Le lendemain, qui coïncidait avec un samedi, le corps de papa allait être acheminé vers la sainte ville de Touba à la cimetière *Bakhiya*.
Le jour même de son décès, sa famille est venue de partout. Son grand frère Papa Abdourahmane, son ami, son complice était venu accompagné de sa femme et de son beau fils. Il y'avait sa famille qui habitait à Mbacké, et surtout celle qui résidait toujours à Saint- Louis du sénégal .
Papa était un Saint-Louisien. C'est son travail qui l'a mené jusqu'à Dakar.
J'ai refusé catégoriquement d'aller le voir à la morgue avant que l'on ne l'enterre. Non où aurai-je pu puiser cette force de voir le corps sans vie de mon ami? Comment est-ce que je j'aurais fait pour supporter de lui parler sans qu'il puisse me répondre. Non je ne pouvais pas. Et j'acceptais donc de ne jamais avoir l'occasion de lui faire mes Adieux. J'entends toujours le son de sa voix raisonner dans ma tête. Et cette phrase, la dernière que j'ai pu entendre de sa voix me plonge toujours dans des souvenirs pas des plus beaux. *Vas-y guerrier je vais beaucoup mieux *. J'avais cru en cette phrase. Mais hélas c'était la dernière que j'aurai eu à entendre venant de lui. Ah si j'avais su! Si seulement en ce moment j'avais compris l'essence de cette phrase! Si j'avais deviné alors je serai resté à son chevet jusqu'à son dernier souffle.
Le lendemain s'est fait un long convoi direction Touba. Il le méritait bien. Ses amis, proches, sa famille, ses simples connaissances tous ont jugé nécessaire d'aller l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure.
A leur retour j'avais encore une fois de plus craqué. En ce moment je compris que c'était fini. Que je ne me réveillerais plus jamais dans la même maison que papa. Que je n'allais plus jamais manger dans le même plat que lui. Que je ne me ferai plus jamais des soirées ciné avec lui. Et avec qui ferai-je des jeux de culture générale? Qui est-ce qui allait corriger encore mes copies de devoir en se moquant? Qui est-ce qui va me taquiner all time? Qui?Qui?Qui? Tellement de questions qui me cojitaient l'esprit et auxquelles je n'avais pas de réponses. Je pleurais tellement fort qu'on aurait cru que je venais d'être mise au courant. Je savais que tôt ou tard nos parents partiraient au ciel. Mais je ne pensais pas que ça allait être si tôt. Non je pensais pas que papa serait avec moi jusqu'à ce que je sois beaucoup plus âgée. Ah papa!
Ce qui me fit le plus mal c'était de voir ma maman qui souffrait mais toujours en silence. Ça lui arrivait de craquer devant nous mais c'était très rare parce qu'elle ne voulait pas qu'on souffre encore plus.
Maman c'est ce genre de femme brave. Avec papa c'était des jumeaux on aurait cru. Ils étaient tout le temps ensembles se moquant l'un de l'autre.
Je savais que papa lui manquait atrocement. Je n'oses même pas imaginer la douleur que l'on peut ressentir quand on perd son mari, sa moitié, son âme sœur. Faire avec quelqu'un plus de 20ans de mariage et le voir partir du jour au lendemain sans rien pouvoir y faire,il n'y a rien de plus dur.
En janvier, deux mois après le décès de papa, je m'étais inscrite dans une école de formation en agronomie. Je n'avais pas le cœur aux études. Dans mon fort intérieur je me disais que ce n'était plus la peine que je me batte, que la vie sans mon papa n'en vallait plus la peine. Mais heureusement que mon subconscient m'amenait toujours à la raison. Je compris alors qu'il fallait que je continue à bien bosser parce que papa pourrait être entrain de me regarder depuis le ciel et qu'il fallait que je continue à le rendre fier.
Mon école se trouvait à liberté 6 (Dakar) et ce n'était pas évident que je fasse les allez-retour Dakar-Rufisque tous les jours . Je ne l'ai fait qu'une semaine et j'étais KO. Maman décidait alors que j'allais loger chez sa cousine Alimatou Sall qui habite tout près de l'école.
Un dimanche, je me suis levé assez tôt pour préparer mon sac où j'avais mis mes habits, mes effets personnels et autres. Je devais partir l'aprem pour ne revenir que les week-ends. Moi aller habiter chez une tata qui m'est inconnue?Moi rester des jours sans ma famille biologique. C'était pour moi le coup de grâce. Mais j'acceptais la situation et à l'heure de mon départ tout le monde était triste. Maman et moi avions versé quelques gouttes de larmes. Ensuite mon grand frère me tenait mon sac et m'accompagnait jusqu'à la route nationale.
J'arrivais chez Tata Alimatou vers 19h et j'eus droit à un à accueil chaleureux. Je la connaissais mais pas trop.
Elle fit le présentations. Je me sentais seule et j'attendais que revienne sa fille Bineta Camara que je ne connaissais pas encore mais que j'étais impatiente de rencontrer.
J'ai passé deux belles années dans cette maison. J'avais désormais deux maisons et deux familles. Je m'y sentais comme chez moi. Entre Bineta Camara, Coumba, Nabou, Taty Aly et les deux cadets j'étais tout le temps entrain de rigoler. J'oublias même des fois mon chagrin. Mais les week- end dès que je posais mes pieds chez moi l'absence de papa pesait de plus plus lourd. Je profitais de ma famille qui me manquait et je pleurais en silence dans ma chambre.
Il était devenu presque tabou de parler de papa parce que à chaque fois ça finissait par des pleurs à en plus finir. Donc chacun de nous pleurait dans son coin en silence.
Il m'arrivait de me confier à Bineta Camara même si c'était rare elle avait le don de me faire parler et je pleurais. Elle savait me consoler. Elle avait juste les mots qu'il faut. Avec elle, je pouvais me laisser aller. Je pouvais vider mon sac. Et je me soulageais.
Ça fait aujourd'hui 3ans maintenant que papa nous a quitté. Son absence pèse toujours lourd mais je pense qu'il est temps que je lui envoie la lettre que je lui est écrite. Et chaque mot est un mélange de douleur, de bravoure, de résignation, d'acceptions de la volonté divine, et surtout d'un amour d'une fille pour son papa qui est maintenant son ange.....
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De papa à Ange gardien 😭❤️
De TodoCette histoire est réelle car moi même je l'ai vécu. Aufait ça parle de ma vie en particulier de celle que j'ai avec ma famille mais surtout de la relation que j'entretenais avec mon papa adoré qui nous a quitté à jamais 😥😭... Je l'écris pour vide...