Chapitre 7

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Viktor revint à la hâte dans le manoir d'Ecosse qu'il connaissait tant. Il avait besoin de se reposer , et de réfléchir à ce qu'il avait fait.

Qu'est-ce qui lui avait pris, sacre bleu?

Il se rendit compte qu'il avait alors agi imprudemment. Il ne savait pas ce qui lui était passé par la tête, il avait juste... ressenti. Il avait ressenti cette poigne glacée autour de son coeur, l'avait senti se refermer alors qu'elle murmurait son prénom. Et une partie de lui, une partie qui ne s'était plus montré depuis longtemps, avait paniqué. Il avait pris la fuite, et cette idiote l'avait poursuivi. Il aurait aimé qu'elle le laisse tranquille, qu'elle l'oublie. Dieu, il ne l'avait pas croisé pendant deux cents ans, pourquoi n'avait-il pas su pousser sa chance un peu plus loin?

Elle revenait une poignée de secondes, juste une poignée de secondes, et il redevenait cette bête sauvage qu'ils avaient pourtant su canaliser.

Il avait balayé tous les conseils et les réprimandes de Bransac sans même y réfléchir un instant. Il l'avait attaquée en pleine rue, bon Dieu. Il avait planté ses crocs le plus profondément qu'il l'avait pu dans sa gorge et avait regardé le sang couler sur sa peau délicate.

Il avait cru que cela apaiserait une certaine rage qu'il gardait au fond de lui. Il avait cru qu'en lui rendant l'appareil, il aurait moins de regrets. 

Et, d'une certaine manière, il pensait s'être vengé. Cependant, rien n'avait changé. Avoir attaqué Annabelle ne l'avait pas fait redevenir humain, ne lui avait pas rendu sa famille. Il était tout aussi figé qu'autrefois, et cela le dérangeait d'autant plus.

Rien n'avait changé, et rien ne changerait jamais. Mais il ne pouvait pas penser à cela. Pas alors qu'il venait de se créer un nouveau jeu parmi les petits pions du partie conservateur.

Avec un soupire lasse, il défit sa cravate et la jeta nonchalamment sur le lit. Et alors même qu'il fixait les draps d'un air absent, il se demanda à quoi ressemblerait sa vie d'ici une petite centaine d'années.

Il s'imaginait bien en Italie, ou même en Espagne. A moins qu'il ne se décide enfin à aller voir cette fameuse Amérique dont Christophe parlait tant?

Et peut-être les ferait-il tous. Il avait l'éternité pour parcourir la terre, après tout. Et peut-être qu'en se dissimulant au bout du monde, il parviendrait à la fuir, elle.

***

Annabelle se réveilla au beau milieu d'un salon, et elle crut pendant un instant qu'un mortel l'avait trouvé sur la chaussée. Elle pourrait toujours tenter de le manipuler, mais cela poserait un problème si ce bienfaiteur inconnu n'était pas seul.

Toutefois, elle entendit le rire reconnaissable d'un certain pirate, comme s'il savait pertinemment ce qui passait dans son esprit.

-Pensais-tu déjà à jouer avec des petits mortels, Anna? C'est très vilain de ta part, la taquina-t-il et lorsqu'elle se releva, elle le vit à l'autre bout du salon.

Il était assis dans son fauteuil habituel, un livre à la main. Alors qu'elle retrouvait ses esprits, elle huma une odeur particulière. Une odeur qu'elle avait découverte juste un instant plus tôt.

-Tu t'es lié à Viktor, Bransac? Demanda-t-elle alors d'une voix froide, et le pirate lui lança un regard amusé.
-Ce pauvre garçon était aussi civilisé qu'un loup. Tu n'aurais pas reconnu ton jeune Dambrey.
-Le louveteau m'a mordu, souffla-t-elle alors en tâtant la peau de son cou.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 23, 2017 ⏰

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