main, Jean-Luc avait sauté toutes les pages du journal pour faire les mots croisés.
-Du domaine de l'onirique, en 4 lettres, tu l'as, Benoît ?
-Non mais je rêve ? Ça t'arrives de m'écouter quand je parle ?
-Rêve, bien joué Benoît ! Tope-là.
Benoît soupira bruyamment, à son tour. Dans le genre exaspéré, on ne faisait pas mieux.
-Bon sang. On dirait que tu te préoccupes pas le moins du monde des résultats.
Agacé, l'Insoumis finit par refermer le journal, dans la symphonie du bruissement des grandes feuilles immaculées.
-C'est autant mon résultat que le tien. Autant mon avenir que le tien, et autant mon pays que le tien. C'est notre résultat, notre avenir et notre pays. Arrête un peu de psychoter, ça ne changera rien au résultat.
Sur ces mots, Jean-Luc se replongea dans le journal qu'il avait laissé sur le coin de la table. Benoît souffla doucement, pas plus rassuré. Il abandonna l'ordinateur sur lequel il tentait (vainement) d'avoir une estimation des résultats, et se releva, marchant en direction de la grande double porte lui faisant face.
Benoît hocha la tête, puis disparut dans le couloir blanc, à la recherche de la sainte caféine qui lui permettrait de tenir toute la journée, et Dieu savait ce qu'elle pouvait être éprouvante.
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l'insoumis. (Jean-Luc Mélenchon x Benoît Hamon)
RomanceDans les sondages, tout comme dans son moral, Benoît est plus bas que jamais. Et pourtant, il doit continuer de s'accrocher, pour se relever et pour que ceux qui croient toujours en lui puissent espérer un futur radieux. Et pourtant, il doit continu...