Trop stressée (suite)

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Tout le chemin qui menait à nos centres respectifs s'est fait dans le calme plat. On ne pipait presque mot. Je marchais la tête pleine de questions. Je me demandais comment seraient les sujets.Seraient- ils abordables?M'en sortirai-je?serai-je stressée? Tant de questions auquelles je n'avais aucune réponse me cojitaient l'esprit. De temps à autre, on se lançait quelques regards désespérés. Arrivées à notre centre, marième, Aita et moi souhaitons une bonne chance aux autres qui en firent de même et continuèrent leur chemin pour aller jusqu'au lycée Moderne. Nous autres saluons quelques camarades qu'on a trouvé entrain de papoter devant la porte principale de notre centre. Puis on fonça direct dans notre salle et chacun de nous s'asseyait là où son numéro de table était inscrit. J'avais le numéro 149676 et m'ayessait juste derrière Aita. Marième quand à elle était dans l'autre rangée face à nous.
Vers 8h, les surveillants commencèrent à faire des entrées et sorties tels des mannequins en défilé de mode. Ça me mettait la trouille et j'en avais des papillons au ventre tellement c'était flippant. Ensuite, ils sont venus nous distribuer les copies, les intercalaires et les feuilles de brouillon. C'est après la petite visite d'inspection du chef de centre pour vérifier si tout allait bien que les surveillants ont commencé à distribuer les épreuves.
La'i laha illalah soumakoy khalaat sakh damey lokh (j'en tremble rien que le fait d'y penser). Je me mis à remplir l'entête de ma feuille. Je mettais ce kilométrique prénom que j'étais si fière de porter.
Ah oui! Mon nom! Mon joli petit nom! Celui qui me faisait penser à chaque fois qu'on le prononçait à ma grand-maman paternel que je n'ai jamais connu. Pour la petite histoire, mon papa chèri m'a donné le nom de sa maman. Elle s'appelait Fatou Diallo et était selon ceux qui ont eu à la connaître une femme qui aimait donner à manger. Une femme brave et dévouée à ses enfants. Mon papa m'a donné son prénom et son nom et aussi la touche qui prouve qu'on donne le nom de sa maman à sa fille c'est à dire ndéye (maman en wolof). Et pour finir je devais forcément porter le nom de famille de mon papa raison pour laquelle je porte fièrement le nom de Ndèye Fatou Diallo Ndiaye. Je n'ai pas eu la chance de la connaître parce qu'elle est décédée bien avant que je sois née et même ma maman ne l'a pas connu.
Je remplissais donc la feuille mais cette fois avec beaucoup plus de sérénité. Après j'ai récité fatiha avant de commencer à lire attentivement le sujet et de me mettre à le traiter.
Les épreuves du baccalauréat ont duré trois petits jours qui m'ont semblé trop minimes pour juger le travail acharné de neuf mois. Mais bon c'était comme ça et il fallait que je m'y fasse.
A chaque fois que je rentrais chez moi, on me regardait avec un œil interrogateur qui montrait la curiosité que ma famille avait quant aux tenants et aux aboutissants des épreuves. Je les saluais et je répondais toujours que c'était abordables sans trop donner de détails. Et j'avais raison car on avait de bien plus difficiles sujets à traiter en classe et pourtant on s'en sortait tant bien que mal. Au fond de moi j'étais confiante mais j'étais tout le temps impassible et donc ne laissais rien paraître. Je sentais même que ma famille était terrifiée par mon silence.
Fini les épreuves, place à l'attente des résultats. Cette attente😩 m'a semblé durer une éternité. Pendant tout le week-end je répétais presque les mêmes faits et gestes. Je passais mes journées soit dans mon lit soit devant la télé. Je ne parlais pas beaucoup et j'étais tellement pensive mais de ouff...
Dès dimanche soir on commençait à dire de gauche à droite qu'il y'avait de fortes chance que les résultats sortent le lundi matin et là boum bam mon cœur a fait une tachycardie (augmentation des battements cardiaques). J'avais jamais eu autant peur de toute ma vie. Et je ne trouvais plus sommeil. Je me couchais la nuit du dimanche mais Morphée ne venait pas. Je me tournais dans tous les sens et j'avais la rage tellement j'avais envie que mon esprit arrête de fonctionner.
Le lendemain je me réveillais tellement tôt et je ressentais mon cœur qui se resserrait. J'avais la boule au ventre, je paniquais, je ne savais plus où me mettre et heureusement qu'il y avait encore cet homme si taquin qui me servait de papa. Il m'a vu et d'un simple regard m'a transmis toute l'énergie positive qu'il dégageait. Il m'a souri et ça m'a réconforté. Je suis donc aller le saluer et il m'a encore dit yalla baxneu dey baakh inchalah (DIEU est grand ça ira) et en ce moment je sentais une once de soulagement parce que j'avais toujours les nerfs vifs. Ah mon papa qu'est ce je pourrais bien faire s'il n'était pas toujours là à me pousser vers le haut, à m'aider à me surpasser. C'était pas seulement un papa pour moi mais un ami à qui on peut avouer ses craintes. C'était un repaire, un guide, un partenaire, un prof, un fan, un complice, un pote et pour finir un papa poule.
Après avoir pris mon petit déj, j'ai alors décidé d'appeler les copines afin qu'on fixe l'heure où on doit aller chercher les résultats. Vers 13h on était sur les lieux. C'est notre centre (Tafsir Niao Faye) qui devait d'abord donner les résultats ensuite le lycée Moderne. On trouvait un monde fou devant notre centre. C'était plein à craquer et tout le monde était stressée. On saluait les quelques camarades qu'on trouvait sur place puis nous installait quelque part en attendant les résultats. On était toute pensive. De ma part personnelle, je tremblais et avais la tête ailleurs. Je fus sorti de ma bulle par cette voix que je reconnaîtrais aujourd'hui parmi d'autres. Cette voix m'était inconnue mais le son qu'il a prononcé raisonne toujours dans ma tête.
                      ***APPROCHEZ***
Le fameux « approchez »!
D'un coût mon cœur s'est mis à battre la chamade. On se levait, se tenant la main pour aller vers cet homme. On trouvait déjà tout le monde debout faisant des gestes trop drôles quand j'y repense ( niamakh niamakhi kom pas possible😂). On aurait dit des gens qui avaient la bougeotte tellement personne ne restait une place.
Le Monsieur a commencé à proclamer les résultats et au fil de ses nombreux dits je n'entendais toujours pas ni mon nom ni celui de Mariéme Ndiaye ni celui de Ndèye Aita Mody Ndiaye. D'un coût il dit:
                     **FIN DE LISTE***
What? Aurai-je raté un épisode? On avait pas réussi? Et là on commençait à verser de chaudes larmes accompagnées des wouyayoy wouy sama ndèye woyy li fane lakoy wakhé ohh li métina waie (oh mon DIEU, Que vais-je devenir?oh c'est dur)
Ce même monsieur se mit à dire qu'il allait de ce pas donner la liste des élèves qui avaient passé au second tour. On séchait nos pleurs et se tenait davantage les mains espérant qu'on allait au moins en faire parti. Ce fût le cas pour moi j'entendais mon nom et celui de l'une des copines mais je n'étais pas heureuse. On n'était pas heureuse parce qu'on était déçu de sortir au deuxième tour et surtout parce que l'une des copines avait échoué. On en pleurait encore et encore mais on se résignait parce que DIEU en avait décidé ainsi. Ensuite direction lycée Moderne pour aller chercher le résultat de Gane Djiguène Mbengue et de Ndèye Khardiata Boye. Il y'avait aussi Awa Mbengue Thiam qui faisait elle aussi parti de la team mais on n'habitait pas dans le même quartier. Elle est passée au premier tour et on en était ravie. L'une des copines était également passée au second tour et l'autre avait malheureusement échoué. On se remit à pleurer disant que c'était injuste. Donc on était trois à passer les épreuves du second tour alors que les deux autres avaient échoués. Je pris le cellulaire et appelait en pleurant mon grand frère. Il ne comprenait pas trop ce que je disais et il me répétait t'as pas réussi c'est pas grave rentre. Je finissais par lui dire que j'étais passée au second et je sentis une déception dans sa voix. J'entendais les voix de papa et maman qui demandaient ce qu'il en était mais je raccrochais.
Sur le chemin du retour c'était le silence d'enterrement. On s'était calmées mais on  ne se parlait pas et chacun est retourné chez elle.
Arrivée chez moi, je trouvais ma famille assise à m'attendre et dès que je les vis, j'ai craqué. Je courrais dans ma chambre pleurant de toutes mes forces. J'étais malheureuse car au fond de moi je ne comprenais pas ce qui nous arrivait. Ma famille est venue me parler pour me répéter que ce n'était pas fini qu'on avait une seconde chance et qu'il fallait que j'accepte la volonté divine. Mais que pouvais-je bien faire pour ne pas avoir mal. Je me calmais au fur et à mesure. Papa est allé à la boutique pour m'acheter une boisson gazeuse ananas et je m'en rappelle comme si c'était hier. Il est venu et m'a dit:
Papa: tiens ma fille bois ça et sèche tes larmes tu as bien bossé mais c'est ça ton sort et tu dois l'accepter.
Je ne disais rien et versais des larmes encore et il continuait
Papa: je suis si fière de toi. Tu es brave et travailleuse et je suis sûre que tu vas réussir.
Il me servait et je buvais en me calmant. Qu'il avait les mots pour me réconforter. Qu'il savait comment s'y prendre pour me remonter le moral.
Ma maman et mes frères en firent de même et j'étais soulagée.
Mes deux copines et moi nous remettions au travail pour pouvoir rattraper les points qu'il nous manquait.
Heureusement on avait toutes les trois réussi et on était tellement heureuse.
Avant même d'arriver chez moi tout le monde savait déjà que j'avais réussi. Ces genres de nouvelles se partagent tellement vite et j'étais étonnée.
Dès que je suis arrivée à la maison, mon grand frère m'a porté sur son épaule. On dirait un lutteur qui a gagné un combat à haute envergure. Tout le monde affichait un sourire grand. Mon papa était fier et je le voyais sur ses yeux. Ça me faisait un bien fou. Ma maman ah cette bonne dame ne cachait pas du tout son bonheur elle faisait des manières tellement rigolo et ça me faisait rire. Elle était contente très contente même. Les voisins faisaient des vas et viens et tout le monde voulait venir me féliciter. On me répétait des xalei bou yarou bi mérité ngeu lou eup li diang wathie rek lagnleu khamei machalah (tu le mérites parce que tu es bien éduquée et tu es sérieuse avec tes études). Les appels téléphoniques aussi ne manquaient pas. Je recevais des félicitations de ma famille à Rufisque, de celle à Saint-Louis, de celle à Touba.... de partout et ça me dépassait. Je ne comprenais pas tout cet engouement pour ma réussite au baccalauréat. Mon papa m'achetait une carte de crédit pour que j'appelle mes amis.
Ma maman m'a confié que mon papa avait versé des larmes quand il a appris la bonne nouvelle et ça m'a fait un baume un coeur.
Je recevais tellement de cadeaux que j'étais la plus comblée. J'avais en tout un téléphone portable, une tablette, un sac gris beaucoup trop mignon, des montres, et une tonne d'habits, de chaussures, de fétiches et de colliers. J'étais super méga gâtée.
Les jours qui ont suivi, j'étais dans un nuage et on aurait dit que je pouvais tenir le ciel par le petit doigt.
Cette fin d'année de 2016 était la meilleure parce que j'avais le bac en poche mais ce bonheur ne dura pas longtemps😥




Alors vos impressions ?

De papa à Ange gardien 😭❤️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant