Chapitre sept

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— C'est à cette heure-ci que tu rentres, jeune fille ?

   Susumu subit l'assaut affectueux de sa tante à la seconde où le duo franchit la porte. Cette dernière sentit les vêtements détrempés que portaient sa nièce. Elle se recula, surprise.

— Amalia, tu es censé être un garçon responsable, gronda leur aînée. D'où est-ce que vous sortez ?

Le duo se regarda d'un air coupable. Poings sur ses hanches, elle soupira.

— C'est ma faute, madame, s'excusa le blond. On est parti faire un tour et on a glissé dans une rivière.

—Je vais te demander combien de fois de m'appeler par mon prénom ? Mu-ra-sa-ki, épela-t-elle.

La tante de Susumu finit par les laisser rentrer pour se changer. Amalia se contenta de retirer ce qu'il portait en haut afin de le laisser sécher, démuni d'affaires sèches. La violette, quant à elle, revint en jogging, tee-shirt, cheveux attachés. Le repas déjà prêt sur la table semblait les attendre. Les trois s'installèrent en tailleur.

— Alors, qu'est-ce que ça fait d'être prise en héroïque ? demanda Murasaki. Toi qui en rêvait depuis si longtemps.

La jeune femme fit tomber la nourriture tenue entre ses baguettes sous la question subite. Le blond lui jeta un regard en coin mais ne fit aucune remarque.

— C'est cool, murmura-t-elle. J'appréhende juste les cours où nos Alters seront mis en avant.

— C'est pour ça que tu vas là-bas ! protesta sa tante. J'aurais bien voulu t'aider à t'entraîner un peu, mais tu sais, avec le boulot...

— Oui, la coupa-t-elle. Tu n'avais pas le temps.

Son aînée lui lança un regard désolé. Busujima, de son côté, se contenta de manger ses nouilles en silence. Vu le malaise qui venait de s'installer, Amalia se racla la gorge.

— Du coup, je vais pouvoir la surveiller de près, à Yuei ! s'exclama-t-il.

— Tu fais bien, je ne suis pas rassurée de la savoir livrée à elle-même, plaisanta Murasaki. Comment se passe ton année d'ailleurs ?

La discussion alla de bon train entre les deux. Ils finirent éventuellement par terminer de manger. Pendant que sa tante débarrassait la table, Susumu et son ami allèrent s'asseoir l'un sur le rebord de la fenêtre, l'autre au niveau du canapé, positionné en-dessous. Le blond attrapa un paquet de cigarettes dans sa poche puis la porta à sa bouche.

— Eh, jeune garnement, tu n'as toujours pas perdu l'habitude de fumer ? cria Murasaki de la cuisine.

— Elle a des yeux partout, soupira la plus jeune.

Amalia rit et alluma sa clope. Ce n'était pas la première fois qu'il venait dans l'appartement de la violette : il possédait même un cendrier attitré posé derrière un des volets, au cas où le vent l'emporterait.

— Tes affaires doivent avoir séché.

— Je croyais que tu appréciais la vue.

Elle leva les yeux au ciel. Ce dernier pouffa et fit tomber la cendre dans le récipient prévu à cet effet.

— Je plaisante, la rassura-t-il. Je vais les remettre après, il commence à faire frais.

La tante de Susumu débarqua de la cuisine, en débardeur. Ses longs cheveux violets à elle aussi étaient bien plus courts que ceux de sa nièce et ses yeux verts. Elle attrapa un sac posé non-loin du couloir d'entrée ainsi qu'une veste.

— Désolée de ne pas pouvoir rester plus, je voulais au moins te féliciter d'avoir réussi l'examen, prévint-elle. La cuisine est toute propre !

— Tu reviens quand ?

Un silence gênant s'installa. La jeune femme soupira pour la énième fois pour se contenter de faire signe de la main à Murasaki qui le lui rendit, avant de quitter l'appartement. Busujima se laissa aller sur le canapé, yeux clos.

— Prends.

Amalia lui lança son paquet sur les cuisses. Elle observa quelques secondes le papier rouge puis se saisit d'une et monta à côté de lui.

— Un garçon responsable, imita Susumu d'une voix ridicule.

— Qui suis-je pour juger quand j'ai commencé à quatorze ans ?

— C'est triste.

— T'es pas bien vieille non plus.

Elle lui donna un coup de coude. Il rit à nouveau.

— Bientôt la fin de l'année, souffla le blond. Ne me dis pas que tu n'as pas hâte.

— De quitter ce collège, oui.

Et la période qui la mènerait jusqu'à Yuei s'écoula comme en quelques secondes. Susumu ne changea rien du quotidien dans lequel elle vivait : incapable de dormir, elle sortait s'entraîner, rentrait, se douchait et allait en cours pour retourner chez elle, manger, dormir puis tout répéter. Les jours se ressemblaient tellement qu'ils passèrent en un clin d'œil. Arrivée au mois de mars, fin de son année scolaire, Busujima remplit les derniers papiers pour le lycée et reçut son uniforme.

Il ne me reste qu'une semaine. Une semaine et peut-être que tout ce calvaire s'arrêtera. 

VIGILANTISME [MY HERO ACADEMIA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant